Les surcapacités automobiles, un dossier pour Bruxelles
Au cœur du salon de Genève, les principaux débats entre constructeurs portaient sur les surcapacités chroniques en Europe. Un problème que les constructeurs refusent de résoudre seuls.
Les surcapacités, un problème récurrent et devenu pesant pour les acteurs de l’automobile. A ce jour, les surcapacités de production en Europe sont estimées à au moins 20% par de nombreux analystes et dirigeants du secteur. Leur concurrence extra-européenne se fait de plus en plus forte, et les constructeurs européens se trouvent affaiblit par ce fléau, qui plombe leurs résultats.
Et les difficultés risquent de s’accentuer largement avec l’accord de libre-échange conclu avec la Corée du Sud et entré en vigueur en juillet dernier. En effet, les ventes des constructeurs sud-coréens ont été dopées. Ils ont exporté 438 767 véhicules vers l'UE en 2011, contre 78 762 importations. De quoi nourrir les inquiétudes de l'ACEA dans la perspective d'accords similaires entre l'Union et l'Inde, le Japon ou le Mercosur.
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Alors, ils veulent réagir. Ils veulent qu’en 2012 ce problème commence à être résolu. Le 7 mars, le président du directoire de PSA, Philippe Varin, a assuré que son groupe soutiendrait une action de l’Union européenne pour résoudre le problème des surcapacités de production.
Et selon lui, les politiques "doivent soutenir l’industrie au moment où il faut qu’elle se restructure". Pour appuyer son argument, il prend notamment l’exemple des Etats-Unis pendant la crise. « Il y a eu un soutien très fort de la part du gouvernement américain », a-t-il relevé.
"Ce n’est pas facile"
Dans un entretien à Reuters, le secrétaire général de l’Association des constructeurs européens automobiles, Ivan Hodac, confie qu’il faut "effectivement une solution à l’échelle de l’Union européenne, mais ce n’est pas facile".
Il explique qu’à Genève, l’ACEA a débattu sur les moyens d’accroître ses actions de lobbying en faveur d’une telle action de soutien aux constructeurs. L’association a fait valoir auprès des commissaires européens concernés l’importance du problème. Des difficultés mises en avant notamment avec l'annonce de l'alliance entre GM et PSA la semaine dernière. Pour Carlos Ghosn, patron de Renault Nissan, les alliances dans l'automobile vont se poursuivre en Europe pour vaincre les problèmes de surcapacités. "Les facteurs qui ont poussé le français Renault et le japonais Nissan à s'allier existent toujours, comme le besoin de partager des frais de développement toujours plus importants, sont toujours présents", a assuré le patron de l'Alliance.
Le président de l’association ACEA, Sergio Marchionne, aussi patron de Fiat et Chrysler, a notamment fait la comparaison avec le secteur sidérurgique. Selon lui, "il faudrait par exemple un assouplissement à l’échelle de l’Union européenne des procédures de licenciement".
Des réticences
Reste que selon plusieurs analystes, une telle stratégie pourrait heurter plus d’un gouvernement, soucieux de préserver l’emploi industriel sur leur territoire. Sans compter que tous les membres de l’ACEA ne sont pas favorables à une stratégie conduisant à contourner le risque de voir les aides à la restructuration considérées comme des aides d’Etat.
Sergio Marchionne doit discuter de futurs accords de libre-échange dans l’automobile lors d’une rencontre avec le commissaire européen au Commerce le 20 mars. La question des surcapacités ne devrait pas manquer d’être évoquée.
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