[Les experts de l'usine] PDG, DAF ou DSI : en matière d’investissements informatiques, qui a le dernier mot ?
Au sein des équipes de direction, si tout le monde s'accorde sur la nécessité d'investir dans la transformation numérique, des nuances peuvent apparaître sur les montants et les priorités d'investissement. Qui est le meilleur pour trancher ? Hugues Heuzé, country manager France de Pure Storage, donne des éléments de réponse dans cette tribune.
Lorsque la pandémie de Covid-19 a frappé en mars 2020, la plupart des entreprises ont réagi de façon rapide et décisive. Contraintes de fermer leurs portes et de recourir au télétravail massif, les entreprises ont vu la pression s’intensifier autour de l’accélération de leurs initiatives de transformation numérique, avec une part significative des budgets IT mobilisée pour les projets urgents et à court terme. Les dirigeants d’entreprises ont compris à l’unanimité qu’ils devaient assumer la lourde responsabilité d’assurer la continuité des opérations et de protéger leur organisation des perturbations physiques et financières. Dans nombre de cas, les investissements stratégiques à plus long terme ont été mis en suspens.
Mais pour la plupart des entreprises, ce premier élan de cohésion au sommet de la hiérarchie a rapidement cédé le pas à un véritable bras de fer opposant PDG, directeur financier et directeur informatique. Car si le premier aspire en priorité à ramener l’entreprise sur la voie de la croissance, le second, plus prudent, cherche à préserver les ressources budgétaires et à freiner les investissements qui impliquent de lourdes dépenses en capital. Quant au directeur informatique, il entrevoit d’intéressantes opportunités de dépenses technologiques à long terme.
Et à l’heure où l’incertitude règne et où tant d’entreprises subissent d’énormes contraintes, c’est finalement l’approche prudente du directeur financier qui, dans la majorité des cas, a eu gain de cause au point de dominer le calendrier des dépenses informatiques. Pourtant, en ce début d’année 2022, on observe un véritable changement de cap.
Bras de fer autour des priorités d’investissement
Malgré certaines réserves engendrées par l’émergence de nouveaux variants de Covid-19, le monde des affaires évolue dans une tendance nettement plus positive. Les équipes de direction cherchent à développer la flexibilité de leur infrastructure IT afin d’être en mesure de réagir plus rapidement aux nouvelles opportunités qui se présentent et de prendre une longueur d’avance sur la concurrence sans être freinés par des systèmes obsolètes. La pression qui pèse sur les équipes de direction s’oriente désormais davantage sur la quête d’agilité, aussi bien pour l’infrastructure sur laquelle repose l’ensemble de l’entreprise que pour la capacité à exploiter les données afin d’obtenir des informations stratégiques et de renforcer la business intelligence. Selon une étude réalisée par Insight Avenue, 83 % des répondants déclarent qu’une telle approche est indispensable pour améliorer l’innovation et dynamiser la croissance.
Aujourd’hui, le rapport de force qui se joue entre le PDG et le directeur financier prend une tournure bien plus nuancée : les perspectives de croissance défendues par le PDG orientent désormais toutes les discussions. L’importance du rôle que joue le DSI est aussi mieux comprise et respectée. Et pour cause : en période de pandémie, les entreprises ont pu se fier à ses précieuses connaissances pour se maintenir sur les rails. Les DSI eux-mêmes s’estiment mieux armés pour apporter aux autres administrateurs des conseils sur les investissements technologiques qui guideront l’entreprise à mesure qu’elle atteindra la maturité et poursuivra sa croissance.
Selon une récente étude d’ESG intitulée 2022 Technology Spending Intentions Survey, les investissements IT seraient avant tout motivés par la volonté de renforcer la cybersécurité (38 %), d’améliorer l’analytique pour accélérer la business intelligence et accéder en temps réel à des informations stratégiques sur le client (33 %), et d’améliorer l’expérience utilisateur (30 %). Ces réponses montrent bien à quel point il est important de faire le bon choix en matière d’investissement informatique. Une mauvaise décision pourrait avoir des conséquences désastreuses en cas d’attaque de ransomware, qui se traduiraient par une incapacité à répondre aux besoins clients et à tirer le meilleur parti des données de l’entreprise. L’étude révèle également l’importance d’améliorer l’expérience client, qui a des conséquences directes sur les investissements et les projets qui contribuent à la croissance d'une entreprise.
Investir dans l’IT pour dynamiser la croissance
Fermement résolues à poursuivre sur leur dynamique, les entreprises ont besoin d’une infrastructure IT qui soit à la fois fiable et capable d’évoluer rapidement. Mais du point de vue des dirigeants d’entreprise, l’important n’est pas tant la technologie elle-même que ce qu’elle permet de produire.
Les bons investissements technologiques sont ceux qui contribuent à dynamiser une entreprise. Les responsables métier et IT exigent de leur infrastructure informatique qu’elle produise de meilleurs résultats, plus rapidement et avec un maximum de transparence. Ils ne veulent pas avoir à se soucier de l’infrastructure ou du matériel nécessaire pour y parvenir : ils cherchent simplement à atteindre la finalité qui guidera l’entreprise sur la voie de la croissance.
Entre-temps, le choix d’investir dans des modèles d’abonnement et as-a-service permet de combler le besoin de stabilité financière exprimé par les directeurs financiers. Ces modèles les aident à mieux prédire leurs dépenses dans la mesure où ils reposent sur des paiements échelonnés et leur évitent donc de lourdes dépenses initiales.
Cultiver l’esprit « investir pour croître »
L’infrastructure peut faire obstacle à la vision des équipes de direction. Pour atteindre les objectifs d’agilité, d’approche client et d’innovation que les entreprises disent privilégier, les responsables IT ont besoin d’une technologie moderne qui repose sur un modèle cloud et qu’ils peuvent consommer de manière flexible, en ajoutant ou retirant des solutions selon leurs besoins. Cette approche leur confère une liberté qui leur permet de dégager davantage de temps et de ressources pour investir dans la croissance.
L’année 2022 sera marquée par une forte volonté de sortir du « mode survie » pour se plonger dans une véritable renaissance. Les entreprises seront amenées à prendre davantage de recul vis-à-vis des hésitations exprimées par leurs directeurs financiers et à faire de plus en plus confiance aux choix stratégiques de leurs directeurs informatiques pour soutenir les plans de croissance du PDG. Le vieil adage « Il faut dépenser de l’argent pour faire de l’argent » prend aujourd’hui tout son sens.
Hugues Heuzé, country manager France, Pure Storage
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