Les finances au beau fixe, le français Ipsen se renforce dans le traitement du cancer
L’ETI française vient de casser sa tirelire pour s’offrir les droits sur un anticancéreux. Et se rêve une destinée américaine, tout en se cherchant un nouveau numéro 2 pour remplacer Christel Bories.
Ses médicaments de "spécialité" (Somatuline dans les tumeurs neuroendocrines ; Dysport, le concurrent du Botox ; et Decapeptyl contre le cancer de la prostate) lui ont permis d’enregistrer des résultats 2015 spectaculaires. Le groupe pharmaceutique français Ipsen n’entend pas s’arrêter là.
Il vient de casser sa tirelire en s’emparant des droits, hors Amérique du Nord et Japon, d'un anticancéreux prometteur, le Cabozantinib. Un traitement chèrement payé à la biotech californienne Exelixis : 200 millions de dollars réglés immédiatement, puis 60 millions d’ici la fin de l’année si le produit gagne une nouvelle indication en Europe. Suivi de paiements potentiels pouvant frôler les 500 millions à partir de 2018, en fonction du développement et des futures ventes.
VOS INDICES
source
165 -2.37
Août 2023
PVC
Base 100 en décembre 2014
97 =
Juillet 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 21.20 − Préparations pharmaceutiques
Base 100 en 2015
131.1 -3.1
Juillet 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
Ne pas s'attaquer frontalement aux géants de la pharma
Dans la course contre le cancer, l’entreprise de taille intermédiaire ne peut pas s’attaquer frontalement aux géants comme le numéro un mondial de l’oncologie Roche, et même le français Sanofi qui ne cache plus ses ambitions. La stratégie d’Ipsen ? "Etre considéré comme un laboratoire référent en matière de niches en oncologie", explique son PDG Marc de Garidel.
Le Cabozantinib est déjà autorisé dans une forme rare du cancer de la thyroïde dont souffrent 1 500 Européens. Mais ce qui intéresse le Français, c’est son potentiel pour traiter – dès l’an prochain s’il est autorisé - le cancer du rein avancé, aux 100 000 malades.
Des thérapies existent déjà, mais elles ne sont efficaces que chez un petit nombre de malades et n’améliorent pas la survie globale à la maladie, assure Marc de Garidel. Il pense avoir mis la main sur une pépite capable de rivaliser ou d’être utilisée avec les prometteurs "immuno-modulateurs" développés par la concurrence. Le Cabozantinib est également testé pour traiter le cancer du foie avancé, touchant 60 000 patients en Europe.
500 à 600 millions d’euros à investir
S’il veut asseoir sa présence aux Etats-Unis, le premier marché pharmaceutique au monde, et atteindre les 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020, Ipsen devra à nouveau mettre la main au portefeuille, afin de s’offrir les droits sur de nouveaux produits. Il lui reste 500 à 600 millions d’euros à investir, quitte à s’endetter, selon son directeur financier.
Ipsen s'est fait un nom dans la « médecine de spécialité »
Avec un chiffre d'affaires en hausse de 10,4% (à taux de change constants) à1,44 milliard d'euros, Ipsen a connu une belle année 2015. Principalement grâce à la médecine de spécialité, qui représente désormais les trois quarts de ses ventes, en croissance de 14,4%. La médecine générale, avec des médicaments comme le fameux Smecta, chute de 1,1%. Le résultat net d’Ipsen a aussi progressé de 23,7% l’an dernier, à 190 millions d'euros, tandis que sa marge opérationnelle courante atteignait 22,3% du chiffre d'affaires.
Le laboratoire français s’est déjà renforcé outre-Atlantique, où sa filiale, enfin rentable, devrait figurer en tête de ses ventes dès cette année, dépassant ainsi l’Hexagone. Grâce au succès de Somatuline, qui vole des parts de marché au produit du numéro un mondial de la pharmacie, Novartis.
recherche directeur général tres operationnel
Restent plusieurs défis à régler. Améliorer la profitabilité de l’entreprise, pour rejoindre les meilleurs de sa classe, en visant 26% de marge opérationnelle courante en 2020. La clé "du succès et de l’indépendance du groupe à terme", estime Marc de Garidel.
Il doit aussi trouver rapidement un numéro deux, suite au départ surprise il y a quelques jours de Christel Bories, une dirigeante de tête venue de l’industrie lourde. Son successeur aura un tout autre profil. Issu de la pharmacie ou des biotechs, il devra bien connaître l’international et le marché américain. Et briller dans le lancement du Cabozantinib en Europe. Les prétendants sont nombreux, assure Ipsen, mais le chemin est déjà tout tracé.
Gaëlle Fleitour
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