Les PME de la défense auront leur small business act
Le ministre de la défense Jean-Yves le Drian a indiqué qu'il travaillait sur la mise en place d'un partenariat inventif autour de l'innovation entre les grands groupes et les PME du secteur de la défense.
Un symbole. Jean-Yves le Drian a préféré accorder sa première visite d'entreprise à une PME du secteur de la défense plutôt qu'à l'un des groupes industriels du pays. En l'occurence, la société Atmostat, basée à Villejuif en région parisienne. Cette société de 75 personnes qui réalise un chiffre d'affaires de 12 millions d'euros, est fournisseur exclusif de certains constituants du dispositif de dissuasion nucléaire français et de composants critiques pour la défense terrestre.
Le ministre soulignait ainsi l'importance des PME pour le dynamisme du tissu industriel du pays. "Le redressement économique de la France passe par une industrie puissante. Cette industrie n'existe que s'il y a des réseaux de PME. Cela ne se décrète pas. La richesse de l'innovation se trouve beaucoup dans les PME".
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Avec Atmostat et sa maison-mère Alcen (1700 personnes pour 250 millions d'euros de chiffre d'affaires), Jean-Yves Le Drian était servi. Les deux entreprises multiplient les développements technologiques: batterie lithium-ion pour équiper le soldat du futur, système de détection et de positionnement des sous-marins, des caméras qui permettent de voir loin dans la brume et de nuit... "Si nous n'avions pas innové, nous n'aurions pas pu nous différencier de nos concurrents et nous serions morts", explique tout simplement Pierre Prieux, président du groupe Alcen.
Diversification
Le dirigeant a par ailleurs souligné sa stratégie de diversification en adaptant des technologies d'abord développé pour le monde militaire aux domaines civils. C'est le fameux concept de la dualité des technologies. Les deux sociétés ont décroché des commandes auprès de clients dans le domaine médical, des satellites, des plateformes pétrolières off shore, du stockage d'énergie... Alcen a par exemple développé une système de détection des boites noires d'appareils civils perdues au fond des océans à partir de sa technologie de positionnement des sous-marins et des torpilles.
Elle fournit également des parois capables de résister aux très hautes température pour le futur réacteur nucléaire ITER grâce à une maitrise quasi unique en Europe du brasage du béryllium, un matériau extrêmement complexe à usiner. Inutile de dire que le ministre a bu du petit lait en entendant que les commandes passées par son ministère pouvait servir de tremplins au PME du pays. "Grâce à l'impulsion donnée par une commande de l'Etat liée à l'industrie de défense, nos entreprises peuvent se développer sur de nouveaux marchés", s'est félicité le ministre.
Jean-Yves le Drian a profité de cette visite pour également pré-annoncer ses premières décisons à destination des industriels. Son ministère travaille sur la mise en place d'un small business act adapté aux PME de la défense. "Il nous permettrait de donner une impulsion forte à ce qui peut être un réseau d'innovation encore plus significatif qu'il ne l'est aujourd'hui. Il faut trouver une forme de partenariats inventif entre les PME et les grands groupes. A la fois pour que le partenariat soit tel que les grands groupes ne pompent pas de l'intelligence des PME et aussi pour ce que ces petites entreprises puissent innover, exporter, que les technologies de départ deviennent duales", précise-t-il. L'annonce officielle sur le contenu précis de cette initiative pourrait être faite lors des universités de la défense qui se tiendront à Brest en début de semaine prochaine.
Aides à l'innovation
Par ailleurs, le ministre de la Défense a confirmé maintenir en 2013 le même niveau d'aides à l'innovation qu'en 2012 soit un effort d'environ 750 millions d'euros. "Malgré les difficultés du moment, nous avons tenu à maintenir l'intégralité du budget de la recherche et des mécanismes de soutien à l'innovation", a t-il précisé.
A l'issue de sa visite dans l'usine d'Atmostat, Jean-Yves le Drian n'a pas hésité à s'affirmer comme un "industrialiste". "Cela veut dire que c'est d'abord l'industrie qui crée la richesse. C'est le point de départ. C'est une condition du redressement économique du pays".
De quoi ravir les grands les dirigeants des principaux grands groupes de défense qu'il devrait rencontrer ce jeudi. Ceux-ci s'attendent toutefois à des temps difficiles. Rigueur budgétaire oblige, le ministère de la défense a gélé des dépenses d'équipements militaires à hauteur de 4,5 milliards d'euros sur au moins six mois. Plusieurs grands programmes seront touchés notamment le programme Scorpion de modernisation des armées de terre.
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