Mission accomplie pour PBS
Quelque 400 personnes étaient réunies à Lyon, les 22 et 23?mai derniers, pour participer à la manifestation Plant Based Summit (PBS) coorganisée par l’ACDV, association qui représente les acteurs de la chimie du végétal en France, les pôles de compétitivité IAR et Axelera et le groupe InfoPro Digital. Au programme, un examen approfondi des nouveaux développements en vue d’utiliser plus abondamment de la biomasse comme matière première dans l’industrie chimique. Avec l’objectif pour la chimie du végétal d’être reconnue comme une composante clé de la bioéconomie, qui concourt à la lutte contre le changement climatique, au même titre que les secteurs de l’alimentation, du bois construction et énergie, des biocarburants…
Depuis la baisse brutale du prix du pétrole en 2014, la chimie du végétal a retrouvé des couleurs avec plusieurs projets arrivés en phase d’industrialisation. Citons Metabolic Explorer et Afyren, qui sont en passe de construire, leur première usine sur la plateforme de Carling en Moselle. D’autres PME françaises – Greentech, Algaia, Ecoat ou Salveco – sont venues témoigner de leurs innovations et de leur bonne santé. Et les grands industriels de la chimie n’étaient pas en reste, avec la présence remarquée d’Arkema, BASF, Solvay, Total, DSM, Air Liquide via Seppic, Croda… D’ailleurs, l’ACDV a fait ses comptes. Le secteur de la chimie du végétal en France représenterait un chiffre d’affaires de 10?milliards d’euros, en croissance de 6?% par an, employant quelque 100?000 collaborateurs. L’association a aussi fait le buzz en présentant une cartographie de près de 200 usines et laboratoires de R&D. Répartis dans l’Hexagone, ces établissements concourent à la réindustrialisation et donc à la revitalisation économique et sociale des territoires.
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La révolution annoncée, il y a quelques années, n’a cependant pas eu lieu, a fait remarquer Luc Benoit-Cattin, nouveau président de France-Chimie. Néanmoins, des opportunités se dessinent pour la chimie du végétal en raison d’une demande accrue des consommateurs en produits plus durables, d’une réglementation plus exigeante inspirée par ces nouvelles aspirations et par la mise en place dans l’agro-industrie de chaînes de valeur plus intégratives entre alimentaire et non alimentaire à l’échelle des territoires.
On sait depuis la crise de 2014 que la chimie du végétal doit être compétitive pour être pérenne, ce qui a amené de nombreux acteurs à se repositionner. Roquette s’est lancé à fond dans les protéines végétales. Deinove a investi la cosmétique et la pharmacie. Arbiom (ex-Biométhodes) a dans l’idée de nous faire manger du bois… Mais au-delà de ce challenge d’ordre économique, le grand défi à venir pour la chimie du végétal sera d’apporter la preuve indiscutable de sa contribution au développement durable, alors que des exploitations extensives d’huile de palme ou de canne à sucre font planer une menace de déforestation et de perte de biodiversité dans certaines zones du globe. Aussi, Paul-Joël Derian, vice-président innovation et développement durable du groupe agro-industriel Avril, a prôné les circuits courts et un rapprochement tant attendu avec les chimistes pour les initier à la variabilité de la matière végétale et bénéficier en retour de leur expertise sur les marchés d’applications. À noter enfin que l’économie circulaire s’est largement invitée dans les débats, comme l’a constaté François Monnet, président de l’ACDV. «?Arrêtons de demander qui de l’économie circulaire ou du biosourcé est le sujet le plus important?», expliquait en ouverture l’ancien commissaire européen Janez Poto?nik. «?Ils jouent ensemble le même jeu de la durabilité?».