"Nous devons dès maintenant penser à Ariane 7", encourage le commissaire européen Thierry Breton
Dimanche 28 juin, Thierry Breton a milité pour l'Europe du spatial. Le commissaire européen souhaite accélérer les investissements dans le secteur, notamment dans le domaine des lanceurs avec le développement du successeur d'Ariane 6.
Avec
Mis à jour
29 juin 2020
L'Union européenne va accélérer ses investissements dans les lanceurs, les communications par satellites et l'exploration spatiale pour ne pas se laisser déborder par les ambitions chinoises et américaines, a déclaré dimanche 28 juin Thierry Breton à Reuters. "Nous sommes une puissance spatiale autonome. Et nous allons non seulement le rester, mais nous allons accélérer", s'est engagé le commissaire européen au Marché intérieur, dont les attributions couvrent également le domaine spatial.
Ariane 6, "pas une fin en soi"
Au cours des décennies passées, l'UE a cherché à avoir son propre accès à l'espace, indépendamment des pionniers que sont les États-Unis et la Russie. L'Europe a également développé des programmes au succès parfois méconnu, comme le lanceur Ariane et le système de navigation par satellite Galileo.
VOS INDICES
source
Mais l'émergence aux États-Unis de SpaceX et ses fusées réutilisables ainsi que les progrès de la Chine dans le domaine spatial, dont un premier alunissage sur la face cachée de la Lune, obligent l'UE à accélérer. "SpaceX a redéfini les standards des lanceurs, et c'est pour cela qu'Ariane 6 est une étape nécessaire, c'est une étape qui n'est pas une fin en soi : nous devons dès maintenant penser à Ariane 7 et aux ruptures technologiques à apporter", a souligné Thierry Breton alors qu'Ariane 6 n'a pas encore effectué son vol inaugural. "Ce qui est très important c'est que tout le monde soit conscient que nous avons en Europe toutes les technologies et l'expertise pour le faire", a insisté le commissaire européen.
Pour la première fois de son histoire, l'UE va signer un contrat cadre de 1 milliard d'euros avec Arianespace, avec notamment des commandes garanties afin d'offrir plus de visibilité à l'entreprise. En échange, Bruxelles lui demandera de faire un effort sur l'innovation.
Les nouveaux satellites Galileo déployés en avance
"L'Europe est autonome en ce qui concerne son accès à l'espace et évidemment le restera. C'est un élément essentiel de notre souveraineté", a déclaré Thierry Breton. Galileo est aujourd'hui la pièce maîtresse de cette souveraineté spatiale européenne. Alors que le projet avait suscité des doutes lors de sa conception, certains États membres, Grande-Bretagne en tête, redoutant à l'époque un coûteux doublon du GPS américain, il fait aujourd'hui consensus.
Et Thierry Breton ne veut pas s'arrêter là. "J'ai décidé d'accélérer la mise en oeuvre des satellites de deuxième génération, qui seront les plus modernes du monde", explique-t-il. Le déploiement de ces nouveaux satellites Galileo à propulsion électrique et communicants se fera donc fin 2024, contre 2027 initialement.
Âpres discussions sur le budget
Afin que l'Europe continue de faire la course en tête, Thierry Breton souhaite aussi en faire un centre mondial d'innovation dans le secteur. Il propose la création d'un Fonds spatial européen d'un milliard d'euros capable d'investir rapidement dans les start-up du secteur ainsi que la fondation d'un incubateur européen de l'espace coordonnant tous les efforts existants. Enfin, il propose un programme innovant permettant à des start-up d'accéder gratuitement, à la suite d'une compétition, aux satellites et aux lanceurs afin de tester leurs technologies en orbite.
Tout cela sera possible si les 27, qui négocient âprement le prochain budget européen, soutiennent la proposition de la Commission d'un budget spatial de 16 milliards d'euros. "Nous sommes très près du budget initial qui avait été présenté par la commission précédente. Nous avons encore un petit effort à faire, mais nous y travaillons et j'espère vivement que nous allons y arriver", espère Thierry Breton.
Avec Reuters (Michel Rose ; version française Benoît Van Overstraeten, édité par Gwénaëlle Barzic)
SUR LE MÊME SUJET
- Le gouvernement britannique rachète la pépite du spatial OneWeb en faillite
- [En images] Cet outil des agences spatiales américaine, européenne et japonaise permet d'observer l'évolution des effets du confinement sur la planète
- Airbus décroche un nouveau contrat pour la maintenance des composants européens de l'ISS en 2020
- Le français Earthcube explique la technologie de la future plate-forme européenne de renseignement
2Commentaires
Réagir