Maroc : Ford veut doubler ses achats en 3 ans... en tirant parti des fournisseurs de Renault
En s'appuyant sur un nouveau bureau installé à Tanger, le groupe Ford a annoncé le 26 mai à Casablanca qu’il allait doubler ses achats en provenance du Maroc d’ici 3 ans. Ces équipements seront destinés aux véhicules assemblées dans son usine de Valence, en Espagne. L'impact est chiffré à 6 000 emplois selon les autorités marocaines.
Légère déception dans l’assemblée... Alors que tout le Maroc industriel bruisse des rumeurs d'implantation d'un nouveau constructeur dont PSA ou Ford, ce dernier a révélé ses deux annonces promises depuis quelques jours devant un parterre de journalistes à Casablanca le mardi 26 mai.
Et bien non Ford ne va pas lancer une usine de montage au Maroc mais « nous allons installer un bureau de vente à Casablanca et un bureau d’achat à Tanger. Nous prévoyons de doubler la quantité de pièces achetées au Maroc », a annoncé Kalyana Sivagnanam, directeur pour Ford Moyen-Orient Afrique.
Aucun montant n'a été avancé lors de cette conférence de presse, mais ces achats relèvent de « plusieurs millions de dollars », selon Carlos Moliner, directeur des achats Ford pour l’Afrique du nord en Espagne et futur directeur des achats au bureau de Tanger dont L'Usine Nouvelle avait, voilà un mois, indiqué le lancement..
« Aujourd’hui, nous achetons au Maroc des câblages, des volants, des coiffes des sièges et des joints en plastiques des portes. Nous envisageons d’élargir nos achats à d’autres produits. Nos fournisseurs au Maroc sont Delphi, Lear, Takata et Standard Profil », détaille-t-il.
Le Maroc compte environ 150 usines liées au secteur automobile, soit environ 80 000 emplois, selon l'Amica (Association marocaine pour l'Industrie et le commerce automobile). Et, le secteur en forte croissance depuis l'arrivée de Renault, a réalisé en 2014 un chiffre d'affaires à l'export de 3,7 milliards d'euros. Une grande part des équipementiers et sous-traitants sites sont implantés dans la région de Tanger et dans une moindre mesure à Kenitra et Casablanca.
Ces équipements sont destinés à la Ford Mondeo, au S-Max et au Galaxy montés dans l’usine de Valence en Espagne, dont la proximité géographique avec Tanger explique sans doute le faible intérêt de Ford pour une implantation industrielle directe au Maroc.
Ces dernières années, le constructeur américain a fermé plusieurs sites en Europe dont la production est aujourd’hui reportée sur le site de Valence. Ford mise sur cette usine et a même annoncé début février un investissement de 2,3 milliards d’euros depuis 2011.
6 000 emplois d’ici 3 ans
Même si le ministère de l’Industrie aurait préféré que le Maroc bénéficie de ces restructurations en Europe, il a salué l’annonce de Ford. « Sur les 40 milliards de dirhams exportés par le secteur automobile, un peu plus de la moitié est constituée d’équipements automobile et non pas de voitures assemblées, a rappelé Mamoun Bouhdoud, ministre délégué auprès du ministre de l’Industrie et du Commerce. Le doublement de vos achats devrait permettre de créer l'équivallent de 6 000 emplois d’ici 3 ans ».
Pour rappel, tirées par l'activité de l'usine Renault Nissan de Tanger Melloussa ouverte en février 2012, les exportations depuis les zones d’activité industrielle gérées par l’Agence Spéciale Tanger Méditerranée (TMSA) ont bondi de 40% en 2014.
Depuis 2012, plusieurs dizaines de sous-traitants et équipementiers se sont installés dans la région dont GMD, Snop, Denso, Visteon, Bamesa ou saint gobain. Un panel de fournisseurs à bas coûts voué initialement à Renault auquel il est logique que d'autres constructeurs s'intéressent désormais, c'est même toute la stratégie des professionniels et bien sûr des pouvoirs publics.
De fait l'automobile est au cœur de la stratégie de croissance industrielle du royaume. « Le premier domaine sur lequel nous avons travaillé dans le cadre du Plan d’accélération industrielle [lancé le 2 avril 2014 NDR] est le secteur automobile », rappelle Mamoun Bouhdoud. Il doit permettre de créer 90 000 emplois additionnels d’ici 2020 sur les 500 000 visés sur la totalité du Plan.
« Nous avons identifié très vite 4 écosystèmes : métal-emboutissage, câblage, batterie et habitacle », indique-t-il. Il s’agit de rattacher les petits industriels marocains à la croissance du secteur impulsée par les grandes entreprises étrangères qui sont venues s’installer au Maroc. « Aujourd’hui 220 entreprises travaillent au Maroc dans le secteur automobile et nous voulons augmenter le taux d’intégration [de l'usine Renault actuellement d'environ 40% NDR] de 21 points », révèle le ministre délégué.
Enfin pour Ford, le Maroc (où il est distribuée par le concessionnaire Auto Hall) c'est également une terrain de commercial. La marque américaine a, l'an dernier, progressé de 8,6% à 11 194 unités sur ce marché, modeste, chiffré à 122 081 véhicules neufs. Avec 9,1% des immatriculaiton, Ford reste encore de Dacia (21% du marché) mais talonne le numéro deux Renault (9,4% du marché).
Et au premier trimestre, ses ventes ont encore bondi de 24% alors que le groupe a confirmé que son distributeur Auto Hall allait ouvrir huit points de vente cette année. Quant au nouveau bureau de Casablanca, il va donc servir de base arrière commerciale au groupe américain pour ses opérations commerciales en Afrique du nord.
Julie Chaudier, à Casablanca
La fondation Ford arrive au Maroc
En marge de ses annonces industrielles et commerciales, le groupe Ford a confirmé l'arrivée au Maroc d'une antenne de la Henry Ford Entrepreneurship Academy, vouée à soutenir des entrepreneurs. Son implantation se réalise avec le concours de l’Institut international de l’enseignement supérieur de Rabat et de la Virginia Commonwealth University, située à Richmond aux Etats-Unis.
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