Lula veut donner à Petrobras les moyens de ses ambitions
«Nous ouvrons l’une des plus grandes page de l’histoire du capitalisme», s’est enthousiasmé le ministre des Finances à Brasilia, Guido Mantega. Effectivement, Petrobras fait la une, ces jours-ci, de la presse économique au Brésil, bien qu’une telle page soit en partie masquée par une catastrophe naturelle survenue dans le Nordeste. (Une trentaine de morts, à la suite d’inondations.) Ce mardi, le conseil d’administration du groupe pétrolier et énergétique, réunie en assemblée générale, devait se pencher sur une augmentation du capital entre 25 et 80 milliards de dollars. «Cela reviendrait à accroître de près de 30 % les finances de Petrobras», résume un observateur, en réalité un diplomate français au Brésil.
EN PLEINE CAMPAGNE ELECTORALE
Lancé dans une vertigineuse fuite en avant, Petrobras doit trouver de quoi alimenter un plan quinquennal d’investissements, sur le territoire national, de 224 milliards de dollars. Si l’on prend en compte les remboursements de la dette accumulée, cela signifie - comme le résume le quotidien Valor – qu’il faut «pomper» sur le marché 96 milliards de dollars d’ici 2014. Comment résoudre une telle équation? La solution repose entre les mains du gouvernement du président Lula, détenant 40 % du capital et 70 % des droits de vote. Or, la voie dans laquelle semble s’engager Brasilia surprend et même déconcerte bien des spécialistes, économistes et hommes politiques, au moment même où la campagne électorale bat son plein. (Scrutin en octobre.) «L’Etat envisage de renforcer son emprise sur Petrobras», poursuit cet observateur sur place. Brasilia pourrait céder cinq milliards de barils, puisés dans les réserves de Petrobras, en échange d’actions de Petrobras.
LES RESERVES POURRAIENT TRIPLER
Ces grandes manœuvres heurtent d’autant plus toute un pan des milieux économiques et politiques que le gouvernement Lula procède, parallèlement, à une recapitalisation d’une banque publique, Banco do Brasil.
En fait, les Brésiliens veulent mieux tirer parti de leurs énormes richesses pétrolières, en partie inexploitées. Estimées à 14 milliards de barils, les réserves actuelles de laFédération brésilienne pourraient tripler, au gré des prospections entreprises au large des cotes, notamment ce point névralgique qu’est devenu l’Etat de Rio de Janeiro. A des profondeurs allant de 3.000 à 6.000 mètres sommeille ce que les Brésiliens appellent, avec une étincelle de fierté dans les yeux, «le pré sal» (le pré sel). Des gisements, à profusion, de pétrole, emprisonnés sous une épaisse armure de sel.
LES PERSPECTIVES DE L'INDUSTRIE EN SONT BOULeVERSEES
Le site d’infos en ligne UOL a donné une idée de cette manne: la production de pétrole dit «pre-sal» devrait atteindre un rythme journalier de 150.000 barils à partir en 2014, alors que la production totale frôlerait 4 millions. En 2020, Petrobras et ses partenaires pourraient extraire environ 1,2 millions de barils dans les régions côtières, la production nationale passant alors à 5,4 millions. Bien entendu, ce ne sont que des projections, mais toujours est-il que les découvertes en matière de prospection accumulées ces dernières années ont bouleversé les perspectives de l’industrie pétrolière au Brésil. Après avoir accédé à l’autosuffisance, ce pays songe à entrer dans le club des principaux exportateurs d’or noir à l’horizon 2030.
RECUL A L'INTERNATIONAL
Ombre à ce brillant tableau: toujours selon Valor, Petrobras semble délaisser son développement à l’international au profit du Brésil-même. Les investissements du pétrolier vert et or dans la trentaine de pays où il évolue (nombre d’entre eux sur le continent africain) sont en net recul : 11,5 milliards seront injectés dans ces lointaines filiales pendant le plan quinquennal en cours, contre 16,8 milliards précédemment. Explications à ce sujet de José Sergio Gabrielli, le président de Petrobras: «Nous préférons donner la priorité aux actions à court terme, celles sur notre propre territoire.»
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