Un petit air de déjà-vu flotte actuellement sur Nortel, déjà passé il y a quelques années par moult restructurations et cessions d'actifs pour relancer sa croissance (dont la vente de ses activités UMTS à Alcatel en 2006). L'équipementier télécoms canadien, qui tablait encore en août sur une légère croissance de ses revenus en 2008, a revu hier ses prévisions de croissance pour son exercice 2008, faisant valoir un
« ralentissement économique durable » amenant les grandes entreprises et les opérateurs à « couper » ou à « différer » leurs investissements. L'annonce d'un chiffre d'affaires en recul de 2 à 4% a immédiatement entraîné un séisme en bourse, se traduisant par une baisse de 51,75% du titre Nortel en une journée.
Désengagement des transmissions optiques
Première conséquence :
« Une analyse détaillée de notre activité est en cours et nous sommes déterminés à réorganiser le groupe pour optimiser sa compétitivité », tente de rassurer Mike Zafirovski, PDG de Nortel, dans un communiqué.
« De plus amples restructurations et mesures de réduction des coûts » sont attendues, ainsi que la cession des activités optiques du groupe (« Metro Ethernet Networks »).
Pourquoi ?
« Cela peut surprendre puisque nous sommes très bien positionnés dans les technologies de transmission optique », a reconnu Michel Clément, le président Europe du Sud et Afrique de Nortel, lors d'une conférence de presse organisée ce matin à Paris.
« Le marché est en consolidation. Nous voulons jouer un rôle positif dans cette consolidation tout en trouvant une capacité financière suffisante pour financer notre croissance sur le marché entreprises », explique-t-il. Il rappelle que le chiffre d'affaires de Nortel dans le domaine des transmissions optiques est d'environ
« 1,5 milliard de dollars », soit
« 12% du chiffre d'affaires », tandis que les systèmes pour entreprises pèsent
« un peu plus d'un quart du chiffre d'affaires », une proportion que le groupe souhaite accroître.
Réduction des coûts
Michel Clément est plus évasif quant aux mesures de réduction des coûts à attendre.
« Mike Zafirovski apportera des informations complémentaires d'ici fin octobre ou début novembre à l'occasion de la publication des résultats du troisième trimestre », signale-t-il. Avant de rappeler certaines mesures qui s'inscrivent
« dans la continuité depuis son arrivée », à savoir la recherche de « systèmes plus automatisés », la
« restructuration des ressources en recherche et en développement » - marquée par l'évolution vers
« un noyau central de recherche fondamentale » - et
« le renforcement des centres de coûts dans les pays à bas coûts » (principalement le Mexique et la Turquie).
Quid de la France ?
Il est encore trop tôt pour présager de l'avenir des activités européennes de Nortel, notamment en France où le groupe emploie environ 800 salariés. L'équipementier est implanté à Châteaufort dans les Yvelines - principalement dans les réseaux GSM (2G) et mobiles ferroviaires GSMR (GSM-Railway) - et à Valbonne dans les Alpes-Maritimes où ses activités sont centrées sur les réseaux locaux (LAN).
Une chose est sûre, le Vieux continent n'est pas épargné par le ralentissement même s'il y est
« plus modéré », confie Michel Clément, précisant que ce ralentissement trouve ses origines dans
« la courbe descendante de l'investissement des opérateurs dans la deuxième génération du GSM » (au profit des réseaux 3G - HSDPA - non couverts par Nortel).
Dans ce contexte, il est donc à souhaiter que les ambitions de Nortel sur le marché hexagonal de la voix entreprises portent leurs fruits. Mais presque tout reste à construire puisque Nortel s'est désengagé en 2001 de Matra Nortel Communications Distribution, un intégrateur de systèmes de communication voix et données adressant les entreprises. « Nous sommes un acteur mondial dans la voix entreprises mais cela n'apparaît pas en France », poursuit Michel Clément.
« La reconstruction doit s'appuyer sur des points suffisamment différenciateurs pour remettre tout le monde à jeu égal au départ », conclut-il.
Christophe Dutheil
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