Les industriels des fertilisants en manque de visibilité

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Les industriels des fertilisants en manque de visibilité

Le retour aux niveaux d'avant-crise n'est pas encore arrivé. Mais ces dernières années, l'évolution du marché des engrais est positive en France. Le chiffre d'affaires des adhérents de l'Union des industries de la fertilisation (Unifa), qui représente 92 % de la production française de fertilisants et 78 % des livraisons, a atteint 2,95 milliards d'euros en 2012, contre 2,8 Mrds € en 2011. Ce qui reste encore en deçà du record de 3,6 Mrds € en 2008. Du côté des volumes, les livraisons de fertilisants minéraux et organo-minéraux sont passées de 10,5 à 11,1 millions de tonnes (9,3 Mt d'engrais et 1,8 Mt d'amendements minéraux basiques) entre les campagnes 2010-2011 et 2011-2012. Par segment, par rapport à la moyenne des trois dernières campagnes, l'Unifa note que les livraisons d'azote (-1 %) et de potassium (+2 %) se montrent stables alors que celles de phosphore progressent significativement, traduisant ainsi la « prise de conscience de l'effet du phosphore sur l'installation précoce des cultures et leur productivité ». La progression du soufre (+10 %) serait, elle, liée à un hiver prolongé et un printemps pluvieux.

Le secteur dresse ainsi un bilan plutôt satisfaisant. Sauf que les « mais » sont légion. Depuis mai 2012, l'Unifa pointe du doigt un décrochage des prix du phosphore, de l'azote et du potassium en raison d'une conjoncture de ralentissement économique et de baisses de prix de matières premières. Si la demande devrait être porteuse sur le moyen terme, les industriels des engrais relèvent quelques surcapacités ponctuelles et un équilibre fragile de l'offre et de la demande. Plus inquiétant, la forte baisse des prix du gaz en Amérique du Nord, liée à l'exploitation des gaz de schiste, entraîne une hausse des investissements outre-Atlantique tandis qu'un ralentissement est observé côté européen. « On commence aussi à voir arriver des quantités d'engrais azotés en provenance d'Amérique du Nord alors qu'il n'y en avait plus depuis 6-7 ans », remarque Gilles Poidevin, délégué général de l'Unifa. Ce qui illustre un impact naissant des gaz de schiste américains sur le marché. Sur cet épineux dossier des gaz de schiste, l'Unifa plaide en faveur de l'exploration et du développement de procédés d'extraction plus respectueux de l'environnement. Si le schiste n'est pas perçu comme un miracle, cela « permettrait de contenir les prix du gaz pour nos industriels », souligne Gilles Poidevin.

Taxes à tous les étages Mais la grogne et l'inquiétude les plus prononcées du secteur portent sur l'accumulation des réglementations et des taxes. Certes, cette année, l'abandon de la taxe azote a été de bon augure. Mais deux orages menacent. D'une part, la majoration de la TVA sur les engrais et amendements, sauf ceux utilisés en agriculture biologique, qui pourrait passer de 7 % à 20 %, selon le Projet de loi de finances 2014. L'Unifa, qui s'inquiète dans ces conditions d'un surcoût annuel de 400 M€ pour le secteur, préconise aujourd'hui une TVA relevée à seulement 10 % pour tous les fertilisants organiques et minéraux. D'autre part, l'écotaxe poids lourds continue de fâcher. Plusieurs fois repoussée, cette taxe doit entrer désormais en vigueur au 1er janvier prochain. Alors que les agriculteurs sont entrés en guerre et multiplient les actions contre cette nouvelle taxe, les industriels des engrais se limitent pour l'heure à réclamer un moratoire sur cette taxe qui devrait compter pour 4 % du prix de transport, alors que le transport constitue déjà 10 % du prix des engrais et que 60 % de la livraison d'engrais en France est effectuée par le canal routier (10 % ferroviaire, 30 % maritime et fluvial). Autre inquiétude : le retour de la taxe carbone, revenue sur la table cet été. Sur le sujet, l'Unifa demande de déplacer cette taxe carbone aux frontières de l'Europe et non pas de la France pour éviter une concurrence déloyale. Enfin, sur le front de la directive ETS (système d'échange des quotas de CO2), la situation est toujours floue pour les industriels des engrais. Malgré l'entrée en vigueur de la troisième phase de la directive depuis le 1er janvier dernier et de la fin de la totalité des allocations de quotas gratuits, les allocations officielles de quotas ne sont toujours pas attribuées en ce début d'automne ! Le secteur souffre ainsi d'un manque tenace de visibilité dû à tout un ensemble de taxes existantes et en devenir. Aujourd'hui, l'Unifa demande une stabilisation de la fiscalité pour éviter de continuer de pénaliser le secteur.

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