[Muses industrielles] Ostwald, premier roman de Thomas Flahaut entre fermeture d'usine et accident nucléaire
Entre fermeture d'usine et accident nucléaire, deux frères vagabondent dans l'Est de la France. Tel est l'intrigue d'Ostwald, de Thomas Flahaut. Ce premier roman qui refuse toute forme de spectaculaire, se remarque par la singularité de son écriture.
Voilà un roman avec l'industrie en toile de fond, quelque part dans l'Est de la France. Le narrateur est né à Besançon quand son père travaillait chez Alstom. Et puis Alstom a fermé. La famille s'est disoloquée et a déménagé vers Strasbourg, où les jours s'écoulent sans grand débordément.
Quand aura lieu la catastrophe
C'est la terre qui tremblera provoquant un accident à la centrale de Fessenheim, mettant en mouvement Noël et Félix, les deux frères, bientôt bloqués. D'abord parqués dans un camp pour réugiés, ils s'en évadent et retournent sur leurs pas, découvrant bientôt que "Strasbourg pendant la catastrophe ressemble à Strasbourg pendant les vacances d'été". C'est dire que ce premier roman n'a rien du page turner post-apocalytpique. Ici, tout est atténué, les émotions existent à peine. Le style est minimaliste, comme si dès le début les personnages vivaient au ralenti avant d'être contraints à s'économiser pour survivre.
L'écriture blanche est sûrement ce qui frappe le plus dans ce livre, où rien ne semble distinguer l'avant l'après et le pendant. Comme si la catastrophe avait déjà eu lieu, ou comme si on l'attendait encore. Le jeune Thomas Flahaut réussit à écrire un roman très personnel, poétique, à partir d'un thème qui fait la gloire du cinéma d'action (l'apocalypse et après). Ce n'est pas le moindre mérite de ce court roman. "Tout ce qu'il nous reste à faire, c'est prendre la Golf et rouler dans le silence. Jusqu'à ce que quelque chose arrive, une rencontre, un accident, une panne d'essence. Jusqu'à échouer quelque part." Et c'est ainisi que les hommes vivent...
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