Les FAI paieront pour le futur Centre national de musique
AVIGNON, Vaucluse (Reuters) - Les fournisseurs d'accès internet (FAI) seront mis à contribution en France pour financer le futur Centre national de la musique, a confirmé vendredi Nicolas Sarkozy, appelant de ses voeux la mise en place d'un nouveau modèle économique pour la culture à l'ère numérique.
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\ 15h48
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Le chef de l'Etat, qui clôturait un forum sur la création à l'ère numérique organisé dans le cadre des présidences françaises du G8 et du G20, a insisté en outre sur la nécessité d'un dialogue avec les géants de l'internet, y compris sur des questions comme la "fiscalité numérique".
"Je souhaite que les fournisseurs d'accès, qui sont extrêmement prospères et tant mieux pour eux, puissent contribuer à la création musicale comme contribuent un certain nombre d'acteurs à la création cinématographique, je voudrais comme il y a un CNC (Centre national du cinéma) un Centre national de la musique qui sera financé pour partie par les fournisseurs d'accès", a-t-il dit.
Lors d'une rencontre avec les professionnels du secteur, en octobre, Nicolas Sarkozy avait émis le souhait que ce centre voie le jour le plus rapidement possible.
Un rapport publié la semaine passée anticipe son ouverture au printemps prochain, avec un budget de 145 millions d'euros qui serait notamment financé par les FAI, en partie par redéploiement de leur contribution au CNC.
Son objectif est de venir en aide à la création dans un secteur qui a subi de plein fouet le développement d'internet et de son modèle gratuit.
RECONSTRUIRE DE A A Z
Pour le président français, il s'agit aujourd'hui de "reconstruire de A à Z un modèle économique pour servir l'économie de la culture", ce qui nécessite tout autant d'imagination que de "courage".
Sur ce dernier plan, il s'est félicité que plusieurs pays suivent l'exemple de la France et de son dispositif Hadopi qui a permis de faire reculer le piratage de 35%, selon lui, depuis qu'il est opérationnel.
Il a confirmé d'autre part que l'Etat était prêt à l'adapter
en fonction des évolutions technologiques.
"Le jour où il n'y a plus de musique, le jour où il n'y a plus de cinéma, le jour où il n'y a plus d'écrivain, qu'est-ce que votre génération ira chercher sur internet ? (...) si ceux ci ne sont pas propriétaires de leur oeuvre, comment vivront-ils et que deviendront-ils", a-t-il dit pour justifier cette police de l'internet, en ciblant tout particulièrement "les sites de streaming illégal (qui) font des ravages".
Nicolas Sarkozy a estimé nécessaire un dialogue entre le monde de la culture, les Etats et les géants de l'internet comme Microsoft, Google et Facebook sur des questions comme les droits d'auteur mais aussi la "fiscalité numérique".
"Car qui paye les infrastructures qui permettent à internet de vous relier si ce n'est l'Etat, donc le contribuable", alors que les grands groupes "gagnent beaucoup d'argent sur le marché français, tant mieux pour eux, mais ils ne payent pas un centime d'impôt à la France".
"Ce n'est pas une économie culturelle ça !"
Yann Le Guernigou, édité par Gilles Trequesser