Maroc : le FMI table sur un fort redressement de la croissance à 4,5% en 2017
Après une croissance en berne cette année pour cause de mauvaise saison agricole, le FMI se montre optimiste en 2017 pour le Maroc en pronostiquant une croissance de 4,5%. Il milite pour la poursuite des réformes notamment sur les retraites et les subventions. Par ailleurs, alors que le Maroc veut rendre progressivement convertible sa monnaie, le chef de mission du FMI estime que le dirham est actuellement proche d'une valeur d’équilibre.
En dents de scie. L'économie marocaine va continuer son évolution erratique. Ce sera le cas en 2016 et 2017 prévient le FMI.
Après 4,3% en 2015, "en 2016, la croissance (...) devrait ralentir pour se situer entre 1,5 et 2%, en raison d'une mauvaise campagne céréalière et de la relative faiblesse de l'activité non-agricole", a ainsi lancé jeudi 1er décembre au cours d'une conférence de presse, Nicolas Blancher, chef de la mission de consultation du FMI qui vient d'effectuer un séjour dans le royaume.
L'évolution du PIB repartira nettement à la hausse l'an prochain, selon le FMI qui appelle à la poursuite des réformes.
Ainsi "en 2017, la croissance devrait s'accélérer autour de 4,4% (...) et se stabiliser autour de 4,5% à moyen terme, sur la base des réformes mises en œuvre en cours", a jugé Nicolas Blancher.
Si l'activité de l'économie marocaine se montre si irrégulière c'est qu'elle dépend pour une grande partie d'une agriculture soumise aux variations pluviométriques. En ce sens les fortes pluie des dernières semaines sont plutôt de bonne augure.
Au delà, selon Nicolas Blancher, "les progrès en matière de maîtrise budgétaire et de diversification de l'économie" ont renforcé la résistance de l'économie. Selon le chef de la mission de consultation du FMI, le Maroc a "bénéficié de la poursuite d'une gestion macro-économique prudente et des réformes structurelles". Offrant là un satisfecit au gouvernement sortant (après les élections du 7 octobre) d'Abdelilah Benkirane et au ministre des Finances sortant Mohammed Boussaïd.
Cependant, la vigilance reste de mise. "Il reste beaucoup à faire pour atteindre une croissance plus élevée (...) D'importantes réformes structurelles sont entamées, et il est nécessaire d'en accélérer la mise en œuvre", a estimé Nicolas Blancher pour accroitre les gains de productivité, la création d’emplois, et le potentiel de croissance de l’économie. Parmi les sujets sur la table : les retraites ou encore les subventions aux produits de base. Au rang des priorités aussi : le fonctionnement du marché du travail, le taux d’activité des femmes, le climat des affaires et la qualité du système éducatif.
"Les résultats ne sont pas à la hauteur des moyens engagées"
Selon le chef de mission, "un des constats que l’on fait quand on compare la situation du Maroc avec d’autres pays au niveau du système éducatif, c’est que le Maroc déploie beaucoup d’investissement public dans le secteur mais que les résultats ne sont pas à la hauteur des moyens engagées".
Nicolas Blancher s'est, par ailleurs, félicité que les autorités marocaines n'aient pas eu besoin de se servir de la troisième ligne de précaution et de liquidité (LPL) de 3,47 milliards de dollars ouverte par le FMI en juillet.
Pour rappel, le gouvernement marocain n'a effectivement utilisé aucune des trois LPL qui lui ont été accordées. Celle de 2012 était de 6,21 milliards de dollars alors que la deuxième en 2014, s'élevait à 5 milliards de dollars. Ces dispositifs de réserves sont destinés à être utilisés en cas de coup dur, par exemple une crise de change. Au contraire le Maroc et notamment la banque centrale Bank al-Maghrib envisagent ces toutes prochaines années de rendre graduellement convertible le dirham, ce qui n'est pas le cas actuellement.
Une régime de change plus flexible permettrait au pays d'ajuster si besoin sa compétitivité extérieure plus facilement, selon Nicolas Blancher. Celui-ci estime que le Maroc n'est actuellement pas du tout dans une configuration où il est sous pression. Au contraire le Maroc est en "position de force" de ce point de vue , "Notre analyse est que le dirham est actuellement à une valeur d’équilibre", expliquant par ailleurs que le risque de change du secteur bancaire marocain est faible.
Nicolas Blancher a jugé aussi le "potentiel du Maroc énorme"... sous réserve qu'il puisse s'exprimer, ce qui nécessite la poursuite des réformes. CQFD.
Nasser Djama et Pierre-Olivier Rouaud
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