« Nous souhaitons diviser par cinquante les coûts de la technologie RFID », avance Etienne Perret (Grenoble INP)

Récompensé par le prix Espoir de l’Institut Mines-Télécom (IMT) et de l’Académie de sciences le 1er décembre, Etienne Perret développe des capteurs d’identification radiofréquence (RFID) à base d’encre conductrice qui permettent de se passer de puce électronique. L’enseignant-chercheur du Laboratoire de conception et d'intégration des systèmes (LCIS) de Grenoble INP détaille pour Industrie & Technologies les enjeux de ses travaux.

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« Nous souhaitons diviser par cinquante les coûts de la technologie RFID », avance Etienne Perret (Grenoble INP)
Récompensé par le prix Espoir IMT-Académie des sciences, Etienne Perret développe des étiquettes RFID sans puce électronique.

Industrie & Technologies : La technologie sur laquelle vous travaillez est à mi-chemin entre le code à barres et la puce d'identification radiofréquence (RFID). Expliquez-nous ?

Etienne Perret : Il s’agit d’une étiquette à base d’encre conductrice qui permet de faire de la RFID sans puce. Dans sa plus simple version, c’est très proche d'un code à barres, mais avec un aspect métallique, dû à l’encre conductrice, et des géométries de dessins particulières.

Les motifs sont dimensionnés pour être des résonateurs : lorsqu’ils reçoivent un signal radiofréquence à une certaine fréquence très particulière - leur fréquence de résonnance, qui est liée à la géométrie du motif - ils emmagasinent de l'énergie pendant un certain temps et la rediffusent. Le signal est alors lu par un récepteur et cela permet de coder de l’information.

Quel est l’intérêt par rapport au code à barres ou la puce RFID ?

Par rapport au code à barres, nos étiquettes peuvent être lues à travers des objets ou des couches de bois, de papier, du carton ou de plastique par exemple. Cela grâce aux ondes radiofréquences qui traversent ces matériaux, contrairement aux ondes lumineuses nécessaires pour lire les codes à barres. Ces derniers doivent également être bien présentés devant le lecteur, alors que nos étiquettes peuvent être lues quelle que soit leur orientation, à partir du moment où elles sont dans une zone de lecture qui peut aller jusqu’à 50 centimètres.

Par rapport à la puce RFID, se débarrasser de la partie électronique permet d’être beaucoup moins cher. Alors que les puces RFID coûtent généralement entre 5 et 20 centimes, notre objectif est d’être au moins cinquante fois moins cher et de nous rapprocher des coûts des codes à barres. La seule différence que nous aurons avec eux serait le surcoût lié à l'encre conductrice, qui est assez faible.

Les puces RFID peuvent être reprogrammées. Est-ce le cas pour votre technologie ?

Nous y travaillons dans le cadre du projet européen ScattererID. Pour y parvenir, il faut être capable d'imprimer sur les motifs des espèces d’interrupteurs capables de changer les fréquences de résonance. Nous avons réalisé des preuves de concept.

Quelles sont les applications potentielles de votre étiquette RFID sans puce ?

L’application la plus mature aujourd’hui est l’identification là où le code à barres ne donne pas entière satisfaction, dans la grande distribution ou l’industrie. Après, nous envisageons des fonctions plus avancées comme des capteurs de température ou d’humidité.

Une étiquette pourrait également permettre de contrôler un équipement électronique avec lequel elle interagit. Par exemple, si on lui fait faire un mouvement particulier devant le lecteur, cela pourrait déclencher une action spécifique.

Où en êtes-vous au niveau de la commercialisation ?

Nous sommes toujours en phase de développement et en lien avec une entreprise qui nous aide. Mais nous avons l’ambition de pouvoir montrer quelque chose dès l'an prochain, avec un démonstrateur très proche de l’application finale sur l’aspect identification. Nous démarcherons d’autres entreprises à ce moment-là.

Quels sont vos axes de développement principaux dans l’optique de cette commercialisation ?

Nous travaillons toujours sur la technique de fabrication finale des étiquettes pour réduire les coûts. C'est une brique fondamentale. Et nous cherchons également à améliorer la lecture pour qu’elle soit la plus flexible possible dans la zone de lecture, quelle que soit l’orientation de l’étiquette.

Quelles sont les principales difficultés ?

L'étiquette n'est jamais seule. Quand nous récupérons le champ rétro-diffusé, il y a aussi ceux réfléchis par tous les objets environnants. Et le champ qui vient de l'étiquette est souvent très faible par rapport au reste. Par exemple, si je la tiens dans ma main, celle-ci réfléchit bien plus que l'étiquette. Cela s’apparente à du bruit, notamment lorsque l’environnement est inconnu et que les réflexions sont quelconques. Des techniques permettent de récupérer et de traiter les signaux. C’est le gros de notre travail.

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