Les négociations commerciales 2016 s'achèvent sur un constat d'échec pour les industriels
Malgré les déclarations de bonnes intentions des distributeurs il y a quelques mois, les négociations commerciales 2016 semblent avoir été "pires" qu'en 2015 pour les industriels. Au salon de l'agriculture, les représentants des industriels font état de fortes pressions pour baisser les prix, avec des demandes de compensations de marges abusives.
Les négociations commerciales 2016 s’achèvent avec un goût très amer pour les industriels de l’agroalimentaire et de la consommation. De l’avis presque général, elles semblent même avoir été "pires qu’en 2015". Pour la fédération Coop de France, qui regroupe les principaux groupes coopératifs, "les crises dans les filières élevage n'ont pas changé la donne". "Le prix est resté le principal, voire l’unique, élément de négociations des enseignes", a expliqué Rachel Blumel, la directrice du pôle agroalimentaire de Coop de France, se basant sur un sondage effectué auprès des adhérents. "Des compensations de marges abusives ont été demandées par les enseignes", a-t-elle constaté, évoquant "un flou toujours de mise concernant les contreparties commerciales proposées en échange de baisses de tarifs".
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De son côté, l’Association nationale des industries agroalimentaires (Ania) enfonce le clou. "Aucune des promesses de l'automne dernier faites par les patrons de la distribution n'a été tenue", a regretté Jean-Philippe Girard, le président de la fédération qui regroupe 16 000 entreprises. "Intimidations, violences verbales, des demandes de baisse de tarifs jusqu'à moins 6% à minuit moins cinq le 29 février et une inflation des promotions, ont été recensées", a lancé le président de l’Ania.
Pas de cas particulier pour les PME
Les PME n’ont semble-t-il pas été mieux loties. "Beaucoup d'enseignes n'ont pas bouclé les négociations avec les PME au 31 décembre comme elles s'y étaient pourtant engagés", a insisté Rachel Blumel de Coop de France. "Force est de constater que cette année encore les négociations auront été difficiles pour les entrepreneurs PME. Malgré les accords signés avec plusieurs enseignes dans le but de tenir compte des spécificités des PME, elles demeurent des variables d’ajustement au lieu d’être traités comme de véritables partenaires, créateurs de valeurs et de différenciation entre les enseignes", a souligné la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (Feef) dans un communiqué diffusé le 1er mars.
Quelques timides améliorations sont cependant notées. "Nous avons observé un peu moins de formalisme dans les contrats et un assouplissement des clauses, grâce aux récentes jurisprudences", a souligné Rachel Blumel. Les clauses de renégociation, prévues par la loi sur la Consommation de Benoit Hamon en cas de flambée des matières premières, ont bien été inscrites dans les accords de vente. "Mais elles n'ont pas été déclenchées car difficiles à mettre en œuvre", a ajouté la représentante de Coop de France. Selon elle, le regroupement récent de plusieurs enseignes en hypers centrales d'achats a par ailleurs entraîné un flottement dans les prises de décisions des enseignes. Force est de constater que les aménagements instaurés en 2013 par la loi sur la Consommation n’ont pas apporté les solutions attendues par les industriels pour un rééquilibrage des forces. On voit mal désormais comment ils pourraient s’opposer à une refonte plus profonde du cadre juridique de ces négociations : une révision de la Loi de modernisation de l’économie (LME), proposée par le président François Hollande au salon de l’agriculture le 27 février.
Adrien Cahuzac
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