Les professionnels du pétrole et du raffinage dressent leur panorama

Le jeudi 11 février, une centaine de professionnels des secteurs du pétrole et du raffinage se sont réunis à l'occasion du traditionnel panorama annuel de l'IFP Énergies nouvelles (IFPEN). Au programme, le bilan 2015 du secteur pétrolier et des débats sur les innovations, les perspectives ainsi que sur les apports et les contraintes de l'industrie du raffinage dans la transition énergétique.

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Comme à l'accoutumée, l'IFPEN a ouvert l'année 2016 avec son traditionnel panorama de l'année écoulée. Premier à prendre la parole, Didier Houssin, le président de l'institut, a fait le point sur la situation actuelle du secteur pétrolier et sur ses perspectives. Il a fait le constat qu'en janvier 2016, le cours du baril de pétrole a tourné autour de 30 dollars, alors que le prix moyen du baril constaté sur l'ensemble de l'année 2015 était de 52 dollars avec un pic à 64 dollars au printemps avant que le prix ne cesse de baisser. Pour un pays comme la France, c'est une bonne nouvelle pour sa facture énergétique qui a diminué de 10 milliards d'euros en 2014 puis de 15 Mrds € en 2015.

Selon l'IFPEN, l'une des principales raisons à ce phénomène de baisse des prix est la signature d'un accord sur le nucléaire par l'Iran, qui pourrait voir son embargo levé progressivement, rendant possible l'export de son pétrole. L'autre raison réside dans la volonté de réduire les excédents de production en favorisant la demande par une baisse des prix. La demande a d'ailleurs continué d'augmenter, avec +1,7 million de barils par jour en 2015 dont +1,3 million pour les pays hors OCDE. L'IFPEN a constaté que les pays de l'OPEP ont vu leur production augmenter en 2015 de +1,2 million de barils par jour pour un potentiel de +12 millions d'ici à 2040.

Nathalie Alazard-Toux, directeur Économie et Veille à l'IFPEN, s'est ensuite attardée sur les conséquences en matière d'investissements. En ce qui concerne l'exploration-production, elle a expliqué que 2015 a marqué « la fin d'un cycle haussier entamé en 2010 ». En effet, le nombre de forages a fortement diminué en 2015, notamment du côté des entreprises indépendantes (-34 %), cette baisse étant moins importante pour les entreprises majeures (-15 %) et nationales (-11 %). L'Amérique du Nord et l'Europe sont les régions dans lesquelles les investissements ont connu la plus forte baisse (-35 et -34 %) pour une moyenne globale de -21 %. En parallèle, le nombre de découvertes de sources pétrolières et gazières en 2015 (130) s'est révélé moins important que les années précédentes (moyenne de 200 découvertes par an).

L'IFPEN a par ailleurs évalué le montant global des opérations de fusions et d'acquisitions à 360 milliards de dollars en 2015, au même niveau que l'exercice précédent. L'Institut a notamment fait référence aux rapprochements d'envergure : de Shell et BG pour 80,7 milliards de dollars et Schlumberger et Cameron pour 14,8 milliards de dollars.

Pour les années à venir, l'environnement reste rempli d'incertitudes pour l'ensemble du secteur pétrolier. Une chose est sûre, la baisse du prix du pétrole est désormais interprétée comme un signal de crise et il est important que le marché retrouve une certaine stabilité. Le seul point positif, qui ressort de l'année 2015, est la tenue de la COP21. Même si elle n'a pas réussi à aboutir à des engagements contraints, cette conférence internationale a engagé une nouvelle dynamique en faveur de la transition énergétique pour faire face à des enjeux environnementaux.

Des raffineries plus « vertueuses »

Pour assurer cette transition énergétique tout en préservant une certaine santé économique du secteur pétrolier, les professionnels misent sur le secteur du raffinage. Jean Sentenac, le président d'Axens, entreprise spécialisée dans le bail de licences, le développement de catalyseurs et dans les absorbants, a souligné une amélioration de la qualité des carburants actuels par rapport aux années 1980. Il a notamment mis en avant plusieurs avancées technologiques qui ont contribué, selon lui, à l'évolution de la qualité des carburants : amélioration du design des moteurs, apparition des pots catalytiques ou encore désulfuration des essences. Selon lui, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué pour s'élever à 50 milliards de tonnes rejetés en 2014. L'un des principaux enjeux pour les années à venir est le développement d'une nouvelle génération de biocarburants pour accompagner ceux qui existent déjà aujourd'hui. Selon Jean Sentenac, la consommation de ce carburant alternatif et plus respectueux de l'environnement devrait être de 4 millions de barils par jour d'ici 2035. Pour lui, les raffineries doivent améliorer leur efficacité énergétique par des innovations technologiques avec un défi de -45 % sur la consommation d'énergie. Il constate que cet objectif est davantage réalisable avec la construction de nouvelles raffineries que par la rénovation des plus anciennes installations, dont la complexité structurelle les rendent plus énergivores. Il faut, selon lui, que le secteur du raffinage diminue aussi sa consommation de matières premières, notamment par le biais de catalyseurs de raffinage qui permettent d'améliorer les rendements et les sélectivités de réactions.

Michel Charton, directeur Raffinage-Chimie de base Europe chez Total, a enfin expliqué que le secteur du raffinage doit faire des investissements sur le long terme. Après avoir détaillé les différents scénarios établis sur le réchauffement climatique dans les années à venir, il a expliqué que « quel que soit le scénario, le monde aura besoin de toutes les énergies », qu'elles soient d'origine fossile ou renouvelable. Pour revenir au secteur du raffinage, Michel Charton a rappelé que de nombreuses raffineries ont fermé leurs portes en Europe, en Amérique du Nord et au Japon, tandis que de nouvelles ouvriront d'ici 2020, notamment dans les pays en développement. Selon lui, en s'appuyant sur des statistiques et malgré un nombre important de fermetures, « les raffineurs européens sont parmi les plus performants en termes d'efficacité énergétique, un enjeu autant économique qu'environnemental. » Dans le secteur raffinage de Total, il affirme avoir constaté une amélioration de 1 % par an de l'efficacité énergétique et une diminution des émissions de gaz à effet de serre. Néanmoins, le secteur reste selon lui « un acteur majeur mais avec une capacité d'action directe qui reste limitée. »

La bioraffinerie de La Mède sur les rails

En marge de l'événement, Michel Charton a confirmé la création d'une bioraffinerie à La Mède, près de Marseille, dans laquelle Total a investi 200 millions d'euros, qui ouvrirait ses portes et entrerait en fonction dès 2017. Elle produira 500 000 tonnes par an d'un biodiesel de très haute qualité de traitement.

Les débats ont donc confirmé le rôle primordial du secteur du raffinage, ces prochaines années, dans la transition énergétique. D'un point de vue « infrastructures », les raffineries vont devoir s'adapter aux réglementations qui leur imposeront des réductions toujours plus drastiques de leurs émissions de gaz à effet de serre. Ces raffineries devraient aussi se tourner de plus en plus vers la production de biocarburants et exclure peu à peu le fioul lourd, difficile à raffiner et mobilisant trop d'énergie.

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