Nestlé et Engie Cofely partenaires dans la petite hydroélectricité au moulin Saulnier
Sur le site de son siège à Noisiel, à l’ancienne chocolaterie Menier, Nestlé France a inauguré le 24 octobre une centrale hydroélectrique de 415 kW. Opérée par Engie Cofely, elle produira l’équivalent du quart de la consommation électrique du site.
Mis à jour
26 octobre 2017
C’est une sorte de résurrection pour le moulin Saulnier, construit en 1871 au cœur de la chocolaterie Menier à Noisiel (Seine-et-Marne), devenue en 1996 le siège social de Nestlé France. Le 24 octobre, a été inaugurée au pied de l’ancien moulin hydraulique qui enjambe la Marne, une petite centrale électrique de 466 kW. Elle produira environ 2300 Mwh par an, soit un quart de la consommation électrique du siège de Nestlé France. Une installation qui permettra au site d’afficher une économie annuelle d’émission de CO2 de190 tonnes.
Pourtant, point d’autoconsommation ici. L’électricité produite sera intégralement injectée dans le réseau d’Enedis. De plus, ce n’est pas Nestlé qui est l’opérateur de cette centrale de petite hydro, mais Engie Cofely. La filiale efficacité énergétique du groupe Engie (ex. GDF-Suez) qui assurait la maintenance de tout le site jusqu’en 2016 (un contrat raflé par Sodexo) est maître d’ouvrage de l’installation hydroélectrique. "Nous disposons d’un bail de construction, c’est-à-dire que nous avons les droits d’utilisation du terrain pendant toute la durée d’utilisation de la turbine", explique Olivier Manteau, directeur de projets réalisations Ile-de-France chez Engie Cofely. La concession est de 20 ans.
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Un projet compliqué à monter
La turbine, une VLH 4000 de la société MJ2 Technologies à La Cavalerie (Aveyron), n’a pas été installée sous le moulin, comme l’étaient les anciennes turbines à siphon. Elle est installée juste au pied du bâtiment classé aux monuments historiques depuis 1992, côté rive droite. "Sur la rive Gauche, il y avait un herbier", explique Olivier Manteau. La turbine est installée sur une chute d’eau de trois mètres au niveau du déversant. Elle laisse passer les poissons. La conception et la réalisation de la centrale ont été confiées à Artelia Hydropower.
Le projet a débuté en 2014. Et il a fallu une collaboration étroite de Nestlé et Engie Cofely avec les différentes administrations concernées pour faire aboutir le projet en trois ans. Car installer une centrale hydroélectrique, même modeste, à cet endroit implique de respecter le code des monuments historiques celui de l’eau, de l’énergie… "Monter le dossier n’a pas été simple", confirme Pierre-Alexandre Teulié, directeur général de Nestlé France. Mais redonner vie au moulin Saunier, probablement le plus beau bâtiment du site, était important pour Nestlé.
"Il faut qu’en 2030 nos activités n’aient plus d’impact sur l’environnement, explique Pierre-Alexandre Teulié. Pour chacun de nos sites, industriels ou tertiaires, nous sommes obligés de réfléchir en fonction de la configuration, des contraintes et des problématiques, propres à chaque site. C'est ce que l’on fait aujourd’hui avec cette turbine, qui se trouve être un investissement industriel lourd accolé à du patrimoine historique, soumis aux réglementations sur l’eau, dans un environnement exceptionnel, où il y a une faune et une flore à protéger et sur lesquels nous avons pris des engagements avec les associations, notamment la Ligue de protection des oiseaux, qui nous suit, à qui nous rendons des comptes en toute transparence." Un héron sur la berge de la rive gauche de la Marne semble venu à point nommé pour confirmer ses dires.
Pas d'autoconsommation
Pourquoi Engie Cofely n’a pas proposé à Nestlé un système d’autoconsommation, comme c’était le cas du temps de la famille Menier, venue de Paris (son atelier était dans le Marais) s’installer ici en 1825 justement pour profiter d’une énergie hydraulique gratuite pour faire tourner ses machines de broyage des cosses de cacao ? Cette énergie mécanique qui avait été transformée en énergie électrique au début du XXe siècle pour pouvoir étendre la production sur le site. "En 2014, au début du projet on ne parlait pas d’autoconsommation", remarque Olivier Manteau. Et aujourd’hui, même si des décrets sont parus, "elle n’est pas favorisée, observe Jean-Pierre Moneger, directeur général d’Engie Cofely. Si on autoconsomme son énergie, il faut avoir des moyens de secours. Pour le bilan financier, il est mieux de revendre l'électricité sur le réseau à un prix régulé et garanti." La centrale hydroélectrique du moulin Saulnier est en tout cas la preuve que la petite hydro peut exister malgré les contraintes réglementaires et sans appels d’offre. Mais avec beaucoup de détermination.
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