«Les entreprises de la défense doivent prendre davantage de risques», juge Sébastien Lecornu, ministre des Armées
Pour reconstituer les stocks d’armement, le ministre des Armées Sébastien Lecornu appelle, dans un entretien exclusif accordé à L'Usine Nouvelle, les industriels à produire plus et plus vite. Il regrette une absence de prise de risque et d’anticipation notamment pour saisir les opportunités à l’export ou développer de nouveaux produits.
L’Usine Nouvelle. - Depuis septembre 2022, vous réunissez régulièrement les grands acteurs industriels de la défense dans le cadre de l’économie de guerre. Dans quel but?
Sébastien Lecornu. - Si on ne veut pas être condamné à acheter à Moscou, à Washington, ou encore à Pékin, il faut développer et consolider notre base industrielle et technologique de défense [BITD, ndlr], autonome et souveraine. C’est un effort permanent que de garder une BITD que je qualifierai «d’athlétique». Parfois il faut la protéger, parfois la stimuler. Et aussi la mettre sous tension… avec bienveillance. Aujourd’hui nos industriels doivent réapprendre à livrer vite, après trente années où les commandes étaient retardées.
Mettre sous tension les industriels, de quelle manière?
On ne peut plus faire comme avant. Il faut tirer les enseignements de la guerre en Ukraine. Les dépendances critiques vis-à-vis de l’extérieur ne sont par exemple plus acceptables. Le président de la République a fait de notre souveraineté un axe fort de notre politique depuis 2017. La crise du Covid a néanmoins entraîné une prise de conscience supplémentaire quant à la dépendance de certaines de nos chaînes d’approvisionnement. Des équipements aussi clés que les corps de bombe ou la poudre pour les obus de gros calibres nous étaient parfois fournis par des pays hors Union européenne! Désormais, ce n’est plus acceptable.
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