Marché de la bioanalyse, un secteur dynamique porté par la réglementation

Le cabinet Xerfi a publié une étude sur « Le marché de la bioanalyse - Prévision 2014 et perspectives à moyen terme, analyse du paysage concurrentiel ». Son auteure, Cathy Alegria, chef de projet de Xerfi, détaille les principales conclusions.

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Votre étude fait état d'un marché de la bioanalyse dynamique depuis 2006. Quels sont les moteurs de ce secteur ?

Cathy Alegria : Nous constatons une croissance en moyenne de 6 % par an depuis 2006. Le marché devrait enregistrer une hausse supérieure à 5 % en 2013. Trois secteurs sont concernés par la sous-traitance analytique : la santé avec les tests sur les médicaments, l'agroalimentaire avec les contrôles des denrées alimentaires et l'environnement avec les analyses de pollution de l'air notamment. Les moteurs de ce marché de la sous-traitance analytique reposent sur une externalisation croissante des prestations d'analyse, le durcissement des réglementations et des normes, et la complexification des chaînes de production. En effet, les industriels disposent rarement des moyens techniques et financiers pour faire face à la complexification des opérations d'analyse. Ils ont par ailleurs la nécessité de s'appuyer sur une expertise extérieure et indépendante. De plus, l'évolution des réglementations, notamment avec les affaires telles que le Mediator, a conduit les industriels à intensifier les analyses de produits. Enfin, de plus en plus d'intermédiaires interviennent au cours de la production. Dans ce contexte, les enjeux de qualité, d'étiquetage et de traçabilité des produits deviennent plus prégnants.

Cette croissance va-t-elle se poursuivre ?

C.A. : Pour les années à venir, le marché de la bioanalyse restera en croissance mais celle-ci sera moins dynamique. Nous pronostiquons une croissance moyenne de 3 % par an entre 2014 et 2018. Plusieurs facteurs expliquent cet essoufflement. D'abord, alors que l'externalisation des analyses s'est intensifiée ces dernières années, cette tendance va s'essouffler. Ce moteur de croissance devrait donc être moins puissant à moyen terme. Il faut également parler des prix qui vont continuer à baisser du fait de l'agressivité des politiques tarifaires des grands groupes, ce qui va brider la croissance du chiffre d'affaires. De plus, les laboratoires publics, qui ont beaucoup souffert de la concurrence du privé, devraient légèrement reprendre du poil de la bête. Les laboratoires privés seront ainsi confrontés au léger regain d'activité des laboratoires départementaux d'analyse même si leur poids sur le marché de la bioanalyse restera marginal. En voie de concentration, ceux-ci gagneront en compétitivité.

Comment se dessine le paysage des acteurs de l'analyse en France ?

C.A. : Nous distinguons trois classes d'acteurs. Le marché français compte trois pure players généralistes : Eurofins, Carso et Mérieux Nutri-Sciences. Dans le domaine de la santé, Eurofins détient une part importante du marché. Il y a ensuite une dizaine d'opérateurs « suiveurs ». Ce sont des opérateurs diversifiés. Ils sont généralement positionnés sur un segment de marché mais rarement les trois. Généralement, une société positionnée dans le domaine du médicament fait rarement des analyses pour l'agroalimentaire et l'environnement. Dans cette classe, nous recensons des acteurs comme SGS, Bureau Veritas, Intertek, etc. Enfin, une troisième classe est composée d'une multitude de PME disposant d'un rayonnement local voire régional. Elles sont généralement positionnées sur un seul segment.

Quelles sont les différentes stratégies adoptées par ces différents acteurs ?

C.A. : Deux types de stratégies sont mis en œuvre, selon la taille des sociétés. Pour les grands groupes tels qu'Eurofins et SGS, l'objectif est de se positionner comme l'interlocuteur unique de leurs clients que ce soit en termes de types d'analyses qu'au niveau géographique. Ils tendent donc à développer de nouvelles méthodes analytiques pour satisfaire toutes les demandes et procèdent à des acquisitions pour étoffer leur palette analytique et/ou leur rayonnement géographique. Ils cherchent également à augmenter leurs volumes pour atteindre une taille critique et ainsi réduire les coûts de revient des analyses, gain qu'ils répercutent en partie sur les prix pour leurs clients. Si Eurofins prévoit encore de doubler de taille d'ici 2017, notamment grâce à un volume d'acquisitions compris entre 80 et 120 M€ par an, le rythme des acquisitions orchestrées par les leaders devrait toutefois ralentir à moyen terme face à la raréfaction des cibles potentielles.

Qu'en est-il des PME ?

C.A. : Les petites structures sont souvent mises en difficulté par les stratégies offensives des leaders. Nous constatons que leurs parts de marché diminuent progressivement au profit des leaders. Ces PME ne disposent pas des mêmes capacités d'investissements et d'effets de volumes. Pour gagner des marchés, elles sont contraintes de s'aligner sur les prix ce qui a eu un effet négatif sur leurs marges. Face à cette problématique, elles tendent à développer des services connexes sur lesquels ces PME vont plus marger. Il s'agit notamment de formations, consulting, etc. Les PME investissent également en moyenne 3,5 % de leur chiffre d'affaires chaque année pour développer de nouvelles méthodes analytiques, s'équiper en matériel de pointe et aussi développer des savoir-faire de niche leur permettant de différencier leur offre de celle des grands groupes. Par ailleurs, elles se positionnent parfois en sous-traitants des leaders. Par exemple Eurofins sous-traite environ 5 % de son activité.

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