Maroc : Fès s'éclaire au biogaz en valorisant ses déchets

Depuis le 12 juin, la ville marocaine de Fès produit de l'éléctricité à partir d'une centrale électrique au biogaz issue de la valorisation des déchets ménagers de la ville. D'une puissance de 1,12 mégawatt cette centrale couvre déjà le tiers des besoins de la ville. Un projet à plus de 9 millions d'euros piloté par l'américain Ecomed.

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Maroc : Fès s'éclaire au biogaz en valorisant ses déchets
La centrale bioélectrique qui occupe 25 emplois permanents et 10 occasionnels est placée dans une cuvette à l'amont du bassin versant sur une couche d'argile de 80 m de profondeur.

Vive les déchets ménagers ! Située à 180 km à l'est de Rabat, Fès s'éclaire grâce à la valorisation de ses déchets ménagers via une centrale électrique au biogaz produit par le centre d’enfouissement de la municipalité. Cette centrale couvre le tiers des besoins en éclairage public de la ville.

un investissement de 100 millions de dirhams pour la centrale biogaz

Les travaux de la décharge contrôlée intercommunale de Fès ont démarré en 1996. L'attribution du projet à la société américaine Ecomed, spécialisée dans le traitement et la valorisation de déchets solides, a eu lieu en 2001. Sa mise en service est intervenue en 2004.

"Nous avons commencé a utiliser l'énergie produite par le biogaz généré par ces déchets en 2006 pour nos propres besoins, pour une capacité d'un kilowatt", explique Hassan Mouhami, directeur d'Ecomed Fès contacté par L'Usine Nouvelle . "Nous avons lancé la production de l'électricité pour l'éclairage public de Fès le 12 juin 2015", confirme t-il.

Implanté depuis une douzaine d'années au Maroc, Ecomed est un holding de droit marocain créé par deux sociétés américaines Edgeboro International Inc (EII) et Global environmental sustainability Inc (GESI). Aujourd'hui, le groupe traite la moitié des déchets ménagers marocains dans six villes : Fès, Casablanca, Rabat, Mohammedia, Lâayoune et Dakhla.

Résultant d'un partenariat entre la municipalité, le ministère de l'Intérieur et Ecomed, la centrale électrique de biogaz a nécessité un investissement de 100 millions de dirhams (1 000 dirhams = 92 euros).

La réhabilitation du site a notamment nécessité la couverture des déchets, l’installation des ouvrages de collecte, le traitement des lixiviats et l’évacuation des eaux de pluies.

2,7 millions de tonnes de déchets traités depuis 2004

La décharge contrôlée de Fès a enfoui en onze ans 2,7 millions de tonnes d'ordures, ce qui représente 44 mètres cube de déchets enterrés.
Entre 750 et 1 000 tonnes de déchets sont traités chaque jour.
Cette décharge s'étend sur 110 hectares avec 12 777 mètres de canalisations (à raison de 500 dirhams le mètre).
Investissement global : 100 millions de dirhams, dont 26 millions pour les équipements bioélectriques.
Ecomed reçoit 110 millions de dirhams par la commune, soit 40 dirhams la tonne de déchet (contre 150 dirhams dans d'autres décharges).
100 millions de dirhams ont été investi par Ecomed pour la centrale électrique de biogaz.
La production d'électricité permet à l'usine de couvrir ses 800 kilowatts de besoin, l'excédent étant redistribué dans le réseau électrique de Fès.

 

S'étalant sur une superficie de 110 ha, la décharge contrôlée se trouve à 11 km du centre-ville dans la commune d'Ain Bida sur la route de Sidi Hrazem. Le site traite entre 750 tonnes et 1 000 tonnes de déchets ménagers par jour déposés par 100 camions pour une ville comptant 1,2 million habitants.

"Notre usine tourne 24 heures sur 24 pour assurer les 10 heures d'éclairage public et le reste pour les industries et les habitations de la ville", souligne Hassan Mouhami.

La centrale bioélectrique est placée dans une cuvette à l'amont du bassin versant sur une couche d'argile de 80 m de profondeur. Elle emploie 24 salariés permanents et 10 occasionnels.

"Pour assurer le bon fonctionnement du site, Ecomed Fès compte créer des emplois dans la maintenance," prévoit Hassan Mouhami. "Nous recherchons également un électromécanicien et un électricien pour le suivi technique de l'usine bioélectrique." lance t-il.

ecomed fès espère un chiffre d'affaires de 750 000 euros minimum pour 2016

Un réseau de drainage des eaux pluviales formé de conduites perforées en Polyéthylène haute densité (PEHD) et de drains en basalt de 4 km entoure la décharge pour assurer sa protection.

Il est à noter que la filière de prétraitement contient les équipements nécessaires à cette opération composés de souffleurs pour aspirer le biogaz, séchoirs, filtres, échangeurs et séparateurs.

L'usine a une capacité nominale de 5 mégawatts installés en modules de 1 mégawatt chacun au fur et à mesure de la production du biogaz.

D'une capacité de 1,12 mégawatt de puissance électrique sur les 3,5 mégawatts nécessaires à l'éclairage public de Fès, cette usine est amenée à terme, à couvrir la totalité des besoins de la ville.

Utilisant un mode de conversion basé sur des moteurs à gaz à combustion interne et des micro turbines, la centrale électrique comprend outre un premier module de 165 kw pour des besoins internes, un poste électrique de transformation basse et moyenne tension (BT/MT) et un ensemble d'appareils et autres instruments de contrôle, protection et surveillance.

Mésentente
La station électrique de Fès devait faire l'objet d'une cérémonie d'inauguration le 20 juin annulée à cause d'une mésentente entre le maire de la ville, Hamid Chabat, farouche opposant au gouvernement et la ministre de l'Ecologie, Hakima Haite, chacune des parties ayant voulu revendiquer la paternité du projet.

 

Il est à noter que l'énergie électrique produite est intégrée dans le réseau de la régie autonome intercommunale de distribution d'eau et d'électricité de Fès (Radeef). Ce réseau est indépendant des lignes de l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (Onee).

"Grâce à l'autoproduction en électricité, la ville de Fès fait une économie de 40% sur l'éclairage public," assure Hassan Mouhami. Ce système fait de la capitale spirituelle du Maroc la première ville à produire de l'électricité bioélectrique en valorisant ses déchets.

De bonne augure pour le Maroc qui accueillera en 2016 à Marrakech, la 22e conférence de la convention des Nations unies sur les changements climatiques dans le sillage de la conférence de Paris (COP 21) qui aura lieu, elle, à partir du 30 novembre et qui pourrait voir la conclusion du premier accord mondial sur le climat.

D'ici là, prédit le directeur d'Ecomed, "avec un générateur à gaz d'un mégawatt, nous devrions réaliser en 2016 un chiffre d'affaires de 750 000 euros". Il souhaite même pouvoir très vite doubler voire tripler la production d'électricité.

Nasser Djama avec Romain Lambic

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