"Les entreprises ont l’impression d’être des fantassins sur qui l’Etat-major tire dans le dos", assure Pierre Gattaz
Face aux différents mouvements de protestation qui enflamment le pays, le président du Medef voudrait éviter que cette colère ne profite aux extrêmes.
C’était le mot du jour du président du Medef, répété à de multiples reprises, lors de sa rencontre avec l’Association des journalistes de l’information sociale (AJIS), ce mercredi 13 novembre au matin : "nervosité". Pierre Gattaz la ressent très fortement chez les chefs d’entreprise, parle de leurs trois "angoisses" : faiblesse des carnets de commande, faiblesse de la rentabilité, "marqueurs anti-entreprise" qui apparaissent, selon lui, chaque semaine dans les projets de loi. "Les déclarations de François Hollande sont bonnes, sur l’emploi et la création de compétitivité, déclare le président de l’organisation patronale, mais ce beau discours est contrecarré, une ou deux fois par semaine, par des coups de couteau dans le dos."
Pierre Gattaz cite en vrac les sujets qui fâchent les patrons : le "retour" de la pénibilité par la loi sur les retraites, les articles 11 et 12 de la loi Hamon sur l’information des salariés en cas de cession d’entreprise, le retour de la clause de désignation des complémentaires santé, la réforme de l’Inspection du travail… "Nous avons l’impression d’être des fantassins et que l’État-major nous tire dans le dos", conclut-il sur ce chapitre.
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Abeilles et vaches à lait
Une nervosité, voire une souffrance, qui se transforme maintenant en colère ou en résignation, "ce qui n’est guère mieux". Selon lui, "il est urgent que le gouvernement (en) prenne la mesure" et réagisse, notamment en baissant le coût du travail, la pression fiscale, les dépenses publiques.
La montée de mouvements de protestation qui échappent au Medef - pigeons pour commencer, puis bonnets rouges, abeilles, artisans sacrifiés - ne rassure par son président. "Si le gouvernement ne répond pas, il y aura d’autres mouvements comme les tondus ! Les entreprises ont l’impression de ne pas être entendues, elles ne sont pas des vaches à lait à traire et ne peuvent pas endurer ces hausses fiscales parce que nous ne faisons pas les réformes que les autres pays ont faites".
Interrogé sur la montée du vote Front national que pourraient entraîner ces mouvements, il dit vouloir "éviter ça à tout prix", et espère "canaliser cette colère". Pour y parvenir, "encore faut-il que le gouvernement nous écoute…" estime le nouveau président du Medef.
Cécile Maillard
Difficiles négociations sur la formation
Alors que les partenaires sociaux sont en pleines négociations sur la formation professionnelle, Jean-François Pilliard, vice-président du Medef, en charge du social, a réaffirmé la volonté du Medef d’aboutir à une véritable réforme « tournée vers les entreprises et les demandeurs d’emploi ». « Si on n’aboutit qu’à un compromis mou, comme lors des autres réformes, nous ne signerons pas », affirme-t-il. Il dit avoir vécu les négociations de la réforme de la formation de 2009 comme un « calvaire ». « On était dans des logiques d’appareil. On ne va pas recommencer. » Fait rare dans l’histoire patronale, Medef et CGPME sont en désaccord sur un des points primordiaux de la réforme, touchant au financement de la formation. « Je ne vois pas comment une organisation patronale peut durablement être en opposition avec des propositions qui passent d’une logique de coût de la formation à une logique d’investissement, et qui permettent à plus de salariés, notamment dans les petites entreprises, d’accéder à plus de formations. » Il dit préférer un accord sur une réforme profonde, mais avec moins de signataires, à un texte consensuel. Faute d’accord, le Medef « laissera la main au législateur » affirme Jean-François Pilliard. Rendez-vous le 21 novembre pour une séance de négociation importante.
"Les entreprises ont l’impression d’être des fantassins sur qui l’Etat-major tire dans le dos", assure Pierre Gattaz
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