Les semenciers répondent aux accusations de Cash Investigation
Le business des semenciers était au coeur de l'émission Cash Investigation diffusée ce 18 juin sur France 2. Directement attaqués, les professionnels du secteur n'ont pas attendu longtemps pour répondre aux accusations des journalistes. L'Usine Nouvelle a compilé leurs réactions.
Une fois de plus, l'émission Cash Investigation d'Elise Lucet sur France 2 fait réagir les spécialistes. Le reportage intitulé "Hold up sur nos fruits et nos légumes" s'attaquait cette fois aux semenciers et à leur main mise sur le marché des semences. Ces derniers n'ont pas hésité à répondre, sur les réseaux sociaux ou par communiqués, aux accusations de la chaîne publique.
Les semences hybrides ont envahi le marché
Selon Cash Investigation, les semences hybrides, c'est à dire issue du croisement de deux parents (de la même espèce), choisis pour leurs caractères complémentaires, auraient envahi le marché français.
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Problème: ces plants ne sont pas stables dans le temps et les semences des générations suivantes auront des caractéristiques disparates. Une aubaine pour les semenciers qui revendent ainsi chaque année de nouvelles graines, explique l'équipe de Cash Investigation. Une accusation immédiatement démentie par le GNIS, l'interprofession des semences et des plants:
????????Seulement 38% des 516 #variétés de tomates cultivées en France ???????? sont des #hybrides??https://t.co/igoS1LgVcs
— GNIS (@gnis) 18 juin 2019
Les fruits et légumes n'ont plus de goût
Le GNIS explique également que semence hybride n'est pas irrémédiablement égale à légume sans gout: "l'hybridation n'est qu'une technique" se défend l'interprofession : "Concrètement, on peut trouver des variétés non-hybrides qui ont été sélectionnées prioritairement sur leurs qualités à la conservation et au stockage, au détriment de leur intérêt gustatif et nutritionnel. Inversement, avec l’hybridation, on peut sélectionner des variétés spécifiquement sur ces deux derniers critères."
Même son de cloche chez Limagrain. L'entreprise, directement ciblée par Cash Investigation est revenue sur les accusations de "tomates sans goût". Pour elle, rien à voir avec l'hybridation mais avec la présence du gène LSL (Long Shelf Life) qui permet une meilleure conservation des fruits et légumes dans le temps.
#CashInvestigation Insipide, la tomate éternelle de M. Rabinowitch ????? Le coupable est à chercher du côté du gène LSL ou de "longue conservation". Impactant le goût, il est présent dans moins de 20% de nos 759 variétés de tomates. Car pour nous aussi, le goût est une priorité. pic.twitter.com/ltK7AocmdP
— Limagrain (@Limagrain) 18 juin 2019
La présence du LSL dans les légumes n'est pas la responsabilité des semenciers explique le GNIS. L'interprofession rejette la responsabilité sur les distributeurs qui, selon elle, demandent toujours plus de conservation: "il faut savoir que si la grande distribution demande des légumes qui se conservent longtemps après la récolte, les producteurs se tournent vers les sélectionneurs qui adaptent leurs programmes de recherche à ces attentes".
Les légumes ont perdu leur valeur nutritionnelle
Autre front ouvert par Cash Investigation: les valeurs nutritionnelles des fruits et légumes. L'émission se base sur la table nutritionnelle Ciqual, gérée par l'ANSES, et explique que "les fruits et légumes ont perdu 16% de calcium, 27% de vitamine C et 48% de fer". Un argument de nouveau réfuté par le GNIS. L'interprofession s'appuie sur une étude publiée en 2017 dans le numéro 12 de la Revue de l’Académie d’Agriculture de France N°12 et qui prétend que "la vitamine C, emblématique de la valeur vitaminique des fruits et légumes, n’a pratiquement pas varié au fil du temps, à l’exception d’une diminution de 30 % pour la carotte. Il faut noter que la durée de conservation est le principal facteur de variation de la teneur en cette vitamine. Pour le ?-carotène, précurseur de la vitamine A, aucune diminution importante n’a été observée, sauf des teneurs nettement plus élevées (3 fois plus) dans des variétés actuelles de poireau et de laitue".
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