Les réacteurs nucléaires français présentent une menace réelle d’anomalie générique
L’Autorité de sûreté nucléaire pointe du doigt une corrosion anormale de gaines de combustibles sur 25 réacteurs d’EDF. Ces derniers pourraient être contraints de réduire leur production.
L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) s’inquiète d’une anomalie identifiée sur 25 des 58 réacteurs nucléaires françaises. Révélé par Mediapart et confirmé par l’ASN et EDF, le problème concerne une corrosion excessive sur les gaines de zircaloy - un alliage à base de zirconium - qui accueillent le combustible nucléaire dans les réacteurs.
Depuis son arrivée à la tête du gendarme du nucléaire, il y a un peu plus d’un an, Pierre-Franck Chevet met en garde contre le risque d’un problème générique sur des réacteurs nucléaires français qui pourrait amener à stopper brutalement cinq à dix unités. La France a effectivement un parc nucléaire standardisé. Cela a été un atout pour sa construction et présente un avantage pour sa maintenance. Mais si une anomalie est découverte sur un réacteur, elle peut être retrouvée sur de nombreux autres.
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Restriction d’exploitation
Ce risque n’est plus hypothétique. EDF et le système électrique français pourraient bien en pâtir prochainement. La corrosion constatée pourrait amener l’ASN à imposer une "restriction d’exploitation", afin de limiter le temps d’exposition des gainages et donc l’évolution de la corrosion. De son côté, EDF affirme qu’un programme de remplacement est prévu à partir de 2015. Reste à savoir si l’ASN jugera acceptable d’attendre jusque-là.
Cette anomalie soulève aussi des questions quant au programme de prolongation de la durée de vie des réacteurs de 40 à 60 ans, voulue par EDF. Les réacteurs ont été conçus pour une durée de vie 40 ans. Au-delà, le vieillissement des matériaux pose des questions, en particulier pour les éléments non remplaçables comme la cuve, l’enceinte de béton ou le câblage électrique. L’ASN va se montrer très exigeante pour remplacer tout ce qui peut l’être afin de rapprocher la sûreté des réacteurs anciens au plus près des normes de l’EPR, le réacteur français de 3ème génération.
Ludovic Dupin
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