L'Usine Nouvelle - Quelles sont les dernière nouvelles de Philae ?
Jean-Jacques Dordain - D'après les informations récupérées lundi 17 novembre, dans la matinée, Philae a fonctionné de manière pratiquement parfaite. Nous n'avons pas encore analysé les dernières données mais nous savons que le forage s'est bien passé. Le robot a creusé jusqu'à 23 cm de profondeur, alors que le maximum possible était 25 cm. Nous sommes sûrs que le forage est remonté, que des échantillons ont été récupérés et qu’ils ont été analysés et transmis. Maintenant il faut analyser la somme de données récoltées. On estime qu'environ 90% des objectifs de Philae ont été atteints. Tous les instruments ont fonctionné.
Ses batteries épuisées, y-a-t-il un espoir que le robot reparte ?
Effectivement, nous avons installé des panneaux solaires en espérant pouvoir recharger les batteries. Cela n'a pas pu être possible. Nos ingénieurs espèrent qu'avec le mouvement de la comète qui se rapprochera du soleil, il arrivera un moment où les panneaux solaires de Philae seront éclairés. Et là, nous essayerons de recharger les batteries pour refaire le programme scientifique qui a été déjà été réalisé dans sa globalité. Ce serait génial !
Dans l'état actuel, la mission est-elle terminée ?
Pas du tout. La mission, c'est avant tout Rosetta. Le meilleur est à venir ! Philae n’est là que pour donner la vérité terrain et calibrer les informations qui seront analysées ensuite par la sonde. Rosetta va continuer encore plus d'un an son travail. La partie la plus intéressante surviendra quand la comète se rapprochera encore plus du soleil. Elle va alors "dégazer", c'est à dire qu'elle va transformer une partie de sa structure en gaz qui sera analysé. La plupart des instruments scientifiques sont à bord de Rosetta. Mais encore une fois, le gros intérêt de Philae, c'est que l'on peut comprendre ce que les instruments de la sonde vont mesurer puisqu'on est déjà allé voir sur le terrain.
Quel bilan faites-vous de la mission?
Nous avons fourni les données que les scientifiques pouvaient attendre. Le véritable résultat sera ce qu'ils vont en faire. Nous ne sommes pas partis pour poser un atterrisseur sur une comète et démontrer notre savoir-faire technologique mais pour donner aux scientifiques de quoi faire progresser la connaissance. Le résultat, c'est le progrès de la connaissance.
Qu'avez vous ressenti au moment de l'atterrissage de Philae?
Un mélange de soulagement et d'émotion. Je sais que chaque mission est risquée et je connais toutes les raisons pour lesquelles elles peuvent échouer. Je suis à chaque fois stressé, même pour un lancement d'Ariane 5. Ce que je regrette le plus, c'est que le succès semble facile. Quand on a réussi, cela paraît normal alors que c'est une somme extraordinaire d'expertise, de dévouement et de travail de toutes les équipes.
Propos recueilis par Hassan Meddah
18/11/2014 - 17h16 - ioman2109
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