LVMH, un paradis artificiel pour les femmes
Recruter beaucoup de femmes n’implique pas forcément de leur donner les clés de l’entreprise, c’est le constat que fait le professeur de management Michel Ferrary (Skema business school) qui a passé au crible les 45 plus grandes entreprises françaises qui publient des données sur leur mixité. Il en ressort que le groupe qui fait rêver toutes les jeunes diplômées, LVMH, est doté du pire indice d’inégalité pour son comité de direction.
Mis à jour
13 février 2015
Aimer les femmes, les habiller, leur vendre des robes, des sacs, des chaussures, LVMH est pour. Le groupe de Bernard Arnault est aussi favorable à l'emploi de talents féminins : il compte une majorité de femmes dans son encadrement. En revanche, pour ce qui est de confier les rênes de l'entreprise de luxe c'est une toute autre histoire. La directrice des ressources humaines, Chantal Gaemperle, est la seule représentante du "sexe faible" parmi les 12 membres du comité exécutif.
Certes LVMH n’est pas la seule parmi les 45 plus grandes entreprises françaises à n’avoir qu’une seule femme à son comité exécutif. 16 n’en comptent même aucune. Mais LVHM est dans une situation particulière car elle ne peut se cacher derrière l'absence d’un vivier de compétences en interne : 62% de ses cadres appartiennent à la gente féminine, le taux le plus élevé de toutes ces grandes entreprises.
Sodexo, championne de l'égalité
Cette situation classe LVMH au pire rang de "l’indice d’inégalité" calculé par le professeur de management Michel Ferrary de la Skema business school dans son observatoire 2015 de la féminisation des entreprises françaises. Cet indice est un ratio comparant lpart des femmes au comité de direction à celle de femmes cadres. "C’est une mesure simple, peut-être simpliste mais qui permet d’isoler un effet plafond de verre. Lorsque l’on a beaucoup de femmes dans son encadrement et peu dans son comité de direction, cela veut dire que l’on a des difficultés à les promouvoir", explique Michel Ferrary.
Tout le contraire d’une entreprise comme Sodexo dont l'indice d’inégalité flirte avec le 1 (meilleur score possible) puisque la féminisation de son comité de direction reflète quasi exactement la féminisation de son encadrement. Pour Michel Ferrary, le plafond de verre observé chez LVMH est dommageable : "C’est une entreprise qui fait rêver toutes les élèves de nos écoles de management. Ils sourcent les meilleurs talents et ils ne les mettent pas aux commandes." Le groupe se défend, arguant que s’il n’a pas féminisé le comité de direction, les femmes représentent en moyenne 38% des comités de directions de ses 65 maisons "Elles représentent 57 % chez Guerlain et 50 % au Bon Marché par exemple", détaille un porte-parole du groupe. En ce qui concerne la maison Louis Vuitton, qui pèse 30% du chiffre d’affaire du groupe, LVMH n’a pas souhaité nous communiquer le nom des personnes qui forment son comité de direction. La seule information publique est son PDG Michaël Burke.
Le concurrent de LVMH, Kering, se présente sous un jour beaucoup plus favorable : la part des femmes dans son comité de direction (30%) est nettement au dessus de la moyenne des grandes entreprises (10,14 %). Preuve que le secteur du luxe n’est pas condamné au machisme. Il se murmure que l’actrice Salma Hayeck, très engagée sur la cause féministe, a convaincu son mari, le PDG de Kering François-Henri Pinault.
Anne-Sophie Bellaiche
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