Maroc : le fonds souverain de Norvège désinvestit de la société de prospection pétrolière San Leon à propos du Sahara occidental
La petite société de prospection pétrolière irlandaise San Leon ne fait plus partie des entreprises dans lesquelles l'énorme fonds souverain norvégien peut investir. Le comité d'éthique du fonds met directement en cause ses opérations au Sahara occidental, administré par le Maroc mais au statut international encore pendant.
Mis à jour
09 mars 2016
C’est la banque centrale norvégienne qui l’a annoncé ce 4 mars dans un communiqué. Le fonds souverain norvégien Government Pension Fund Global va se défaire de sa participation dans San Leon Energy. En cause, les activités de prospection au Sahara occidental de cette petite société irlandaise d'exploration pétrolière et gazière.
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Territoire « non autonome » selon les Nations Unis, l’essentiel du territoire de l’ex-Sahara espagnol est depuis 1975 administré de facto par le Maroc qui le considère, toutes tendances politiques confondues, comme part entière de son territoire mais est revendiqué par le Front Polisario soutenu par l’Algérie.
Le fonds souverain norvégien alimenté par les importantes royalties sur le pétrole et le gaz du royaume est l’un des plus importants du monde, comptant à lui seul pour environ 1% de la capitalisation boursière globale et avec plus de 755 milliards d'euros d'actifs, soit 1,5 le PIB de la Norvège. Sa politique consiste à n'investir que dans des entreprises qu'il juge éthiques, ce qui l'a déjà conduit à exclure des dizaines de sociétés parmi lesquelles par exemple des fabricants d'armes nucléaires, de mines antipersonnel ou de produits du tabac.
Il passe pour cela en revue régulière au plan de la RSE ses sociétés en portefeuille par l’intermédiaire d’un comité d’éthique indépendant. C’est celui-ci qui a réclamé dans une décision rendue le 21 décembre 2015, le retrait des intérêts norvégiens dans San Leon Energy.
"Le Conseil recommande, l'exclusion de San Leon Energy plc (...) car l'entreprise contribue a des violations sérieuses des normes d'éthique fondamentales à travers l'exploration onshore au Sahara occidental pour le compte des autorités marocaines", indique ce comité dans son rapport. Dans celui-ci, le montant de la participation norvégienne dans San Leon est chiffré à un niveau très faible : 0,43% du capital, à fin 2014.
En association avec l’Office des mines et hydrocarbures (ONHYM), l’entreprise détient plusieurs contrats de concession au Maroc (Tarfaya, Zag, Foum Draa, Sidi Moussa). Les deux partenaires avaient d'aillerus publié en 2015 un déclaration conjoite sur le Sahara disant être conforme aux règles des nations Unies.
La situation au Sahara a créé ces derniers mois à plusieurs reprises des tensions entre le Maroc avec ses partenaires internationaux, notamment avec la Suède ce qui a conduit officieusement au blocage de l’ouverture du premier Ikea du Maroc ou tout récemment à la rupture inédite des relations du royaume avec l’Union européenne à propos d’un important accord agricole annulé par la justice européenne sur ce sujet du Sahara.
La région des "Provinces du sud" qui accueille une mission de l’ONU (Minurso) et où Rabat veut investir massivement est en attente de référendum sur sa situation depuis une vingtaine d’années. Le Maroc propose comme règlement un statut de large autonomie sous souveraineté marocaine, position soutenue par Paris mais rejetée par plusieurs pays africains dont outre l'Algérie, le Nigéria ou l'Afrique du sud.
Pierre-Olivier Rouaud
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