Les foncières rivalisent pour proposer de nouveaux services
par Alexandre Boksenbaum-Granier
PARIS (Reuters) - Les foncières françaises rivalisent aujourd'hui d'imagination pour proposer aux entreprises bien plus que des mètres carrés de bureaux situés dans le triangle d'or parisien mais également un ensemble de services haut de gamme leur permettant de cultiver leur image et de fidéliser leurs salariés.
Véhicules électriques en libre-service, conciergerie personnalisée, gestion à la carte des déplacements du personnel sont autant de moyens leur permettant de se démarquer dans un contexte de baisse des loyers et d'offre pléthorique : quatre millions de mètres carrés sont en effet disponibles depuis quatre ans en Ile-de-France auxquels 10 millions de mètres carrés devraient s'ajouter d'ici 10 ans.
"Nous essayons de nous interroger sur l'évolution de notre métier. Auparavant, nous fournissions des mètres carrés, aujourd'hui nous fournissons des solutions", souligne Dimitri Boulte, directeur général adjoint et directeur des opérations de Société Foncière Lyonnaise (SFL).
Loin d'être un simple effet de mode ou un coup marketing, cette tendance semble appelée à se développer dans un contexte économique morose qui incite les entreprises à rationaliser leurs coûts et à faire également preuve d'imagination.
Le prix à payer pour ces nouveaux services reste en outre relativement marginal rapporté au mètre carré, estiment des experts du secteur, pour qui l'enjeu principal n'est pas là.
Si elle ne vise pas prioritairement à réaliser des économies de loyers, cette démarche permet surtout aux entreprises d'intégrer dès le départ dans leur décision d'investissement les effets induits d'un déménagement lointain, dans un quartier moins prestigieux ou dans un bâtiment moins bien équipé.
"Faire des économies sur le loyer peut être intéressant mais si le contrecoup de cette décision est une hausse de l'absentéisme ou une baisse de la productivité (...), le coût sera plus élevé que l'économie réalisée sur le loyer", observe Magali Marton, directrice des études au sein du cabinet en conseil immobilier DTZ.
CULTIVER SON IMAGE DE MARQUE
A cela s'ajoute un autre élément, l'image que la société veut projeter d'elle-même auprès de ses employés et de ses clients, un bureau constituant une vitrine pour l'entreprise.
Ainsi, les groupes immobiliers ont développé une palette très complète de nouveaux services, souvent à la demande d'entreprises qui ne souhaitaient pas les gérer en interne, estimant ne pas avoir les compétences nécessaires.
"Nous nous sommes (...) interrogés sur la manière de créer des conditions de bien être au travail, de rendre les utilisateurs plus heureux sur leur lieu de travail et donc plus performants", indique Dimitri Boulte.
SFL a ainsi lancé au printemps une gamme de services pour ses bureaux allant de la conciergerie à l'organisation de déplacements en passant par la recherche concernant la restauration.
Unibail-Rodamco a de son côté signé un partenariat avec le groupe Bolloré en vue de déployer, après expérimentation, une flotte de véhicules électriques pour ses futures tours de bureaux.
Ce partenariat fait suite à celui initié en fin d'année dernière par la société de services informatiques Atos, qui a conclu directement un accord avec Bolloré pour être équipée d'une flotte de véhicules 100% électriques.
Icade et Philips ont décidé de leur coté de développer conjointement des solutions innovantes en matière d'éclairage, afin de concilier exigence énergétique, amélioration du bien-être et productivité des employés.
"L'enjeu est aujourd'hui double : conserver une certaine attractivité clients dans un contexte immobilier difficile et préserver des taux d'efforts de 10 à 15% auprès des enseignes", commente Nicolas Maychmaz, analyste spécialisé dans l'immobilier au sein de la société de gestion La Française.
"La valeur ajoutée indirecte d'un actif immobilier via une stratégie marketing précise est ainsi clé", ajoute-t-il.
Cette nouvelle offre, aujourd'hui cantonnée au "haut de gamme", devrait progressivement se normaliser en s'étendant aux autres segments.
Un nouveau métier, celui de conseil en immobilier, pourrait ainsi émerger en France, sur le modèle britannique où pratiquement toutes les entreprises sont accompagnées dans leur démarche par un spécialiste qui sélectionne pour elles les offres les plus adaptées à leurs besoins.
Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Jean-Michel Bélot