LVMH achète le joaillier américain Tiffany pour 14,7 milliards d'euros
Avec
\ 10h45
Avec
PARIS (Reuters) - LVMH a annoncé lundi le rachat de Tiffany pour environ 14,7 milliards d'euros (16,2 milliards de dollars), la plus grande acquisition jamais réalisée par le géant français du luxe, qui compte redonner du lustre au célèbre joaillier américain.
Le groupe dirigé par Bernard Arnault va débourser 135 dollars par action en numéraire et prévoit de finaliser l'opération au milieu de l'année 2020.
Alors que LVMH réalise l'essentiel de ses bénéfices dans la mode et les accessoires, cette acquisition doit lui permettre d'étoffer sa division la moins importante, les montres et joaillerie, au sein de laquelle figurent déjà les marques Bulgari et Tag Heuer, et de se développer dans l'un des domaines les plus dynamiques du secteur du luxe actuellement.
"L’acquisition de Tiffany vient renforcer la position de LVMH dans la haute joaillerie et accroître davantage sa présence aux Etats-Unis", déclare le groupe français dans un communiqué. "L’arrivée de Tiffany (...) va donner une nouvelle dimension à l’activité Montres et Joaillerie de LVMH."
L'action LVMH prenait 2,09% à 404,55 euros en milieu de matinée à la Bourse de Paris, l'une des plus fortes hausses du CAC 40 (+0,45%).
Le conseil d'administration de Tiffany recommande à ses actionnaires d'approuver l'opération.
Cité dans le communiqué, le directeur général du joaillier, Alessandro Bogliolo, a déclaré que le rachat par LVMH allait "apporter à la fois un soutien, des moyens et un élan supplémentaires" à Tiffany.
Le prix de 135 dollars par action représente une prime de 7,5% par rapport au cours de clôture du titre Tiffany vendredi à New York et de plus de 50% par rapport au niveau où se trouvait l'action avant que LVMH manifeste publiquement son intérêt.
Fondée à New York en 1837 et rendue célèbre dans le monde entier en 1961 par le film "Breakfast at Tiffany's" ("Diamants sur canapé") avec Audrey Hepburn, la maison Tiffany est connue pour ses diamants et la couleur bleu-vert de ses écrins.
UNE IMAGE DE MARQUE PUISSANTE
La cour de LVMH a duré environ cinq semaines après une première approche à 120 dollars par action en octobre mais le géant du luxe avaient des vues sur Tiffany depuis des années déjà, ont dit des sources proches du dossier.
Le joaillier américain dispose de plus de 300 magasins dans le monde et a réalisé près de la moitié de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis l'an dernier.
Il a peiné à rajeunir sa clientèle ces dernières années et a souffert de la concurrence de marques moins chères comme Pandora et Signet Jewelers.
Il doit en outre subir désormais les conséquences de la guerre commerciale entre Washington et Pékin et s'adapter aux changements de mode de consommation de la clientèle chinoise, qui achète de moins en moins aux Etats-Unis et de plus en plus en Chine.
"Le capital de marque de Tiffany et la puissance de l'image de son emblématique boîte bleue 1837 ont plus de valeur que ne le laissent supposer les données financières actuelles", a écrit Flavio Cereda, analyste de Jefferies, dans une note publiée juste avant la confirmation de la transaction.
"LVMH peut s'appuyer sur ces éléments pour lancer une 'offensive' plus concertée sur le marché des 'millennials' en Asie", a-t-il ajouté.
Les jeunes Chinois sont l'un des moteurs de croissance actuels du secteur du luxe dans le monde.
La croissance de la joaillerie a été en 2018 plus rapide que celle d'autres domaines du luxe, comme la mode, selon le cabinet Bain, qui prévoit une progression des ventes comparables de 7% cette année sur ce marché de 20 milliards de dollars.
Avec Tiffany, LVMH se place en concurrence frontale face au suisse Richemont, qui occupe déjà ce créneau avec Cartier.
Citi et JPMorgan ont agi en tant que conseils financiers de LVMH pour cette opération tandis que Tiffany s'est appuyé sur Centerview Partners et Goldman Sachs.
(Version française Bertrand Boucey, édité par Jean-Michel Bélot)