« Les Fablabs remettent l'employé au centre de la stratégie d'innovation », Bertrand Marquet, cofondateur du Garage d'Alcatel-Lucent
Pour Bertrand Marquet, cofondateur du Garage, le fablab d'Alcatel-Lucent, les fablabs sont une brique majeure de la stratégie d'innovation des entreprises. Pour lui, ces structures incarnent l'innovation participative en plein développement.
« Les entreprises qui réussissent aujourd'hui sont celles qui mettent le client au centre de leurs stratégies. Demain, les entreprises qui réussiront sont celles qui mettront aussi l’employé au centre de la stratégie d’innovation. Le “fablab interne” ou “Corporate Garage” (comme défini par Harvard Business Review) reprend les valeurs des fablabs pour les transposer en fondements d'une telle stratégie d’innovation : la motivation intrinsèque, la collaboration et le partage, la bienveillance, l'agilité, la culture de l’échec, la frugalité et l’inattendu.
La tentation est grande d’imposer des objectifs de ROI à de telles structures, mais ce serait contre-productif. D’une part, elles doivent fonctionner avec des budgets restreints en mode frugal et itératif, inspiré par le “lean start-up”; d’autre part, il faut encourager la créativité par le lâcher-prise et la confiance, et non par le contrôle et la recherche d’une rentabilité à tout prix. On parle d’intelligence collective, d’innovation participative ou improvisationnelle. Plus on va permettre l’engagement collectif et libre de talents différents quels que soient leur fonction, leur niveau d’étude et même leur rémunération, plus on va créer la confiance, plus on va engendrer la productivité et l’innovation.
Faire plus avec moins
Chez Alcatel-Lucent, nous avons créé notre fablab avec le constat suivant : l'innovation n'est pas réservée à une poignée d'experts. Nous voulions vraiment créer un lieu pour favoriser l'innovation des employés. C'est-à-dire vraiment capter les idées, même les plus folles, qui pourraient émerger et se concrétiser. De plus, aucun projet n'est filtré. Nous aidons les personnes à prototyper leurs idées avec le pari que certaines des connaissances qu'ils ont apprises ou des prototypes qui seront développés pourront dans un second temps, peut-être, impacter la compagnie.
Il y a une autre dimension qui est intéressante, c'est l'aspect frugalité. Faire plus avec moins. Une dimension qui nous vient des pays en développement, qui nous réapprennent à innover. Plutôt que d'investir plusieurs centaines de milliers d'euros dans un prototype où on doit tout faire du premier coup, on prône l'itération rapide avec peu de moyens. Même si on fait un premier proto de bric et de broc avec des bouts de cartons, au moins ça va le rendre tangible et on va le mesurer au fur et à mesure. Plutôt que de faire comme on a l'habitude dans les grands groupes, à savoir investir massivement dans la R&D où il y a des gens qui pensent au produit et d'autres qui font, il s'agit de mélanger les deux. Les gens qui vont penser le font alors... en carton, en Lego etc. Ensuite, si ça fonctionne, là on pourra le réinjecter avec plus de moyens dans de la R&D classique ! »