Maroc : l'offshoring piétine en attendant un plan de relance
Alors que le secteur progresse à deux chiffres au plan mondial, au Maroc l'offshoring a quasiment fait du surplace en 2015 en terme de chiffre d'affaires. Concocté par la profession et le gouvernement, un plan de relance devrait être annoncé dans quelques semaines.
Mais que se passe-t-il au Maroc pour l'offshoring autrement dit l'externalisation des services professionnels? Le secteur en 2015 a progressé d'à peine 1% avec un chiffre d'affaires de 7,5 milliards de dirhams, soit environ 687 millions d'euros (1000 dirhams = 92 euros). C'est ce qui ressort du bilan 2013-2015, publié par l'Office des changes ce mois-ci.
"Nous sommes déçus par ce bilan où l'offshoring ne parvient pas vraiment à décoller. Mais sans être pour autant surpris" déclare à L'Usine NOuvelle Saloua Karkri (photo), présidente de la fédération du secteur, l'Apebi et par ailleurs, directrice générale de GFI Maroc.
"Depuis 2013, ajoute-t-elle nous disons aux pouvoirs publics attention nous sommes de moins en moins compétitifs. Il faut instaurer une cellule de veille offshoring, revoir les coûts… Malheureusement, ces derniers chiffres nous confortent dans notre crainte et montrent que la profession a eu raison de tirer la sonnette d'alarme", note-t-elle.
Par activité, le segment de l'Information technology outsourcing (ITO, gestion des systèmes d'information) résiste. Il réalise le quart de l'activité du secteur en 2015 à 1,9 milliard de dirhams de chiffre d'affaires pour une croissance à peine supérieure à 1%.
Plus problématique, le segment du Business process outsourcing (BPO) des captifs (où "le sous-traitant est une filiale d’une entreprise étrangère") a vu son poids relatif s'effriter en deux ans pour passer de 14,04% du secteur en 2013 à 8,17% en 2015. Son chiffre d'affaires, 609 millions de dirhams en 2015, a plongé de près de 40% sur la période.
"C'est une branche minoritaire mais qui connait une forte croissance mondiale et dont le Maroc ne profite pas. Le BPO se fait notamment sur la comptabilité et des entreprises membres de notre fédération qui n'en faisaient pas commencent à y opérer" relativise Saloua Karkri.
Seul le BPO des outsourceurs (où "le sous-traitant est une société indépendante et pas une filiale") et les centres d'appels ont vu leur chiffre progresser à un rythme moyen de 7% ces trois dernières années.
Le constat global pour Saloua Karkri est simple: "alors que le Maroc avait été sacré en 2012 meilleure destination de l'Offshoring l'European offshoring association (EOA), le marché national souffre d'un manque de compétitivité de ses entreprises et d'une moindre agressivité commerciale"
Pour se relancer les entreprises du secteur placent notamment leurs espoirs dans le futur plan quinquennal de l'offshoring négocié entre l'Etat et la profession, alors que ce secteur est considéré comme un des "métiers mondiaux du Maroc", par les pouvoirs publics.
Les derniers arbitrages doivent être validés par le ministère des finances pour la conclusion d'un contrat dit "Ecosystème offshoring" entre le ministère de l'industrie, l'Apebi et l'Association marocaine des centres de relation client (AMRC).
Il devrait prévoir notamment certaines aides publiques au secteur en contrepartie notamment d'engagement en matière d'emploi.
" Tout devrait être dénoué d'ici la fin de la semaine prochaine", annonce confiante Saloua Karkri..
N.D.
Évolution du secteur de l'Offshoring 2013-2015
Période |
Centres d'appels et BPO des outsourceurs (1) |
ITO (2) |
BPO des Captifs(3) |
Total en millions de dirhams |
2013 |
4 278 |
1 908 |
1 010 |
7 196 |
2014 |
4 499 |
1 972 |
914 |
7 385 |
2015(*) |
4 895 |
1 953 |
609 |
7 457 |
(*) Chiffres provisoires en millions de dirhams. 1 000 dirhams = 92 euros
Source : Office des changes
(1) BPO des Outsourceurs : cette activité porte sur l’externalisation de l’activité, en vue de produire des biens ou services à moindre coût, via un contrat de sous-traitance établi avec un prestataire indépendant étranger (en anglais "offshore outsourcing"). Dans ce cas le sous-traitant est une société indépendante (qui n’est pas une filiale).
(2) BPO des captifs : cette activité porte sur l'externalisation de l’appareil productif, en vue de produire des biens ou services à moindre coût, par l’intermédiaire de filiales implantées via un investissement direct étranger au Maroc (en anglais "captive offshoring"). Dans ce cas le sous-traitant est une filiale d’une entreprise étrangère.
(3) ITO : Information technology outsourcing : porte sur l'externalisation de l'activité de développement de programmes informatiques.
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