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Loi El Khomri, le Medef pose un ultimatum
Le président du Medef Pierre Gattaz menace de quitter la négociation sur l’assurance chômage et certaines instances paritaires si la version actuelle de la loi El Khomri n’est pas modifiée dans les trois semaines.
Le conseil exécutif du Medef, lundi 18 avril, s’est éternisé en soirée. La ligne de Pierre Gattaz sur la loi El Khomri a été jugée trop conciliante avec le gouvernement, notamment par les Medef territoriaux. S’il critique depuis plusieurs semaines la version 2 de la loi Travail et s’inquiète des amendements parlementaires, le président du Medef n’a encore jamais demandé le retrait de la loi. C’est désormais chose faite. Ou presque. Le Medef laisse une dernière chance au gouvernement et au parlement : "si rien ne bouge dans les trois semaines, nous en tirerons les conséquences", a-t-il déclaré mardi 19 avril, lors de sa conférence de presse mensuelle. Une date, des menaces de représailles, c’est clairement un ultimatum, même si Pierre Gattaz récuse le terme et préfère parler de "mise en garde".
Quelles conséquences en tirera l’organisation patronale ? Une demande "officielle" de retrait du texte, mais aussi un départ du Medef de certaines instances paritaires et surtout de la négociation sur l’assurance chômage, actuellement en cours. Ce sont les partenaires sociaux qui, tous les deux ans, écrivent la convention qui gère les règles de l’indemnisation, définit les droits et devoirs des demandeurs d’emploi, fixe les taux de cotisation. Quitter la négociation reviendrait à refiler l’écriture de ce texte primordial au gouvernement. Ce qui serait une grosse baffe pour le paritarisme et le dialogue social en France.
Retrait du CPA, de la surtaxation des CDD, du mandatement syndical
Très en verve, Pierre Gattaz parle de "politique de gribouilles, de "logique absurde du donnant-donnant", de "grands malades. Une bonne dizaine de fois, il évoque un "délire" ! "Nous avons atteint notre point de rupture !" Des gages donnés à sa base, très remontée, qui préfère pas de loi du tout à cette version 3 du texte.
Dans le collimateur des patrons, trois sujets principaux. Primo, l’obligation de négocier les accords d’entreprise avec des salariés mandatés par des organisations syndicales. "Une mesure idéologique" pour le patronat, "un casus belli absolu", qui suscite surtout des remous dans les petites entreprises, où les employeurs n’ont pas envie de voir rappliquer les syndicats. Le Medef milite pour le droit de conclure des accords avec des salariés élus, même s’ils ne sont mandatés par aucun syndicat.
Deuxième revendication du Medef : retirer carrément le compte personnel d’activité (CPA) de la loi. La multitude d’amendements parlementaires déposés aboutit à "un concours Lépine d’idées saugrenues", regrette Pierre Gattaz, qui demande plus de temps pour définir cet outil auquel il dit adhérer philosophiquement. Enfin, l’annonce que la sur-taxation des CDD, normalement décidée tous les deux ans par les partenaires sociaux dans le cadre de la convention d’assurance chômage, entrerait définitivement dans la loi, a été la goutte d’eau de trop. "Taxer les CDD va créer du chômage ! " lance Pierre Gattaz.
Echec de la méthode Hollande
Dans sa ligne de mire : la CGT et Force ouvrière, attaquées nommément à plusieurs reprises par Pierre Gattaz, qui les accuse de "pratiquer une lutte des classes très politisée". Des partenaires sociaux avec qui il n’a plus envie de négocier, ça se sent. Dans trois semaines, l’Assemblée nationale aura quasi fini d’examiner le texte. Le lundi 9 mai, un nouveau conseil exécutif du Medef décidera définitivement de l’attitude de l’organisation patronale.
Pour François Hollande, cette nouvelle posture extrêmement ferme du Medef signe l’échec de la primauté qu’il a voulu donner au dialogue social pour réformer. Les positions se radicalisent aux deux extrémités : le Medef pose un ultimatum et menace de quitter une négociation paritaire, alors que la CGT, en congrès à Marseille, adopte une ligne dure, contestataire, en rupture avec les tentatives réformistes de ses dirigeants précédents. L'année qui vient sera difficile pour la négociation...
L’organisation patronale, en fait, a l’impression que le gouvernement ne maîtrise plus sa majorité parlementaire qui, livrée à elle-même, donne des gages à sa gauche. C’est un appel à l’autorité qu'a lancé mardi Pierre Gattaz au gouvernement.
Cécile Maillard
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