Nano 2022, un modèle de reconquête industrielle pour Bruno le Maire
Le lancement du plan Nano 2022 dans la nanoélectronique ouvre une nouvelle ère de politique industrielle. Bruno le Maire en fait un modèle de reconquête à dupliquer dans les batteries, la voiture à conduite assistée, l’intelligence artificielle… Avec l’ambition de défendre la souveraineté économique et industrielle face aux Etats-Unis et la Chine.
Le ministre de l’Economie et des finances Bruno le Maire a lancé le 15 mars 2019 sur le site de STMicroelectronics à Crolles, près de Grenoble, Nano 2022, le volet français du plan européen PIIEC (projet européen d’intérêt européen commun), le premier du genre en Europe. Les enjeux de ce lancement vont au-delà de la nanoélectronique.
"Ce plan Nano 2022, le quatrième dans la nanoélectronique, est essentiel, a-t-il martelé. C’est une étape historique dans la conquête industrielle française. Nous sommes engagés dans la 4e révolution industrielle. Le défi posé aujourd’hui est de savoir si on peut accomplir cette révolution pour rester une grande puissance industrielle au début du XXIe siècle et une grande puissance économique tout court, car il n’y aura pas de puissance économique sans puissance industrielle. Il y aura des vainqueur et des vaincus. Cela se verra dans 15 ans. Ceux qui seront obligés de tout importer et de dépendre des américains et chinois seront des vaincus de l’histoire. Si l’Europe ne prend pas garde, elle sera vassalisée des économies américaine et chinoise."
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Etape historique
Le plan européen sur la nanoélectronique, monté par la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni, est le premier projet PIIEC. Un nouveau dispositif européen qui étend le soutien public au-delà de la R&D jusqu’à l’industrialisation des produits. "C’est une étape historique et je pèse mes mots, affirme le ministre. En finançant recherche et industrialisation des produits, ce projet marque une rupture culturelle avec la volonté d’aller jusqu’aux débouchés industriels. On veut que chaque euro investi se traduise par le double en résultat. On veut que les résultats se retrouvent dans les objets du quotidien. "
Bruno le Maire veut faire de Nano 2022 un modèle de politique industrielle "offensive" à dupliquer dans d’autres secteurs. "C’est maintenant que notre avenir industriel se joue, martèle-t-il. Il faut avoir une capacité de vision à long terme. Nous pouvons et devons réussir. Nous allons le faire dans les domaines de l’intelligence artificielle, des batteries électriques, de la voiture à conduite assistée, etc. La bataille n’est pas perdue. Nous pouvons gagner celle de l’intelligence artificielle décentralisée, plus prometteuse que l’intelligence artificielle centralisée promue par les géants américains du numérique. Le temps n’est plus aux petites ambitions. Le temps est aux grandes ambitions si on veut réussir. C’est vrai dans l’automobile où il n’y a pas eu de révolution depuis un siècle, dans le spatial, la santé… Nous devons nous donner tous les moyens pour réussir cette révolution. C’est une question de souveraineté, car il n’y aura pas de souveraineté politique sans souveraineté économique et industrielle. Que se passerait il si Américains et Chinois décidaient demain de ne plus nous livrer leurs batteries et composants électroniques clés ? Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre ce risque."
Résister aux géants américains et asiatiques
Le plan européen PIIEC sur la nanoélectronique constitue une première étape dans cette quête de souveraineté. "C’est le premier projet lancé avec la volonté de résister aux géants américains et asiatiques, rappelle Bruno le Maire. On ne compte pas en arrêter là. On un deuxième plan en préparation sur les batteries de voitures électriques de demain avec l’Allemagne et la Pologne. Nous voulons développer une filière complète, depuis les métaux rares avec Eramet jusqu’à la fabrication de batteries, son intégration et le recyclage en Pologne. On va créer une filière technologique de batteries de quatrième génération pour 2022-2023. C’est cohérent avec Nano 2022 puisque l’électronique embarquée et la batterie représentent ensemble 65% de la valeur de la voiture autonome de demain. On ne veut pas laisser cela aux américains et chinois, sinon on n’aura que nos yeux pour pleurer."
Ce projet PIIEC prévoit la création de deux usines de production de batteries, une en Allemagne et une à Angoulême par la société Saft en France, avec la promesse de mobiliser à terme 2 500 personnes sur le site. Il a été notifié à la Commission européenne. Bruno le Maire attend le feu vert de Bruxelles d’ici début avril prochain.
Plan IA dans quelques mois
Un autre projet PIIEC est en préparation sur l’intelligence artificielle avec notamment l’Allemagne. "Nous avons un cap clair et une volonté farouche de développer cette filière, promet Bruno le Maire. Nous espérons en finaliser le montage d’ici quelques mois. Ce que nous voulons, c’est être un continent indépendant et souverain. La France doit montrer le chemin".
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