Macron: La lune de miel se poursuit avec les grands patrons

par Michel Rose, Leigh Thomas et Mathieu Rosemain
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Macron: La lune de miel se poursuit avec les grands patrons
L'élection d'Emmanuel Macron a radicalement modifié l'image de la France à l'étranger et a redonné au pays la confiance qui lui faisait cruellement défaut, ont estimé de grands chefs d'entreprise réunis ce week-end. /Photo prise le 6 juillet 2017/REUTERS/Gonzalo Fuentes

AIX-EN-PROVENCE (Reuters) - L'élection d'Emmanuel Macron a radicalement modifié l'image de la France à l'étranger et a redonné au pays la confiance qui lui faisait cruellement défaut, ont estimé de grands chefs d'entreprise réunis ce week-end pour les Rencontres économiques d'Aix-en-Provence.

Pour l'heure, ils ne tiennent pas rigueur au gouvernement du Premier ministre Edouard Philippe d'avoir reporté certaines mesures fiscales, afin de renouer avec une discipline budgétaire mise à mal depuis de très nombreuses années en France.

"En ce moment, le monde entier admire la France. Il y a un regain de confiance, d'optimisme dans ce pays", a déclaré à des journalistes Patrick Pouyanné, PDG de Total, lors de ce "mini-Davos" français.

"Ce que j'attends de ce gouvernement, c'est qu'il maintienne cette confiance (…), cet optimisme, de façon à ce que justement les Français consomment un peu plus et que les entreprises investissent", a-t-il ajouté.

Même si le gouvernement n'a pour le moment mis en oeuvre aucune mesure économique concrète, il a développé un programme de réformes ambitieux, dont la mesure la plus emblématique et la plus sensible est sans doute celle du code du travail.

"Je trouve que ce nouveau président et son gouvernement font des débuts extrêmement prometteurs", estime également Isabelle Kocher, directrice générale du groupe Engie.

"Ils sont en train de changer l'image de la France à l'étranger. Je le vois partout où je vais. C'est très frappant et cela a été très vite", a-t-elle déclaré à Reuters.

"La France, qui était perçue comme l'homme malade de l'Europe, est devenue le sauveur de l'Europe", déclare de son côté à Reuters un homme politique présent à Aix, membre de plusieurs conseils d'administration de groupes français.

DÉBAT FISCAL

Pour le moment, les chefs d'entreprise préfèrent voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide, avec le report probable de certaines mesures très attendues par le monde des affaires, comme la réforme de l'ISF où la taxe uniforme de 30% sur les revenus du capital.

"Je pense qu'il y a encore des débats sur ce que seront les mesures fiscales du gouvernement et surtout s'il va faire un certain nombre de choses tout de suite ou s'il va attendre parce qu'il n'a pas d'argent", relativise Jean-Frédéric de Leusse, responsable des activités d'UBS en France.

Un participant aux très exclusifs cocktails des Rencontres d'Aix raconte néanmoins que certains PDG n'ont pas hésité à sermonner des conseillers de Bercy sur cette question de la fiscalité.

"On n'a pas besoin d'un plan de 50 milliards, il suffit d'aller chercher l'épargne là où elle se trouve, on n'a pas envie de payer davantage d'impôts plus tard," s'est notamment ému un grand patron, selon le témoin anonyme de la scène.

Dimanche, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, lui-même présent à Aix, s'est dit déterminé à mettre rapidement en oeuvre les réformes fiscales promises par Emmanuel Macron en dépit de contraintes budgétaires.

"Donnons du crédit, et donnons leur un peu de temps. S'il y avait une recette ou une potion magique, elle aurait été mise en œuvre depuis longtemps", observe Patrick Pouyanné.

Même écho du côté du PDG de la compagnie aérienne franco-néerlandaise Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac.

EXIGENCES CONTRADICTOIRES

"Comme tout décisionnaire, le gouvernement doit arbitrer entre des exigences contradictoires et je pense que le fait de respecter un certain nombre de règles au sein de l'Europe, qui nous permettent d'être pris plus au sérieux par nos partenaires est quelque chose d'important", souligne-t-il.

"S'il faut le payer par le fait d'avoir un calendrier qui soit un peu décalé, ça ne me parait pas constituer un inconvénient très important par rapport à l'avantage que ça représente", estime-t-il.

Le soucis affiché par le gouvernement de réduire les déficits publics ne peut que trouver un écho favorable chez un membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) comme Benoît Coeuré.

"L'une des contraintes qui s'impose au gouvernement, c'est de tenir les engagements, notamment dans le domaine budgétaire et notamment le 3%. C'est quelque chose dont nous nous félicitons, aussi pour les conséquences pour le reste de l'Europe", a déclaré Benoît Coeuré lors d'un débat aux Rencontres d'Aix.

"Nous sommes tous pour les baisses d'impôt mais ne résumons pas la réforme à l'attente de baisses d'impôts immédiates et non financées", a souligné pour sa part François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France.

"Nous avons déjà beaucoup payé pour voir ce genre de traites sur l’avenir", a-t-il dit.

(Avec la contribution de Gwénaëlle Barzic, version française Jean-Michel Bélot, édité par Tangi Salaün)

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