Monte dei Paschi reporte son AG à samedi, la tension monte
par Silvia Aloisi
SIENNE, Italie (Reuters) - La tension au sein de Banca Monte dei Paschi di Siena est montée d'un cran vendredi, plusieurs sources rapportant que le président de la banque, Alessandro Profumo, pourrait démissionner si les actionnaires reportent l'augmentation de capital de trois milliards d'euros qu'il juge vitale et urgente.
La plus vieille banque du monde, qu'une aide publique de 4,1 milliards d'euros a sauvé de la faillite cette année alors que des pertes sur des dérivés amplifiaient l'impact de la crise de la zone euro, doit faire appel aux marchés pour éviter une nationalisation pure et simple.
Alessandro Profumo et l'administrateur délégué, Fabrizio Viola, veulent lancer l'opération dès janvier et une assemblée générale extraordinaire était convoquée ce vendredi pour soumettre ce calendrier aux actionnaires.
Mais ils ont dû reporter l'AG de 24 heures, 49,3% du capital seulement étant représentés à l'ouverture de l'assemblée alors que le quorum était de 50% plus une voix. Pour la nouvelle AG convoquée samedi, le quorum a été abaissé à un tiers des actionnaires.
La direction de Monte Paschi a déjà obtenu d'un pool de banques l'assurance que l'augmentation de capital serait garantie. Mais le premier actionnaire du groupe, une fondation caritative elle-même en situation financière délicate, est déterminée à reporter l'opération à la mi-2014, afin de disposer d'un délai supplémentaire pour vendre ses 33,5%.
Alessandro Profumo arborait un visage fermé en quittant l'assemblée générale avortée vendredi et il n'a fait aucun commentaire.
Plusieurs de ses conseillers et des sources bancaires proches du dossier ont rapporté que le président pourrait démissionner si la fondation votait contre le lancement de l'appel au marché dès janvier, ce qu'il considérerait comme un vote de défiance.
"Il est très contrarié", a dit un conseiller.
De son côté, Antonella Mansi, une femme d'affaires de 39 ans récemment nommée à la tête de la fondation Monte dei Paschi, s'est déclarée sereine. "A demain", a-t-elle simplement déclaré aux journalistes.
Vers 15h20 GMT, le titre Monte Paschi reculait de 2,09% à 0,1731 euro, alors que l'indice regroupant les valeurs bancaires européennes gagnait 0,78%.
UN REPORT COÛTERAIT CHER, DIT LA BANQUE
L'augmentation de capital fait partie d'un plan de restructuration exigé par la Commission européenne en échange de son feu vert à l'aide publique reçue cette année par la banque toscane.
Ce plan prévoit que l'établissement rembourse pour trois milliards d'euros de prêts publics l'an prochain, intérêts compris, afin d'éviter une nationalisation partielle.
Le montant de l'augmentation de capital représente une fois et demi la capitalisation boursière actuelle de Monte Paschi, dont la valorisation a fondu ces dernières années en raison à la fois de la fragilité de son bilan et d'une succession de scandales comptables.
La Fondazione Monte dei Paschi redoute de voir sa participation entièrement diluée si l'augmentation devait avoir lieu dès janvier. Or, sous le coup d'une dette de 340 millions d'euros, l'institution entend vendre tout ou partie de sa participation dans la banque afin d'avoir des liquidités permettant de rembourser ses créanciers.
Il y a deux semaines, la direction de la banque a souligné qu'un report de l'augmentation de capital lui coûterait 120 millions d'euros alors que Monte Paschi devrait connaître en 2013 un troisième résultat net négatif après avoir déjà perdu près de huit milliards d'euros sur les exercices 2011 et 2012.
Comme la Banque centrale européenne (BCE) doit procéder l'année prochaine à un bilan de santé des banques de la zone euro et qu'il n'est pas exclu que cet exercice contraigne plusieurs banques à lever des capitaux frais, les dirigeants de Monte Paschi craignent de se retrouver dans une interminable liste d'attente si l'appel au marché ne se fait pas en janvier.
Aux termes de l'accord passé avec la Commission européenne, Monte Paschi, qui prévoit de supprimer 8.000 postes et de fermer 550 agences, a jusqu'à la fin 2014 pour procéder à l'augmentation de capital.
Benoit Van Overstraeten et Marc Angrand pour le service français, édité par Nicolas Delame