"Nous avons pris l'engagement de réduire de 50% l'utilisation des DCP", affirme Amaury Dutreuil de Petit Navire
Face aux accusations de Cash Investigation, qui reproche à l'entreprise française Petit Navire d'avoir recours aux dispositifs de concentration de poisson (DCP), Amaury Dutreuil, le directeur général, défend la stratégie de son entreprise.
L'Usine Nouvelle : Le reportage de Cash Investigation vous accuse d'avoir recours aux dispositifs de concentration des poissons (DCP) pour pêcher. Quelle est votre réponse à ces accusations ?
Amaury Dutreil: D'abord, il faut savoir que nous ne possédons pas de bateau, nous ne passons que par des fournisseurs extérieurs ; nous ciblons essentiellement du thon albacore mature, qui se pêche non pas sous DCP mais sous banc libre. Toutefois, il faut savoir que les dispositifs de concentration de poisson sont une technique de pêche ancestrale. Un simple bout de bois qui flotte dans l'eau peut servir de DCP, le problème est qu'aujourd'hui, il y en a effectivement trop.
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C'est pourquoi, en tant qu'acteur de la filière et ambassadeur sur le marché français, et depuis de nombreuses années, nous sommes engagés dans un processus de durabilité. A ce titre, nous avons travaillé main dans la main avec WWF pour prôner la mise en place de quotas de DCP dans l'Océan indien. On considère généralement que les sociétés françaises utilisent peu de DCP, en moyenne 200 par bateau quand les autres flottes avaient jusqu’à 1500 DCP par bateau. Aujourd'hui, grâce aux règles de la commission de l'océan indien, la limite est de 350 et nous nous en réjouissons. Par ailleurs, nous avons également mis en place un programme d'amélioration de la pêcherie dans cette région pour que cette dernière se mette en conformité avec les règles du MSC.
Vous détaillez des actions menées à l'échelle de la filière, mais de votre côté, quels sont vos engagements ?
Nous avons pris des engagements auprès de Greenpeace pour réduire de 50% l'utilisation des DCP utilisés par nos fournisseurs d'ici à 2020. Par ailleurs, nous travaillons à réduire notre dépendance au thon albacore provenant de l'Océan Indien. Pour cela, nous avons élargi nos approvisionnements pour l'usine des Seychelles en allant vers le Pacifique, l'Atlantique...Cela passe également par le développement de nos offres à base de thon listao et du thon blanc. Notre gamme à base de thon blanc a, par exemple, été multipliée par deux en quatre ans dans notre portefeuille produit. Enfin, nous avons lancé un projet de plus long terme qui vise à transférer l'ensemble de notre gamme "thon au naturel" du thon albacore vers le thon listao.
Vous avez lancé une gamme certifiée "pêche durable". Que répondez vous à ceux qui disent que c'est l'arbre qui cache la foret ?
A terme, tous nos thons seront soit certifiés MSC, soit issus d'un programme d'amélioration des pêcheries (Fishery Improvement Project) dont l'objectif est d'être conforme aux critères MSC. Aujourd'hui, nous sommes à deux tiers de nos approvisionnements. Nous espérons progresser de manière assez forte en 2019 et atteindre l'objectif de 100% dans la foulée. A l'heure actuelle, nous travaillons à la mise en place du FIP de l'Océan Pacifique.
Quels sont les obstacles rencontrés pour la mise en place de ce projet ?
Il y a des enjeux consommateurs très importants car les Français sont très attachés au goût de l'albacore. Jusqu'à présent, nos process ne nous permettaient pas d'avoir un produit équivalent. Aujourd'hui, nous nous approchons de notre but, mais il est encore nécessaire d'éduquer le consommateur à une consommation plus durable.
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