Derrière la liesse affichée au Salon de l’Agriculture, les négociations commerciales entre les entreprises de l’agroalimentaire et la grande distribution ont pris fin mercredi 1er mars dans un climat très tendu. Comment en sortir ?
Dans les boxes, les discussions se sont poursuivies tard dans la nuit, débordant même jusqu’à ce mercredi 1er mars. Une fois de plus, la clôture des négociations commerciales annuelles entre les industriels de l’agro-alimentaire et les distributeurs s’est déroulée dans un climat très tendu. Mais qu’elle soit dans le secteur du lait, des huiles, du saumon, ou de la viande, l’industrie ne cache pas son agacement, voire son inquiétude face à la forte volatilité des cours des matières premières qui n'est pas prise en compte, oubliée dans la guerre des prix que se livrent les distributeurs. Alors, comment rééquilibrer le rapport de force ? En écoutant les entreprises au Salon de l’Agriculture, L’Usine Nouvelle a dégagé cinq pistes.
1- Accroître la transparence de toutes parts
Applicable depuis décembre, la loi Sapin 2 exige d’obtenir plus de transparence sur les prix dans l’alimentaire, notamment de la part des industriels quant à la rémunération qui sera octroyée aux producteurs. Or l’industrie n’a pas joué le jeu, accusait récemment le patron de Système U, Serge Papin. Laquelle réplique que ses conditions générales de vente étaient déjà envoyées lors de la publication du texte, et qu’il lui manque encore des précisions sur son application.
source
"Comment identifier la rémunération allouée au producteur lorsqu’on a un mix produits et un mix marchés ?, s’interroge Rachel Blumel, directrice de Coop de France Agroalimentaire. Et un produit à marque, c’est aussi de la R&D, du marketing, des frais logistiques !" Les entreprises appellent donc la grande distribution à jouer, elle aussi, la carte de la transparence sur le prix de vente auprès du consommateur.
2- Des produits avec plus de valeur ajoutée
Chez Coop de France, qui représente toutes les coopératives françaises (détenues par des agriculteurs) et un produit alimentaire sur trois, c’est une déception. Le prix serait le seul sujet abordé par la grande distribution, et non l’innovation du produit ou encore l’amélioration des pratiques environnementales. On incite donc les agriculteurs à "agir plutôt que subir", en allant vers plus de transformation des aliments pour gagner du poids dans la chaîne de valeur et se faire connaître auprès du consommateur.
Une stratégie suivie par Terrena, nouveau propriétaire de la marque de volaille Père Dodu, qui lance aussi pour la première fois ses propres marques en grandes surfaces, comme La Nouvelle Agriculture : 50 références de viandes en produits frais, ou "Sourires de Campagne", sa première marque de boeuf Bio. Chez Paysan Breton, la stratégie est identique : se différencier dans les produits de grande consommation (beurre, fromage à tartiner, crèpes…) pour mieux valoriser le lait issu de ses exploitations.
3- Aller voir ailleurs…
Déçus par leurs relations avec la grande distribution, beaucoup d’industriels se tournent désormais vers d’autres clients : circuits spécialisés, notamment pour ceux qui disposent d’une gamme bio, mais aussi restauration hors domicile. La start-up Ici&Là, avec ses steaks et nuggets de légumes bio, a ainsi reçu un excellent accueil de la restauration collective et notamment d’Elior. Chez Coop de France, des relations sont prises avec les grossistes pour inciter les adhérents à se rapprocher également de ces nouveaux types de clients. Le regroupement de coopératives profite aussi du Salon pour échanger avec l’industrie de l’agroalimentaire, autre client des produits agricoles plus ou moins transformés.
4- Dénoncer les mauvaises pratiques
En janvier dernier, le groupement d’achat de Leclerc était condamné par la Cour de Cassation à rembourser 61,3 millions d’euros à une quarantaine de fournisseurs (Ferrero, Mars, Nestlé, Fleury Michon…), assortie d’une amende de deux millions d’euros, confirmant un jugement de 2015. La raison ? Des remises de fin d’année imposées dans les contrats-cadres des industriels et jugées déséquilibrées par la DGCCRF, qui avaient amené le ministère de l’Economie à l’assigner devant le Tribunal de commerce de Paris. Ce 28 février, c’est le groupe Casino qui s’est retrouvé assigné à son tour.
Pour dénoncer ces pratiques commerciales abusives, l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) a créé son Observatoire des négociations. L’an dernier, il a enregistré plus de 300 plaintes. Chaque dossier est d’abord traité confidentiellement par sa directrice juridique, à laquelle l’enseigne répond généralement, par peur d’impact négatif sur son image si la situation était rendue publique.
5 - Réformer la loi LME
A Coop de France, à l’Ania, tout comme dans les fédérations, on appelle le ou la futur président(e) de la République à réformer d’urgence la loi LME. Accusée, sous couvert de donner du pouvoir d’achat aux Français, d’avoir attisé la guerre des prix entre enseignes. Et, in fine, de casser des filières. Leurs demandes ? Favoriser des contrats de long terme avec la grande distribution, avec des clauses de renégociation en cas d’impact de la volatilité des marchés. Et réussir enfin à faire parler le monde agroalimentaire d’une seule voix.
Gaëlle est rédactrice en chef adjointe du site internet de L'Usine Nouvelle, et cheffe du service web, depuis 2018. Elle avait auparavant suivi les industriels de la pharmacie, des dispositifs médicaux, de la cosmétique et de la chimie, puis ceux de l'agroalimentaire et de l'agrochimie comme cheffe de rubrique pour le magazine et le site depuis 2011. Elle exerçait précédemment pour le magazine économique Option Finance, après avoir effectué des piges pour l’Expansion et travaillé aux Echos, au Monde, à La Croix et à Ouest-France. Elle est titulaire d’un master professionnel de journalisme de l’Institut Français de Presse et diplômée de Sciences-Po Rennes (section économie-finances).
Recevez directement leurs décryptages et analyses dans votre boîte mail:
Votre demande d’inscription a bien été prise en compte.
L'inscription aux newsletters vaut acceptation des Conditions Générales d'Utilisation. Lire la suite
Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes du : Groupe Moniteur Nanterre B 403 080 823, IPD Nanterre 490 727 633, Groupe Industrie Service Info (GISI) Nanterre 442 233 417. Cette société ou toutes sociétés du Groupe Infopro Digital pourront l'utiliser afin de vous proposer pour leur compte ou celui de leurs clients, des produits et/ou services utiles à vos activités professionnelles. Pour exercer vos droits, vous y opposer ou pour en savoir plus : Charte des données personnelles.
Formation
Manager de l'environnement de travail
Paris - 16 mars 2021
Services Généraux
Maîtriser les aspects de sécurité au travail de votre fonction
Trophée
TROPHÉES DES USINES 2021
Live et replay - 27 mai 2021
Gestion industrielle et Production
Déposez votre dossier avant le 5 février pour concourir aux trophées des usines 2021
Formation
Espace de travail et bien-être des salariés
Paris - 01 juin 2021
Services Généraux
Optimiser l’aménagement du bureau