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Non, l’étude trajectoires électriques 2020-2060 de l’Ademe n'est pas une réponse à des adversaires
Dans un communiqué expliquant ses réserves vis-à-vis d’une étude de l’Ademe, jugée non scientifique, l’Académie des technologies use d’arguments imprécis, voire faux.
Non, l’Ademe ne présente pas son étude "Trajectoires d’évolution du mix électrique 2020-2060" comme une "réponse à ses adversaires", comme l’affirme dans un communiqué le 4 février l’Académie des technologies, une communauté savante indépendante s'intéressant aux meilleurs usages des technologies et établissement public placé sous la tutelle du ministre de la recherche.
Lors de la présentation à la presse de l’étude le 11 décembre, Arnaud Leroy, PDG de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, a simplement indiqué avoir "été attentif(s) aux arguments de nos adversaires", dans la méthode d’élaboration de l’étude. Une précédente enquête sur un mix 100% EnR de 2015 avait en effet été très critiquée.
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Les précautions méthodologiques prises par l’Ademe n’ont semble-t-il pas suffit. Sa réunion de décryptage avec questions-réponses sur l'étude organisée le vendredi 1er février (soit trois jours avant la publication du communiqué) pour les professionnels du secteur, non plus. L’Académie des technologies lui reproche encore un manque de neutralité. Elle considère surtout toujours que l’étude "n’est pas scientifique car on ne peut pas refaire les calculs n’ayant pas accès aux modèles mathématiques d’Artelys (ndr: avec qui l’Ademe a réalisé l’étude), ni aux données précises", explique Yves Bamberger, président du comité des travaux de l'Académie des technologies, et ancien directeur de la recherche et du développement d'EDF, qui raconte avoir pris son double décimètre pour les retrouver sur les graphiques.
Différents scénarios
Pire, parce qu’il reste de l’électricité produite au gaz dans les scénarios de l’Ademe, l’Académie des technologies en déduit que "ses conclusions font courir des risques importants pour l’avenir énergétique de la France" parce qu’elle "ne vise pas en premier lieu à baisser les émissions de CO2", écrit l'Académie dans son communiqué.
Faux, explique David Marchal, directeur adjoint productions et énergies durables à l’Ademe. "S’il reste presque toujours un peu de gaz c’est que l’on a interdit à notre optimiseur de développer de nouvelles centrales fossiles mais que les 5 à 6 GW de centrales gaz existantes pouvaient être conservées et utilisées en pointe, avec une très forte diminution d’utilisation. Ainsi elles peuvent rendre un service de flexibilité important". David Marchal rappelle aussi que les scénarios de l’étude "permettent de diminuer les émissions dans le reste du mix avec de l’hydrogène et du power-to-x et d’éviter jusqu’à 11 Mt d’émissions de CO2 dans le reste du système énergétique".
PÉRIMÈTRE ET HYPOTHÈSES CRITIQUÉS
Purement économique (ce que l’on peut peut-être regretter), l’étude indique un coût du MWh allant de 94 euros à 104 euros, suivant les options retenues. Un écart jugé insuffisant "pour en tirer la moindre conclusion", selon Yves Bamberger. Des conclusions que l’Académie des technologies a d’ailleurs lues peut-être un peu vite.
Non, l’étude ne conclut pas par "en substance d’arrêter les centrales existantes avant leur fin". Elle trace différents scénarios, dont l’un des plus économiques serait certes de pas construire d’autre EPR que Flamanville mais de prolonger "une partie du parc nucléaire historique dans l’objectif de 50 % de nucléaire entre 2030 et 2035, avec une fermeture de 30 % des réacteurs à l’âge de 40 ans, puis à nouveau de 30 % des réacteurs restants à 50 ans sur la période 2030-2044".
La liste des reproches de l’Académie des technologies vis-à-vis de cette étude de l’Ademe est encore longue, les experts critiquant tant le périmètre et les hypothèses. C’est leur droit. Mais commencer par une information fausse nuit à la crédibilité de leur analyse critique, détaillée dans un document de six pages, qui n’était déjà plus accessible au moment de la rédaction de ces lignes.
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