Monte dei Paschi encore plus sur la corde raide après la défaite de Renzi

par Silvia Aloisi
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MILAN (Reuters) - Le cinglant revers subi par le président du Conseil Matteo Renzi à l'occasion du référendum constitutionnel de dimanche en Italie risque de remettre en cause un plan de renflouement de Banca Monte dei Paschi di Siena, la troisième banque du pays.

Ployant sous une montagne de créances douteuses, la banque toscane doit lever cinq milliards d'euros d'ici la fin du mois si elle veut éviter la liquidation mais la démission annoncée de Matteo Renzi fait planer le risque d'élections anticipées.

Les banques d'investissement, qui doivent décider ou non d'apporter leur appui à une augmentation de capital, trancheront dans trois ou quatre jours lorsque la situation politique sera plus claire, ont indiqué lundi des sources proches du dossier.

Elles peuvent, conformément à un arrangement passé avant la souscription, renoncer à soutenir l'opération en cas de conditions de marché défavorables.

Monte dei Paschi, plus mauvaise note des tests de résistance européens pratiqués l'été dernier, comptait s'assurer l'engagement ferme d'un ou plusieurs investisseurs stables et procéder à une augmentation de capital dès mercredi ou jeudi.

Mais la perspective d'une période d'incertitude politique en Italie à la suite du référendum rend les investisseurs nerveux.

"La décision a été pour l'instant suspendue 3-4 jours pour comprendre l'évolution politique", a déclaré une des sources.

Les sources ont ajouté que les investisseurs susceptibles de prendre une participation dans la banque, hormis Qatar Investment Authority (QIA), attendaient de voir comment la situation politique du pays évoluait avant de s'engager.

Les sources avaient indiqué auparavant que QIA pourrait injecter un maximum d'un milliard d'euros dans la banque mais que le fonds voulait d'abord voir le résultat du référendum.

Le conseil d'administration de la banque doit lui se réunir mardi.

Les rendements obligataires italiens sont en nette hausse mais la Bourse de Milan a fini en baisse de 0,21% seulement après avoir sensiblement reculé dans la matinée, les investisseurs redoutant qu'une instabilité de la troisième puissance économique de la zone euro ne soit synonyme d'une nouvelle crise financière, une calamité de plus pour un secteur bancaire italien très fragile. Les autres places boursières européennes ont progressé malgré le résultat du référendum.

Les actions des banques italiennes ont progressivement réduit leurs pertes tout au long de la séance. Monte dei Paschi, qui avait abandonné jusqu'à 10%, ne cédait plus que 4,21% à 18,68 euros en clôture. Intesa Sanpaolo n'a cédé que 1,03% après avoir perdu jusqu'à 5% environ, tandis qu'UniCredit a fini en repli de 3,36% après avoir lâché jusqu'à 6%.

Les banques italiennes ont néanmoins figuré parmi les plus grosses pertes des indices boursiers européens Stoxx 600 et EuroStoxx 50 toute la journée.

ROME POURRAIT BIEN METTRE LA MAIN À LA POCHE

Morgan Stanley estime que la victoire du "non" au référendum fait qu'il sera difficile pour Monte dei Paschi de se trouver un nouvel actionnaire stable. "Si l'on se fonde sur le volume et la valorisation de l'augmentation de capital nécessaire, la difficulté paraît de taille", écrivent les analystes de la banque américaine.

Si l'augmentation de capital de Monte dei Paschi ne se fait pas, il est probable que Rome interviendra financièrement pour lui éviter le pire, de l'avis de banquiers et de responsables européens.

C'est aussi l'avis d'Ewald Nowotny, membre du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE).

"La différence entre l'Italie et d'autres Etats comme l'Allemagne ou l'Autriche c'est qu'en Italie il n'y a pas eu à ce jour d'aide publique significative ou de nationalisation de banques", a-t-il dit. "On ne peut donc pas exclure qu'il soit nécessaire pour l'Etat de prendre des participations (dans des banques) d'une manière ou d'une autre".

Cela impliquerait des pertes pour les créanciers obligataires non prioritaires, conformément aux strictes règles européennes, quelque chose que le gouvernement Renzi a toujours voulu éviter à tout prix.

Même au plus fort de la crise de la dette de la zone euro, l'Italie s'était toujours refusé à mobiliser les deniers publics pour ses banques ou encore à solliciter de l'aide auprès de l'Union européenne (UE) pour les remettre à flot.

Mais elle se retrouve à présent à court de solutions dans le privé pour redonner de l'air à un secteur bancaire qui accumulé 360 milliards d'euros de créances douteuses durant une période de récession sévère.

Le fonds Atlas de 4,25 milliards d'euros, créé en toute hâte cette année pour drainer les fonds privés vers les banques, est lui-même à sec de par la multiplication des appels au secours autour de lui.

Ainsi, deux banques de Vénétie renflouées par le fonds à hauteur de 2,5 milliards d'euros au printemps auront à nouveau besoin bientôt d'une somme équivalente, disent des analystes.

Quatre petits établissements aidés par des banques plus saines l'an dernier ont encore besoin d'argent pour assainir leur bilan.

Enfin, si l'opération Monte dei Paschi tournait court, c'est UniCredit, la première banque italienne par l'actif, qui pourrait se retrouver en difficulté.

UniCredit doit annoncer le 13 décembre un projet d'augmentation de capital qui pourrait atteindre les 13 milliards d'euros et qui serait mis en oeuvre en principe au début de l'an prochain.

(Avec Paola Arosio, Valentina Za et Andrea Mandala, Wilfrid Exbrayat et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison)

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