Nestlé se fixe un objectif de marge, accélère ses rachats de titres
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ZURICH/LONDRES (Reuters) - Nestlé, sous la pression de l'investisseur activiste Thirdpoint, a annoncé mardi qu'il se fixait un objectif de marge opérationnelle, inférieur toutefois à celui que s'est donné son concurrent Unilever.
Le groupe suisse, numéro un mondial de l'alimentation, a confirmé vouloir revenir à une croissance organique moyenne à un chiffre d'ici 2020.
"L'entreprise détaillera comment elle atteindra son objectif de croissance organique moyenne à un chiffre d'ici 2020 et annoncera son objectif de réaliser une marge opérationnelle courante récurrente entre 17,5% et 18,5% d'ici 2020", contre 16% en 2016, précise le groupe de Vevey dans un communiqué publié avant la tenue d'une journée investisseurs à Londres.
Les investisseurs attendent du nouvel administrateur délégué Mark Schneider, arrivé en janvier, qu'il apporte la preuve que Nestlé peut améliorer ses performances dans un marché de l'agroalimentaire encombré par les lancements de nouvelles marques et bousculé par les changements d'habitudes de consommation.
L'établissement d'un objectif de marge était l'une des demandes du fonds activiste américain Third Point, qui a révélé en juin avoir pris une participation de plus de 1% dans Nestlé et a exigé du groupe qu'il lance également des rachats d'actions et se sépare d'actifs non stratégiques, notamment sa participation de 23% dans L'Oréal.
"La pression des investisseurs pour un objectif de marge était très forte alors que la menace de Third Point plane. L'objectif ne paraît pas très impressionnant, mais il trace la voie pour l'entreprise, a commenté Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel, ajoutant que son respect dépendrait des fusions et acquisitions et d'éventuelles cessions réalisées par le groupe.
Unilever, qui a repoussé cette année une offre à 143 milliards de dollars (121 milliards d'euros) de Kraft Heinz, s'est fixé un objectif de marge opérationnelle récurrente de 20% à l'horizon 2020.
Nestlé a dit que sa forte génération de cash devrait lui permettre d'accélérer son programme de rachats d'actions pouvant aller jusqu'à 20 milliards de francs suisses (17,4 milliards d'euros) en l'étalant sur trois ans plutôt qu'en le réalisant en 2019 et 2020 comme initialement annoncé en juin.
L'action Nestlé à ouvert en baisse à la Bourse de Zurich et cède 0,32% à 80,80 francs dans les premiers échanges.
Le communiqué ne fait aucune mention de la participation dans L'Oréal.
La disparition la semaine dernière de Liliane Bettencourt, héritière de L'Oréal, a relancé les spéculations sur les relations entre le groupe de cosmétiques et son deuxième actionnaire.
Un pacte d'actionnaires liant la famille Bettencourt, propriétaire de 33% de L'Oréal, et Nestlé empêchait toute prise de contrôle de L'Oréal du vivant de Liliane Bettencourt et dans un délai de six mois après sa disparition.
Le décès de l'héritière du groupe permettra donc à Nestlé, s'il le souhaite, de prendre le contrôle de L'Oréal une fois passé ce délai.
Le suisse est en revanche libre de céder cette part à qui il le souhaite depuis 2014, date de la fin des accords de préemption passés entre les parties.
(Marc Joanny pour la version française, édité par Véronique Tison)