Les pharmaciens sensibilisés à la chaîne du froid
Industrie Pharma : Quelle est l'importance des produits soumis à la chaîne du froid dans les officines ?
Jean Arnoult : Nous constatons une augmentation du nombre de produits de santé soumis à la chaîne du froid dans les officines. D'abord, du fait de la sortie de la réserve hospitalière de certains médicaments. En effet, des produits qui étaient destinés à l'hôpital arrivent aujourd'hui dans les pharmacies d'officine. De plus, l'essor des produits issus des biotechnologies implique l'augmentation de médicaments soumis à la chaîne du froid. Et il s'agit de produits très coûteux. Nous sommes, par exemple, amenés à garder des collyres à 1 000 euros. Sur ces produits, les industriels installent parfois des capteurs de suivi de la température, mais cela reste assez rare.
VOS INDICES
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205 +1.49
Février 2023
PVC
Base 100 en décembre 2014
172.7 -2.15
Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
97.9 +0.51
Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 21.20 − Préparations pharmaceutiques
Base 100 en 2015
Comment les pharmaciens d'officine sont-ils concernés par la chaîne du froid du médicament ?
J. A. : Le Code de la santé publique demande de garantir la conservation des produits de santé thermosensibles par chaque maillon de la chaîne. Cela concerne donc les fabricants, les grossistes répartiteurs et les pharmaciens d'officine. Il appartient ensuite à chacun de prouver la bonne conservation du produit. A l'officine, nous recevons les médicaments soit par le grossiste répartiteur, soit en direct des laboratoires. Notre contrôle commence à partir du moment où les produits arrivent à l'officine : dans le sas de livraison en cas d'absence du pharmacien, ou à l'officine quand le pharmacien est présent. Nous suggérons de privilégier les livraisons pendant les heures d'ouverture de l'officine pour éviter aux produits thermosensibles de se trouver hors d'une enceinte thermostatique trop longtemps.
Comment le pharmacien s'assure-t-il de l'intégrité des médicaments qui lui sont livrés ?
J. A. : Il revient au pharmacien d'officine de s'assurer et de demander que son fournisseur s'engage à respecter le Code de la santé publique. Il n'a pas à contrôler les caisses qui arrivent en se demandant si elles sont bien dans la plage de températures. Il doit, par contre, vérifier l'intégrité des caisses. Afin de sélectionner son fournisseur, il peut notamment s'informer sur les documents relatifs à la traçabilité du respect de la chaîne du froid, le type d'emballages isothermes utilisés, leur validation, etc. Nous conseillons en outre que le pharmacien demande à son fournisseur de marquer les caisses en chaîne du froid afin qu'il s'en occupe en priorité.
Une fois, la livraison réceptionnée, comment le pharmacien traite-t-il ces médicaments ?
J. A. : Son travail consiste à laisser le médicament un minimum de temps en dehors des caisses pour le contrôle de la commande avant la mise en enceinte. Nous recommandons par ailleurs d'être vigilant sur le passage des commandes. Les produits de santé thermosensibles doivent être présents en quantités minimales mais suffisantes afin de limiter le stock et la durée de conservation à l'officine. Les produits de la chaîne du froid ne sont pas repris par le répartiteur.
Quelles sont les caractéristiques que doivent avoir les enceintes de conservation ?
J. A. : Ces enceintes thermostatiques doivent être qualifiées. Le pharmacien doit pouvoir apporter la preuve que la température est restée entre +2 °C et +8 °C à tout moment et en tout point de l'enceinte. Il doit avoir au minimum un thermomètre mini/maxi. La meilleure façon est un enregistrement en continu avec deux points de mesure. Ces enceintes doivent être à froid ventilé et avec circulation d'air. Nous sensibilisons les pharmaciens sur le fait que ce ne doit pas être une enceinte ménagère, que les produits ne doivent pas être en contact avec les plaques réfrigérantes. Idéalement, il faut une enceinte avec une porte transparente pour visualiser le produit avant l'ouverture et ainsi limiter le temps d'ouverture. L'enceinte doit être remplie à 50-70 % pour faciliter la circulation d'air. Et surtout, elle doit être réservée exclusivement aux produits de santé. Une commission travaille actuellement sur les enceintes afin d'aider le pharmacien dans l'acquisition de ce matériel. Une enceinte thermostatique coûte entre 2 000 et 3 000 euros et doit être qualifiée. Un pharmacien n'est pas un technicien. Nous voulons l'aider à faire son choix de la manière la plus raisonnée possible avec l'obligation de respecter les règles de sécurité. Nous conseillons également d'avoir une seconde enceinte comme système de secours.
La dernière étape est la délivrance au patient. Aujourd'hui, constatez-vous une meilleure sensibilisation de ce dernier maillon de la chaîne ?
J. A. : C'est un travail quotidien du pharmacien de faire des recommandations au patient. La délivrance d'un produit de santé thermosensible doit s'accompagner automatiquement des explications sur la conservation. Je constate malheureusement que nos recommandations ne sont pas suffisamment connues auprès des pharmaciens d'officine. Dans notre livret de recommandations, nous fournissons une fiche d'informations pour le patient. Il doit être sensibilisé au fait de garder ce médicament dans un réfrigérateur, au centre et pas dans la porte ou le bac à légumes. Le pharmacien peut même lui conseiller de faire son achat au dernier moment avant d'aller chez le médecin. Il faut vraiment que le patient prenne conscience que le produit peut perdre son activité, voire acquérir une certaine dangerosité.
Il existe des pochettes isothermes pour les boîtes de médicaments thermosensibles. Leur utilisation est-elle généralisée ?
J. A. : Il n'y a pas beaucoup de ces pochettes actuellement. Le pharmacien les achète généralement auprès du grossiste répartiteur. Cependant, les pochettes réellement ef ficaces sont coûteuses. En général, les pochettes ne gardent pas la température plus d'un quart d'heure voire une demi-heure. Ça peut être dangereusement rassurant pour le patient. Si on ajoute un bloc technique dans la pochette, il y a un risque de congeler le médicament, ce qui est nocif. Au sein de l'Ordre des pharmaciens, nous nous posons actuellement beaucoup de questions sur l'efficacité de ces pochettes.
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