Michèle Pappalardo : "Répondre à la demande des besoins marocains"
À la faveur du déplacement de Nicole Bricq, la ministre française du Commerce extérieur au Maroc, ce jeudi 16 mai, Michèle Pappalardo, nouvelle "fédératrice de l’offre française du mieux vivre en ville" a expliqué à L’Usine Nouvelle la vision française du concept de ville nouvelle.
L’Usine Nouvelle - Vous accompagnez Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur à Casablanca, dans quel contexte s’effectue ce déplacement ?
Michèle Pappalardo - L’objectif de ce déplacement est de rencontrer des conseillers du commerce à l’export. Nicole Bricq doit rencontrer le ministre de l’Habitat de l’urbanisme et de la politique de la ville. Nous allons également assister à la cérémonie de concours Ergapolis qui porte sur le projet de rénovation des abattoirs de Casablanca.
C’est une opération particulière voire même très originale qui a été montée autour des abattoirs de Casablanca pour imaginer comment on pourrait les rénover dans cette dimension ville durable de quartier.
Des abattoirs historiques
Les abattoirs de Casablanca sont situés à l’est de la ville. Ils ont été construits en 1912 par Georges Ernest Desmaret avant d’être modernisés en 1922 par Henri Prost. Ils s’étalent sur plus de 5 hectares. Les bâtiments sont couverts. Une cinquantaine d’étudiants marocains et français ont imaginé des projets de développement dans le cadre du concours "Ergapolis". Les participants devaient imaginer une nouvelle architecture en gardant le cachet architectural d’origine.
Il s’agit en partant d’un quartier qui a une histoire et un potentiel de se demander ce qu’on peut imaginer. Il s’agit de voir comment en partant d’une même situation on peut imaginer des solutions différentes. C’est un travail qui a été fait entre français et marocains. C’est une bonne occasion de jouer ce rôle de fédérateur autour de ce projet.
Vous avez été nommée "fédératrice de l’offre française du mieux vivre en ville", en quoi consiste cette nouvelle fonction ?
La ville n’est pas une notion simple. Cela fait penser à une famille dans le sens où il faut fédérer différents métiers d’urbanisme, de l’architecture ou de la construction et de les faire travailler ensemble. Le mot fédérateur a été bien choisi. La ville est le résultat de toutes ces actions. Ce n’est pas les uns à côté des autres, c’est les uns avec les autres. C’est cette idée que nous essayons de bien faire comprendre, promouvoir et réaliser aussi bien en France qu’à l’export.
Quelle va être votre tâche par rapport aux entreprises marocaines ?
Au-delà de l’implantation qui est déjà réalisée, l’idée est de voir comment répondre à la demande des besoins marocains. Ce sont par exemple des collectivités locales qui veulent construire des quartiers mais qui souhaitent que la construction soit réfléchie en amont de façon à ce que ça corresponde aux thématiques de la ville durable ou de l’éco-quartier. Notre mission est d’arriver à faire travailler ensemble des entreprises françaises de secteurs divers avec des entreprises marocaines.
C’est ce travail spécifique de fédération autour de la ville que nous avons à mener. C’est écouter beaucoup car le demandeur sait souvent ce qu’il veut. Il nous appartient ensuite à nous adapter à la culture, à la géographie, au lieu et au climat pour avoir la même vision de la ville durable. La ville n’est pas juste un endroit à bâtir.
Est-ce que la vision commune va vers l’éco-développement ?
C’est bien de villes durables qu’il s’agit. Il faut expliquer ce concept à la française. Il faut savoir si indépendamment du fait d’avoir des entreprises leaders sur le marché, nous savons faire ce qui est demandé en sachant ce qu’est une ville durable. Ce n’est pas juste les meilleures technologies appliquées à toutes les constructions possibles et imaginables. Il faut que ce soit performant certes mais c’est d’abord une réflexion sur la manière de construire une ville ou un quartier où les gens ont envie de vivre.
Une ville nouvelle doit-elle être vraiment nouvelle ou peut-elle être rebâtie ?
Je pense qu’il faut absolument travailler sur les deux cas. Parfois, il peut être plus difficile de rénover que de partir d’une feuille blanche. Ce qui est plutôt rare en France. Il s’agit de cette capacité d’adaptation et d’évolution qu’à une ville construite d’être reconstruite. Ce sont ces vies successives d’évolution qui font qu’une ville soit agréable à vivre et à visiter. Il ne faut surtout pas partir du principe qu’il faut tout raser pour reconstruire parce qu’il faut penser aux populations. Il faut mettre autant que possible les habitants au cœur du projet. C’est pour eux que ces villes ont été construites.
C’est notre vision de ce que devrait être la ville. Cette vision, il faut la promouvoir et l’adapter aux souhaits des demandeurs. Il faut faire en sorte que l’ensemble soit quelque chose de durable dans le sens ou on consomme moins de ressources et d’énergie. Sur cette base, nous apportons des idées nouvelles et des technologies qui soient partagées avec les entreprises et les collectivités marocaines en restant autour d’une vision globale de la ville. Il faut que nous soyons préparés à des réponses globales.
Propos recueillis par Nasser Djama
SUR LE MÊME SUJET
- Zenata : la ville nouvelle de Casablanca aux ambitions écolos
- La Banque africaine de développement va discuter de la "transformation structurelle de l'Afrique" à Marrakech
- Nicole Bricq au Maroc le 16 mai avec la "ville" durable en vue
- Centrale solaire de Ouarzazate : le saoudien Acwa lance les travaux
- Un choc de simplification au Maroc à 320 millions de dollars
Michèle Pappalardo : "Répondre à la demande des besoins marocains"
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir