Malgré la pression sur les prix, Wacker se montre optimiste pour l'avenir
Le groupe allemand sort d'une année difficile, avec une rentabilité très affaiblie par la pression sur les prix dans le polysilicium. Wacker continue pourtant de renforcer ses actifs industriels, notamment aux États-Unis et en Asie, et mise, pour l'année de son centenaire, sur un retour à la croissance.
Certes, Wacker aurait souhaité démarrer l'année de son centenaire auréolé d'un meilleur bilan financier. Mais le chimiste de Munich, fondé en 1914, ne semble pourtant pas très inquiet malgré les revers concédés en 2013. D'ailleurs, 2014 semble se profiler sous un meilleur jour. Le groupe atteste de la reprise de l'ensemble de ses marchés au premier trimestre. Surtout, Wacker a signé un accord hautement stratégique avec le ministère chinois du Commerce relatif aux exportations de polysilicium vers la Chine. Sur le marché saturé du solaire, chahuté par les disputes commerciales continentales et les mesures protectionnistes depuis deux ans, Wacker se voit aujourd'hui garantir un prix minimal de vente, et donc un bénéfice minimal, pour son polysilicium importé sur le territoire chinois. Et les autorités chinoises se sont engagées à ne pas appliquer surtaxe et droit de douanes supplémentaires sur ces importations issues de Wacker. L'accord prendra effet au 1er mai et jusqu'à fin avril 2016. Cette mesure est d'autant plus importante que le groupe a fortement souffert de la pression sur les prix du polysilicium lors des deux derniers exercices. « Initialement le prix du polysilicium avait grimpé en flèche, dépassant même celui de l'argent. Le prix spot a même atteint par le passé près de 100 $ par kilo, mais les prix contrats ont ratiboisé ce chiffre, le prix spot l'an dernier n'évoluant qu'entre 15 et 17 $/kg. Ça fait mal », concède Rudolf Staudigl, président et p-dg de Wacker. Cette pression sur les prix, chiffrée à une perte de 366 millions d'euros sur le total des ventes, plombe le bilan pour 2013. Pour la deuxième année consécutive, le chiffre d'affaires a ainsi reculé. Il accuse un repli de 3%, à 4,48 Mrds €. En revanche, la rentabilité s'est effondrée : l'Ebitda a trébuché de 15%, à 679 M€, sécurisant toutefois une marge d'Ebitda de 15,2%. Le résultat net a de son côté plongé de 95%, à 6 M€ !
« Le chiffre d'affaires devrait progresser d'au moins 5%, l'Ebitda d'au moins 10% en 2014 »
VOS INDICES
source
510 -19.94
Mai 2023
Phosphate diammonique (DAP)
$ USD/tonne
161.5 +0.75
Avril 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.30 − Peintures Industries
Base 100 en 2015
146.8 -4.49
Avril 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
Tous les segments ont souffert de prix en baisse, avant tout pour le polysilicium, mais aussi de taux de change défavorables. Les volumes ont été relativement stables, sauf, paradoxalement, pour le polysilicium, avec un tonnage de ventes de 49 000 tonnes, un record pour Wacker dont les capacités mondiales de production devraient atteindre 72 000 t/an d'ici à 2015 avec la mise en service de l'unité américaine à Charleston, dans le Tennessee. Les divisions chimiques ont, elles, plutôt bien progressé (voir graphique). Côté géographique, prix et taux de change ont aussi joué négativement sur les ventes : -2% en Europe (hors Allemagne) et en Asie (malgré une croissance de 9% des ventes en Chine), -6% en Allemagne, -9% aux Amériques.
Grâce à l'accord avec la Chine et la reprise de tous ses marchés, notamment pour les débouchés dans le solaire et le photovoltaïque, Wacker s'attend à une année 2014 plus digne de son centenaire. Le chiffre d'affaires devrait progresser d'au moins 5%, l'Ebitda d'au moins 10%. Le groupe s'attend à un regain des prix même si l'environnement reste difficile, et à des volumes en hausse, essentiellement en Asie, mais aussi en Amérique du Nord. Wacker compte aussi sur le renforcement de ses actifs industriels. En 2012, il avait injecté 1,1 Mrd € dans le monde, mais deux fois moins l'an dernier, ses projets arrivant à maturité. Sans surprise, ces investissements se concentrent hors Europe. Outre-Atlantique, les extensions à Charleston se finalisent pour le polysilicium, et à l'avenir ce site est appelé à « devenir majeur », assure Rudolf Staudigl, qui évoque la construction probable d'unités de silices pyrogénées. En Asie, qui compte pour 41% des ventes du groupe allemand, Wacker ne cesse de renforcer ses positions, notamment pour ses dispersions polymères, que ce soit en Corée et surtout en Chine.