L'Usine Nouvelle - La question des crises de la dette en Europe a été un sujet majeur à l'université d'été. Quelle en est votre lecture ?
László Andor - L’économie européenne était en train de se ressaisir. Mais cette reprise est très fragile et irrégulière. C’est pourquoi les politiques économiques doivent être attentives à ne pas sous-estimer le fait que la reprise est incertaine, mais aussi à ne pas surréagir avec des plans de rigueur trop stricts.
C'est-à-dire que vous condamnez l'usage abusif des plans de rigueur ?
L’austérité est nécessaire dans certaines situations. Par exemple, elle était inévitable dans les pays qui affrontaient des difficultés financières comme la Grèce, l’Irlande et le Portugal. L’austérité peut être aussi utilisée en prévention dans d'autres pays. Mais, selon moi, la politique européenne globale doit rester axée sur la stimulation de la croissance. Il est essentiel de se concentrer sur l’investissement.
Concrètement comment souhaitez-vous agir ?
Nous devons faire plus pour l’innovation et pour l’investissement productif. Dans notre action, nous nous assurons que les fonds sociaux de l’Union européenne (UE) servent vraiment à augmenter notre compétitivité et à moderniser notre économie. En tant que commissaire européen pour l’emploi, je crois aussi qu’il faut investir davantage dans les ressources humaines. Nous devons faire plus pour augmenter les compétences des travailleurs, encourager l’esprit entrepreneur et développer nos technologies.
Vous avez un exemple d'action mise en place aujourd'hui ?
Nous avons un programme pour les emplois dans le domaine du développement durable. Il est essentiel. Il développe la formation, l'entrepreunariat et les innovations technologiques dans un secteur en expansion. Grâce aux fonds sociaux européens, nous devrions être capables de développer les compétences nécessaires.
Au final, quel rôle doit jouer l'Europe dans l'économie mondiale ?
Il y a des conséquences sociales à la mondialisation. La Commission européenne a adopté ce thème propre à la présidence française du G20. Ce sujet est incontournable dans le cadre d’une intense globalisation de l’économie. Nous devons rester dans la course et participer à celle-ci tout en conservant nos acquis sociaux. Pour cela, l’Europe doit être un leader pour améliorer sa compétitivité tout en s'imposant comme un exemple en matière de protection sociale.
Ces propos, recueillis par Morgane Remy, sont extraits de l'interview de László Andor en anglais :