Les moteurs dopent les résultats de Safran
A y regarder de plus près, la rentabilité de Safran est avant tout portée par les moteurs aéronautiques (réacteurs, turbines d'hélicoptères...) dont le bénéfice opérationnel a bondi 31% au premier semestre à 297 millions d'euros. « Nous bénéficions d'un marché qui se situe à des niveaux records », explique le patron de Safran. Les ventes de la division ont progressé de 15,5% à 2,77 milliards d'euros. Les prises commandes atteignent 3,72 milliards avec notamment plus de 1400 moteurs CFM 56 vendus, ceux qui équipent les Airbus A 320 et les Boeing 737. Seul point noir : l'A 400 M. L'avion de transport militaire développé par Airbus prend du retard, notamment en raison de la difficile mise au point de son turbopropulseur, le TP 400, dont Safran est l'un des constructeurs avec l'anglais Rolls Royce et l'allemand MTU. Les premiers essais en vol du TP 400 n'auront lieu qu'en novembre prochain au lieu d'avril 2007, ont reconnu les dirigeants. Du coup, le groupe a passé une provision de 40 millions d'euros sur ce programme pour se prémunir d'un éventuel retard dans les livraisons.
Côté Equipements aéronautiques, les résultats font un peu grise mine : le bénéfice opérationnel de la branche (train d'atterrissage, câblage, nacelles...) accuse un repli 36% dû principalement au démarrage difficile de l'A 380. « C'est un programme nouveau donc il y a une courbe d'apprentissage qui pèse sur les marges », explique Jean-Paul Béchat. Le décalage des livraisons de l'A 380 a aussi eu un impact sur la production de la branche, dont le chiffre d'affaires ne progresse que de 5,5%. La branche Défense Sécurité, qui restera dirigée par le futur PDG de Safran, a donné satisfaction avec un retour aux bénéfices. Mais les 25 millions de résultat opérationnel (3,3% du chiffre d'affaires) ne satisfont pas Jean-Paul Herteman : « nous visons 8 à 10% de marge opérationnelle d'ici 2010 », indique le futur patron.
Le groupe est resté très discret sur le devenir de l'alliance annoncée entre Safran et Ingenico dans les terminaux de paiement sécurisés. « Ce n'est pas un désinvestissement, au contraire nous devenons leader mondial de la spécialité et nous aurons 25% de la future société », martèle Jean-Paul Béchat. Enfin, la division Communications est, comme l'an dernier, lourdement dans le rouge avec une perte de 73 millions d'euros. En cause, la chute des volumes à la fois dans l'activité mobiles et dans l'activité haut débit, ce qui est nouveau. Ce camaïeu de bonnes et de mauvaises nouvelles explique peut-être pourquoi le marché boursier a sanctionné l'action, qui plonge de 3%.
Guillaume Lecompte-Boinet