Les paris fous du hackathon Lilly à l’école 42
Le laboratoire Lilly organise, en partenariat avec Danone Produits Frais, un hackathon à l’école 42, les 18, 19 et 20 janvier 2017. Il en attend beaucoup. Trop, peut-être…
Ce n’est pas un, mais trois objectifs, tous ambitieux, que s’est fixé le laboratoire Lilly en organisant, les 18, 19 et 20 janvier 2017 un hackathon à l’école 42. Lancé en partenariat avec Danone Produits Frais, ce nouveau concours, modestement intitulé "Les jeunes et l’industrie du futur", propose aux étudiants de la célèbre école de code web gratuite créée par Xavier Niel, de révolutionner l’interface homme machine en 48 heures. Rien de moins. Mais ce n’est pas tout. L’industriel de la pharmacie espère bien avec cette opération faire découvrir à ces jeunes talents l’industrie sous un autre jour, et pourquoi pas en convertir certains aux charmes de l’industrie du futur, qui ne se fera pas sans eux. Enfin, en pleine transformation numérique, Lilly veut aussi utiliser ce concours en communication interne, pour sensibiliser ses équipes à d’autres méthodes et approches agiles. Vaste programme. Trop ?
Reprenons. Le hackathon proposé par Lilly et Danone invite à concevoir l’internet homme/machine (ou UI pour user interface) du futur à l’aide de chatbots (outils conversationnels intelligents) en 48 heures. A la clé du concours, 5000 euros à gagner pour les 3 meilleurs projets et un programme de coaching sur-mesure pour concrétiser les projets. Un site dédié hacktheui.bemyapp.com et un webinar technique ont présenté en amont du hackathon les deux défis proposés et les outils logiciels (Angus.ai, Craft.ai et Recats.AI) mis à disposition des participants.
VOS INDICES
source
Révolutionner l’UI en usine de production
Le défi proposé par Lilly, comment interagir naturellement avec des machines dans un environnement stérile, correspond à une vraie problématique de l’industriel. "On fait de la production en milieu stérile et les opérateurs sont dans des scaphandres. Lors d’un problème, la machine envoie des instructions. Quelquefois, les opérateurs savent faire, mais parfois ils doivent aller vers une autre machine pour trouver les bonnes instructions. L’enjeu est de développer des interfaces utilisateurs qui évitent ces déplacements ", explique Stéphanie Gérard, responsable des affaires publiques et de la communication de Lilly. Selon elle, les responsables IT du très automatisé site de Segersheim qui produit 200 millions de doses d’insuline injectable par an, n’ont pas trouvé la bonne solution. "Ils ont notamment essayé les Google Glass, mais là, ils sont bloqués". Ils comptent bien sur les étudiants de 42 pour les aider.
Convertir au digital
Pour donner plus de corps au hackathon ou pour partager les coûts (ou les deux ?), Lilly n’a pas voulu y aller seul. Danone Produits Frais a répondu présent et propose lui aussi un défi basé sur une problématique réelle : faciliter les échanges entre les acteurs d’une même chaîne logistique en cas d’événement imprévu. Le meilleur projet de chacun des défis Lilly et Danone recevra 2000 euros et le projet coup de cœur du jury 1000 euros.
Appétit pour la technologie de chatbot ou intérêt soudain pour l’industrie du futur ? Quelques jours avant le hackathon, plus de 60 jeunes s’étaient inscrits. "Mais ils ne viennent pas forcément tous, reconnaît Véronique Delvolvé, directive de la communication de Lilly. On verra vendredi au moment de constituer les équipes."
Faire aimer l'industrie
L’équipe Lilly présente, elle, est déjà constituée. "Cette opération compte aussi beaucoup pour nos collaborateurs, explique la responsable des affaires publiques. Elle s’inscrit dans le cadre de notre transformation digitale, qui vise notamment à confronter les équipes avec les méthodes des start-up. Les équipes IT Segersheim étaient très enthousiasmées par ce hackathon. Trois personnes sont venues le 9 janvier à l’école 42 expliquer la problématique aux jeunes, et quinze personnes seront présentes durant le week-end pour aider les participants."
Mais, le vrai enjeu pour Lilly n’est pas là. Depuis 2012, le laboratoire pharmaceutique cherche à attirer les talents. Or l’industrie en général, pharmaceutique en particulier, souffre d’un déficit d’image. Trois sondages, réalisés par Lilly avec l’IFOP en 2013, 2014 et 2015 sur le regard porté par les jeunes, les enseignants et les dirigeants d’entreprises sur le secteur industriel, ont montré un net décalage entre le regard porté sur l’industrie et l’enthousiasme de ceux qui y travaillent. Comment changer les choses ? "On cherche à mener des actions concrètes, explique la chargée des affaires publiques. On a organisé des speed dating avec des lycéens au siège et on est partenaire de la plate-forme JobIRL." Mais, elle le reconnaît, ces actions n’ont pas encore débouché sur une conversion à l’industrie, ni sur une embauche. Pas sûr que ce hackathon soit plus efficace. Mais au moins, Lilly aura essayé.
Sélectionné pour vous
SUR LE MÊME SUJET
2Commentaires
Réagir