Les quatre raisons pour lesquelles l’investissement ne sera pas le moteur de la reprise
Pour l’Insee, l’investissement des entreprises françaises a mieux résister que dans d’autres pays européens et ne devrait pas connaître de rattrapage l’an prochain.
L’investissement des entreprises va-t-il progresser en 2014 ? L’Insee s’est intéressé de façon approfondie aux déterminants des projets d’investissement des entreprises françaises. Dans son étude, l’institut de la statistique recense quatre idées reçues sur le sujet. Quatre idées fausses.
Idée fausse # 1 : "Les entreprises françaises n’investissent pas"
Premier constat de l’Insee : l’investissement des entreprises françaises ne se porte pas si mal. Certes, en 2013, les dépenses des entreprises dans ce domaine ont reculé pour la deuxième année consécutive de 1,8 %. Mais rapporté à la valeur ajoutée de l’entreprise, "le taux d’investissement dans l’industrie est encore plus élevé qu’en 2007", estime Cédric Audenis, économiste à l’Insee. Depuis 2000, le taux d’investissement des entreprises est en légère croissance. Au troisième trimestre 2013, celui-ci atteint 17,6 %, un niveau supérieur de plus de 0,5 point à sa moyenne entre 1982 et 2007. L’industrie n’est pas restée à l’écart de ce mouvement. Selon l’Insee, le taux d’investissement du secteur manufacturier a enregistré une hausse de 0,6 point entre 2000 et 2008.
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L’investissement des entreprises a même plutôt mieux résisté en France que dans les autres pays européens. Depuis 2000 et toujours selon l’Insee, le taux d’investissement a reculé entre 2 et 7,5 points en Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni et en Espagne. Il est resté stable en France. "Hors construction, la baisse depuis 2000 est de 1 point en France, contre -2 points en Allemagne et en Espagne et -4 en Grande-Bretagne", souligne l’Insee dans son étude.
Idée fausse # 2 : "Les entreprises investissent pour renouveler leurs machines obsolètes"
En gros, les entreprises continueraient à investir mais pas pour les bonnes raisons, en consacrant l’essentiel de leurs moyens à des renouvellements de machines plus qu’à l’extension de leurs capacités ou à la mise au point de nouveaux produits. Une chose est sûre : la part consacrée par les entreprises au renouvellement de leurs outils augmente et arrive en tête des motivations avancées pour investir. Mais pour l’Insee, le parc machines français n’est pas forcément plus obsolète qu’ailleurs. Pour l’institut de statistique, les dépenses plus importantes consacrées à la modernisation des équipements s’expliqueraient aussi par la place plus importante des investissements en produits informatiques et logiciels, dont la durée de vie excède rarement cinq ans.
Idée fausse # 3 : "L’investissement ne repartira que si le taux d’utilisation des usines augmente"
Pour l’Insee, peu importe que les usines ne tournent pas encore à plein régime. Lors des phases de reprises précédentes, l’investissement est souvent reparti alors que le taux d’utilisation des capacités de production était encore au plus bas. C’est notamment ce qui s’est passé en 2010. Pour les économistes de l’Insee, l’investissement des entreprises serait aussi peu corrélé aux incertitudes qui pèsent sur l’environnement économique, notamment les questions fiscales.
Depuis 2012, le principal frein à l’investissement est à trouver du côté de la demande. "Dans les enquêtes auprès des chefs d’entreprises, ceux-ci indiquent une forte dégradation de la demande alors que les perspectives de profit ou les conditions de financement n’ont pas subi de décrochage", estime Cédric Audenis. A l’inverse, les bonnes conditions de financement pourraient expliquer en partie la meilleure résistance de l’investissement français. Selon l’étude, "la dégradation du taux de marge des entreprises depuis 2007 aurait été compensée par la poursuite de la baisse des coûts de financement".
idée fausse # 4 : "L’investissement sera le vrai moteur de la reprise"
L’Insee n’y croit pas. "Ni moteur, ni freineur", l’investissement des entreprises devrait être "suiveur", en progressant au même rythme que le PIB mais sans lui donner d’impulsion. Même si les chefs d’entreprises anticipaient un recul de 2 % en valeur de leurs projets l’an prochain, l’Insee table sur une reprise modérée de 0,2 % par trimestre en 2014.
Pour justifier son scenario, l’Insee rappelle que l’investissement a rarement redémarré rapidement en France lors des sorties de crise. "L’idée selon laquelle le rebond de l’investissement est en général le moteur des reprises économiques n’est pas vérifiée en France", souligne l’étude d’une dizaine de pages. De plus, contrairement à l’Espagne ou l’Italie, les entreprises françaises n’ont pas accumulé de retard ces dernières années. Résultat : "La résistance relative de l’investissement hors construction ne laisse pas attendre un phénomène de rattrapage particulièrement marqué". Les dépenses d’investissement en produits manufacturés, qui se sont déjà redressées en 2013 devraient croître plus rapidement que celles dans la construction ou les services. L’Insee les prévoit en hausse de 2,4 % jusqu’en juin.
Solène Davesne
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