"Nous devons avoir une ambition à la hauteur de ce que L’Oréal devra être pour la planète en 2020", selon Alexandra Palt

Suite au nouveau plan RSE annoncé par le PDG de L’Oréal, Alexandra Palt, directrice responsabilité sociétale et environnementale du numéro un mondial des cosmétiques, revient sur les enjeux de ce projet pour 2020. 

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L'Usine Nouvelle - Votre nouveau plan prévoit de diminuer l’empreinte environnementale de votre production de 60% entre 2005 et 2020, contre 50% dans le plan 2005-2015. Vous vous êtes donc laissés plus de temps…

Alexandra Palt - Nous ne nous laissons pas plus de temps en augmentant nos objectifs de 10% ! Comme il s’agit de valeurs absolues en matière d’ émissions de CO2, et que nous allons doubler notre production en 2020 par rapport aux valeurs de 2005, cela fait au total un effort de - 80% ! Les 10% de plus en matière de réduction des déchets et de consommation d’eau sont également très ambitieux, et représentent un vrai challenge.

Les derniers pourcentages seraient-ils les plus difficiles à atteindre ?

Absolument. Quand vous êtes à un haut niveau de pourcentage d’efficacité énergétique, chaque nouveau point est un combat incroyable. C’est énorme d’ajouter 10%.

Mais L’Oréal a pris du retard sur ses objectifs concernant deux de ses trois indicateurs-clé dans la production durable : l’eau et les déchets…

Comme toute entreprise, nous avons dû mettre des priorités. Nous avons mis beaucoup d’énergie sur le CO2, désormais nous mettons l’accent sur l’eau et les déchets. En diminuant l’eau dans nos processus, en recyclant le reste, il y a de fortes probabilités que nous atteignions nos objectifs en 2020. La diminution des déchets de 50% dans un temps relativement court - dix ans - était l’objectif le plus ambitieux. Car c’est extrêmement complexe. Il y a les emballages de nos emballages, la destruction des obsolètes… Nous avons besoin de micro-solutions sur place, cela prend du temps.

N’aviez-vous pas été trop ambitieux dans votre précédent plan ?

Les entreprises doivent se fixer des objectifs qui ne sont pas faciles à atteindre. Si elles ne se montrent pas très ambitieuses, cela ne sera pas le bon mouvement en faveur du développement durable. Nous devons nous dire : "cela va être très difficile, nous ne savons pas si nous allons y arriver", mais avoir une ambition à la hauteur de ce que L’Oréal devra être pour la société, pour la planète en 2020. Je ne sais pas si nous allons tout tenir en 2020 : c’est le propre d’une vision de montrer où nous voulons aller, mais notre panel d’experts pourra observer que nous avons tout fait pour y arriver.

Le panel de consommateurs que vous avez annoncé va-t-il aussi y contribuer ?

Le panel de consommateurs va nous aider à percevoir les messages auxquels le consommateur est sensible, si nos outils sont compris, ce qu’il attend de nous. Il va être incitatif pour influencer nos actions et nous apprendre. Tandis que le panel qui évaluera nos engagements est composé d’experts internationaux indépendants, comme un ancien dirigeant de Greenpeace Chine. Ils se réuniront une fois par an avec Jean-Paul Agon et souhaitent être tenus au courant, car ils ne sont pas là pour faire de la figuration.

Dans vos nouveaux engagements pour 2020, qu’est-ce qui vous semble le plus difficile à tenir ?

Il y a des choses que nous savons comment faire, et d’autres plus complexes comme l’élaboration de l’outil qui permettra d’apporter des informations pertinentes sur le profil environnemental et sociétal de nos nouveaux produits. La difficulté va être de rendre les données également compréhensibles pour le consommateur. Nous l’avions vu avec l’affichage environnemental : les grammes de CO2 ne lui parlent pas… Mais si on ne donne pas cette ambition, le mouvement vers une consommation durable sera trop lent!

Vous avez mis dix-huit mois pour élaborer ce plan. Qui avez-vous consulté ?

Nous nous sommes rendus au Brésil, en Chine, en Inde, en Afrique du Sud, aux Etats-Unis, au Danemark, en France. Avec plusieurs intervenants de L’Oréal (de la recherche, des RH, etc.), nous avons organisé des réunions de quatre heures, réunissant à chaque fois une vingtaine d’ONG : les plus représentatives, comme les grandes ONG environnementales, et des acteurs locaux pour garder le lien avec les problématiques du pays. Car les préoccupations étaient très différentes : en Afrique du Sud, la lutte contre la pauvreté prédomine, tandis qu’en Inde des sujets environnementaux émergent aussi comme les déchets.

Ces discussions ont été très riches, car elles nous ont permis de voir comment nous pouvions prendre des engagements globaux mais adaptables dans chaque pays. Si la diminution de 60% de l’empreinte environnementale des usines est commune à tous, nos filiales vont définir comment elles peuvent atteindre les autres objectifs de manière pertinente en fonction du pays, comme l’accès à l’emploi pour des personnes défavorisées ou l’information des consommateurs.

Aspirez-vous à figurer en tête des classements des entreprises mondiales les plus durables ?

Nous sommes très contents lorsque nous voyons nos efforts récompensés par des classements. Ces reportings donnent un bon aperçu de la réalité, mais pas toute sa complexité. Mon rêve pour 2020 est que nous ayons tellement bien fait notre travail que le consommateur, naturellement critique, ait confiance : qu’il sache qu’il s’agit du meilleur produit pour sa beauté, mais aussi pour le développement durable.

Comment voyez-vous votre rôle en tant que numéro un mondial de la beauté ?

Dans notre plan, nous nous sommes attachés à nous engager sur l’ensemble de notre chaine de valeur, y compris des domaines moins communicables et plus qualitatifs comme la relation aux consommateurs. Je pense qu’à ce niveau, nous sommes parmi les entreprises les plus sérieuses. En tant que leader, nous avons la responsabilité d’essayer d’emmener l’ensemble des sujets plus loin. Malgré la compétition, il y a de nombreux éléments que nous pouvons partager entre entreprises, notamment pour comprendre les attentes du consommateur. Car sinon le mouvement ira trop lentement pour le développement d’une société plus durable.

Propos recueillis par Gaëlle Fleitour

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