Les projets s'intensifient au Qatar
Avec l'objectif de plus que doubler ses capacités pétrochimiques d'ici 2020, le Qatar investit et construit à tour de bras. Du développement du complexe d'Al-Sejeel à de possibles extensions à Mesaieed, jusqu'à un potentiel complexe de butadiène, les projets fleurissent et avancent.
En 2020, le Qatar a prévu d'atteindre des capacités chimiques et pétrochimiques installées de 23 millions de tonnes par an. Début 2012, elles s'établissaient à 9,3 Mt/an, et à environ 10 Mt/an début 2013. Le bond de géant qui se profile est destiné à largement diversifier l'économie du pays. Depuis début décembre, des projets en développement ont connu des avancées significatives quand d'autres ont surgi publiquement.
Les avancées se poursuivent ainsi pour le complexe pétrochimique Al-Sejeel. Qatar Petroleum (QP) et Qatar Petrochemical Company (Qapco, détenu à 80 % par Industries Qatar et à 20 % par Total Petrochemicals France) viennent d'attribuer le contrat d'ingénierie d'avant-projet détaillé (FEED) à Tecnimont, filiale du groupe italien Maire Tecnimont. Ce contrat vient s'ajouter aux accords déjà signés ces derniers mois pour les licences technologiques. La signature du contrat a permis de confirmer l'échelle du projet et le calendrier. La mise en service est toujours entrevue pour 2018. Dans la cité industrielle de Ras Laffan, au nord de l'émirat, le complexe Al-Sejeel disposera de capacités totales de 2,2 Mt/an de polymères (voir graphique). Le vapocraqueur sera l'un des plus grands « mixed-feed » au monde, capable d'être alimenté en éthane, butane et naphta. L'implication des deux partenaires n'a pas changé, avec QP impliqué à hauteur de 80 % dans le projet, contre 20 % pour Qapco. Le développement d'Al Sejeel à Ras Laffan suit de près celui du complexe Al-Karaana, qui réunit QP et Shell. Le contrat FEED avait été attribué en début d'année à Fluor pour ce complexe d'éthylène, de mono-éthylène glycol, d'alpha-oléfines linéaires et d'alcools oxo qui pourrait entrer en service en 2017.
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Plus au sud du pays, à Mesaieed, Qapco pourrait aussi augmenter ses capacités d'éthylène. Mi-décembre, la presse qatarie rapportait qu'un investissement de 1,2 milliard de riyals qataris (environ 240 M€) était envisagé pour ajouter une troisième unité de vapocraquage sur le site. Les capacités actuelles, d'un total de 800 000 t/an pourraient être passées à un total de 1,2 Mt/an à l'horizon 2016. Cette extension serait menée par Qapco en compagnie de QP, et servirait potentiellement à alimenter une unité additionnelle de polyéthylène à Mesaieed sur le site de Qatofin, coentreprise entre Qapco (63 %), Total (36 %) et QP (1 %). Ce projet est en revanche encore à un stade de réflexion et n'est pas encore acté a affirmé Industries Qatar.
Un complexe de butadiène et d'élastomères à Ras Laffan
Soucieuse de développer aussi ses productions en aval, l'industrie chimique qatarie se lance enfin dans un projet inédit. QP a signé, début décembre, un protocole d'accord avec les groupes japonais Mitsui et Co et Zeon pour l'établissement d'un complexe d'extraction de butadiène et d'élastomères à Ras Laffan. L'envergure du projet n'est pas encore définie, si ce n'est que le complexe serait de « taille mondiale ». Les partenaires se sont pour l'heure engagés à mener une étude de faisabilité. Le complexe serait alimenté par les futurs complexes Al-Sejeel et Al-Karaana, ainsi que par le vapocraqueur en activité de Ras Laffan Olefins Company (RLOC). Le butadiène extrait par le futur complexe serait transformé en caoutchouc styrène-butadiène (SBR) et en caoutchouc polybutadiène (PBR).