Les plastiques en mal de visibilité
PlasticsEurope livre un bilan mitigé de l’année 2018 et réclame de la cohérence dans la réglementation.
359 millions de tonnes dans le monde, 62 millions en Europe, la plasturgie mondiale se porte bien, selon le bilan de l’année 2018 dressé par PlasticsEurope, l’organisation professionnelle des producteurs européens de plastique, le mardi 4 juin. Au niveau mondial, la croissance de la production est de 3,2%, en léger ralentissement cependant par rapport à 2017 (+3,9%), la Chine assurant 30% des volumes et l’Asie 51%. En revanche, l’Europe enregistre une baisse de 4,3%, tandis que la consommation a très légèrement progressé (+0,4%). « La production a subi un contrecoup plus prononcé du ralentissement économique général, analyse Éric Quenet, directeur de PlasticsEurope pour la région Ouest. L’Europe pâtit de la poursuite de la délocalisation de la demande, de la montée en puissance de nouvelles unités très compétitives aux États-Unis en particulier et du recentrage sur des produits à haute valeur ajoutée mais à volumes inférieurs. » Sa part du marché mondial passe ainsi de 18,5 à 17%.
En France, où les évolutions sont souvent amplifiées, la production recule de 5,1% et la transformation de 2,6%. Le recyclage, avec une augmentation de 14% de la demande, compte sans doute pour un point dans ce reflux. En Europe, la demande est tirée par la hausse des équipements électriques et électroniques (+3,2%) et de la construction (+2%), même si l’emballage reste de loin le premier secteur utilisateur avec 40,7% des volumes, et même 46,3% en France. En termes de matériaux, les polyéthylènes sont toujours les plus utilisés (27%, et 55% en France !), devant les polypropylènes (19%).
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Au-delà de ces données conjoncturelles, dans un contexte qui devrait continuer de peser sur cette industrie en 2019, la plasturgie se dit pleinement consciente des défis tant sociétaux qu’économiques qu’elle a à relever. Et Éric Quenet de citer la lutte contre les déchets sauvages et marins, la compréhension de ces matières, la transposition de la directive SUP dans les droits nationaux, l’évolution des modes de consommation… Mais PlasticsEurope et ses membres ont déjà lancé des actions individuelles ou collectives : l’Alliance mondiale pour éliminer les déchets plastique, l’engagement volontaire Plastics 2030 qui comprend, entre autres, le déploiement de plates-formes dédiées au recyclage de plusieurs familles de polymères et la poursuite du programme Clean Sweep de lutte contre la dispersion des granulés industriels dans l’environnement, l’engagement dans le recyclage en France via Valorplast…
L’organisation professionnelle rappelle aussi « qu’en matière de lutte contre le changement climatique et d’utilisation efficace des ressources, les matériaux et produits plastique offrent des performances le plus souvent inégalées ». Face aux différentes remises en cause et aux initiatives nationales, qu’elles émanent des metteurs en marché ou des législateurs – sont visés les pactes Plastiques au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en France, ainsi que les surtranspositions des réglementations européennes, notamment –, PlasticsEurope réclame surtout « un socle réglementaire stable et non discriminant » : « Les industriels ont besoin de visibilité pour investir et développer leurs stratégies, déclare Éric Quenet, malgré les interdictions en France et en Europe, nous restons mobilisés pour apporter des solutions fiables et performantes aux préoccupations des consommateurs, en particulier concernant la fin de vie des produits. »