Les laboratoires aiment la recherche française, mais détestent sa lourdeur
Ce jeudi 24 octobre, les Rencontres Internationales de Recherche accueillaient tout le gratin de la recherche publique et privée en santé. Mais les industriels s’inquiètent des lourdeurs administratives françaises, qui pénaliseraient de plus en plus la recherche clinique et l’accès à l’innovation dans l’Hexagone.
Pour leur cinquième édition ce jeudi 24 octobre, les Rencontres Internationales de Recherche (RIR) étaient dédiées aux pathologies inflammatoires. Ces dernières touchent une personne sur trois dans les pays développés, mais peu disposent de traitement curatif. Rendez-vous annuel entre les meilleurs scientifiques du public et du privé, les RIR ne sont plus un évènement franco-français. Chez l’américain Pfizer, leader mondial de la pharmacie, le numéro deux de la R&D n’a pas hésité à faire le déplacement à Paris pour trois jours. Chez le laboratoire suisse Roche, c’est le patron en personne, Severin Schwan, qui est venu.
Les patrons traversent l’Atlantique
La raison ? "La France est un pays très intéressant en matière de R&D", avec "une qualité scientifique remarquable" et un niveau "clinique très élevé", estime Severin Schwan. Avec 35 000 patients français enrôlés dans des tests de médicaments, Roche réalise dans l’Hexagone 10% de ses essais cliniques ! Pour les grands laboratoires, les RIR sont donc l’occasion de nouer des contacts avec des équipes scientifiques reconnues à travers le monde. "Chaque année, une douzaine d’opportunités de partenariats académiques émergent, confie José-Carlos Gutiérrez-Ramos, senior vice-président de la R&D de Pfizer. Pfizer investit entre un et trois millions d’euros dans les partenariats R&D en France."
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Des partenariats indispensables à l’heure de l’open innovation
Indispensable pour ces entreprises qui se sont tournées il y a quelques années vers l’"open innovation", après avoir vu la découverte de nouveaux médicaments s’amoindrir en interne, tandis que leurs plus grands produits commercialisés perdaient leurs brevets. L’an dernier, pas moins de 17 contrats ont donc été signés à l’issue des RIR (pas mal, sur 28 groupes pharmaceutiques présents) et une dizaine de discussions sont toujours en cours, estime Claude Bertrand, le président d’Ariis, le guichet unique des industries de la santé en R&D.
De pénalisantes lourdeurs administratives
Mais si l’évènement a été ouvert l’an dernier par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, et cette année par Geneviève Fioraso, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, c’est parce qu’il reste beaucoup à faire. "Il faut renouveler cette vision de l’interaction entre le monde de la recherche et les entreprises, c’est un élément-clé du redressement productif de la compétitivité de la France", affirme la ministre, avec des accents d’Arnaud Montebourg. Bien qu’ils réalisent une grande partie de la recherche en France, les laboratoires pharmaceutiques ont la fâcheuse tendance, depuis quelques années, à faire ensuite tester ailleurs leurs médicaments en phase finale de développement. La faute aux lourdeurs administratives hexagonales, affirment les industriels. Ils ont été entendus (voir encadré). "Cela fait partie des mesures du Comité Stratégique de Filière signées avec trois ministères cette année, rappelle Claude Bertrand. Je suis assez confiant sur le fait que nous allons parvenir à regagner des parts de marché dans la recherche clinique."
Ca coince pour les nouveaux médicaments
Problème, il n’y a pas que la recherche clinique qui coince en France… Pour le directeur général de Roche, c’est aussi la diffusion des innovations thérapeutiques qui est beaucoup trop lente. "Bien qu'il y ait un accès universel à la médecine en France, les patients français en bénéficient plus tard que dans le reste du monde", dénonce-t-il. Déjà commercialisé aux Etats-Unis, en Suisse et en Allemagne, son anticancéreux Perjeta n’est ainsi toujours pas disponible en France.
Chez Pfizer, on se veut plus conciliant. "Nous travaillons étroitement avec les autorités sanitaires pour apporter des données pour supporter nos dossiers, explique José-Carlos Gutiérrez-Ramos. Nous multiplions les collaborations avec les cliniciens, les médecins et les autorités, car nous ne voudrions pas que, par manque de ressources ou de compréhension, les patients n’aient pas accès à nos médicaments !" Pas question de se passer de la France, cinquième marché pharmaceutique au monde en 2012.
Gaëlle Fleitour
Le Comité Stratégique de Filière avance doucement…
Faciliter la recherche clinique fait partie des priorités du Comité Stratégique de la Filière Santé, signé en juillet par les ministres du Redressement Productif, de la Santé, et de la Recherche, et le représentant des industriels, Marc de Garidel, PDG d’Ipsen. "La première réunion de lancement concrète a eu lieu en septembre, la prochaine se tiendra début novembre, précise Claude Bertrand. Marc de Garidel a mis un calendrier en place pour les industriels, avec l’idée de faire un point d’étape avec le gouvernement, peut-être en mars, et de faire un bilan au bout d’un an." Entre-temps, l’annonce du projet de financement de la Sécurité Sociale, qui réclame un milliard d’économies aux industries de la santé, a hérissé le poil de ces derniers, qui se sont sentis trahis. Les prochaines réunions avec le gouvernement risquent donc d’être animées…
Les laboratoires aiment la recherche française, mais détestent sa lourdeur
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